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Première danseuse de breakdance aux JO d’Afghanistan rêve en grand
Lorsque Manizha Talash a vu une vidéo d’un breakdancer afghan sur les réseaux sociaux en 2020, elle n’y croyait pas au début. Cependant, ce moment a fini par changer sa vie, ouvrant de nouvelles possibilités et des rêves pour cette jeune fille de 17 ans vivant à Kaboul.
Trois mois plus tard, Talash a eu le courage de se rendre au gymnase où s’entraînaient les breakdancers, connus sous le nom de Superiors Crew, espérant apprendre du danseur qu’elle avait vu tourner sur sa tête dans la vidéo.
Une voie difficile vers la danse
« Il y avait 55 garçons, et je n’étais qu’une fille, » explique Talash. Au départ, elle était hésitante à faire autre chose que regarder les danseurs, mais au fil du temps, en découvrant la communauté de breaking, ses préoccupations se sont évaporées, tout comme sa détermination à pratiquer ce sport a considérablement augmenté.
« Dans cette salle de gym, le genre n’avait pas d’importance, » se souvient-elle avec affection des Superiors Crew. « À l’école ou dans ma famille, ils me disaient toujours : ‘Tu es une fille. Tu ne peux pas faire cela, ou ce sport, ou ce métier. » avec une confiance remarquable en espagnol parfaitement maîtrisé, une langue qu’elle a apprise après avoir trouvé refuge en Espagne en 2021. « Mais dans cette salle, ils m’ont toujours dit : ‘Tu peux le faire. Ce n’est pas impossible. C’est difficile, mais ce n’est pas impossible.' »
De bénévole à star du breakdance
Désormais âgée de 21 ans, elle se prépare à concourir aux Jeux olympiques de Paris, créditant la communauté soudée de breakdancers de Kaboul de l’avoir aidée à atteindre cet objectif. Manizha Talash pratique le breakdance en vue des Jeux Olympiques de Paris 2024, où ce sport fera ses débuts olympiques. Son entraîneur, David Vento, la guide alors qu’elle travaille pour perfectionner son art.
Mais le chemin vers les Jeux n’a pas été facile. Le gymnase de breaking à Kaboul a été attaqué à plusieurs reprises, dans un pays en proie à des bouleversements politiques et culturels, où le rôle des femmes en public attire une attention particulière. Une voiture piégée a explosé près de l’endroit, et dans un autre cas, la police a arrêté un potentiel kamikaze. Les danseurs ont finalement été contraints de fermer leur club en raison de préoccupations sécuritaires.
Menaces et défis renouvelés
En tant que breakdancer, Talash a également commencé à recevoir des menaces de mort. C’est à ce moment qu’elle a décidé de changer de nom. « Talash », qu’elle a adopté, est un mot persan qui signifie « lutte » — pour protéger ses proches de tout danger potentiel. « J’avais seulement peur pour ma famille, » a-t-elle calmement expliqué, affirmant que les menaces de mort ne l’empêcheraient pas de réaliser ses rêves.
En 2021, la situation s’est aggravée lorsque les talibans ont repris le contrôle de l’Afghanistan, introduisant un nouvel ensemble de répressions sur les droits des femmes. Fuyant vers le Pakistan avec son frère de 12 ans, elle a dû naviguer dans des épreuves sans précédent, se retrouvant sans passeport et séparée de sa mère.
Un avenir prometteur
Après avoir obtenu l’asile en Espagne, Talash a continué à danser sporadiquement tout en s’adaptant à sa nouvelle vie. Ses amis ont joué un rôle crucial en lui redonnant espoir, partageant son histoire dans le but d’attirer l’attention des organisateurs sportifs. Leur effort a porté ses fruits, permettant à Talash de rejoindre l’équipe olympique des réfugiés, créée pour permettre aux athlètes réfugiés de concourir.
Elle s’apprête à faire l’histoire en représentant l’équipe olympique des réfugiés sous le nom de « B-girl Talash ». Son parcours de résilience a captivé l’attention du comité exécutif du CIO, lui permettant de se lancer dans un programme d’entraînement intensif en vue des Jeux Olympiques.
Espoir et inspiration pour les femmes afghanes
Pour Talash, participer aux Jeux Olympiques est déjà une immense victoire. Sur le terrain, elle n’affronte pas seulement des concurrentes de haut niveau, mais représente aussi les rêves et les voix des femmes en Afghanistan. « Je suis là, ce n’est pas parce que j’ai peur des talibans, c’est à propos de mon rêve. Je veux faire quelque chose pour les filles afghanes, » déclare-t-elle avec détermination.
Son passage aux JO pourrait également marquer le début d’une carrière visant à lancer une ligne de vêtements inspirée de son pays d’origine, tout en soutenant les femmes qui ne peuvent pas travailler. « Si vous ne pouvez pas travailler à l’extérieur, vous pouvez travailler à la maison. J’ai beaucoup de projets pour les filles en Afghanistan, » souligne-t-elle.
Avec des aspirations d’un avenir meilleur pour son pays, Talash conserve l’espoir de revenir un jour et de concourir pour l’Afghanistan. « Je pense que l’avenir de l’Afghanistan peut aussi ressembler à celui des autres pays, » conclut-elle.
Rester en tête des esprits
Talash appelle à ne pas oublier les filles en Afghanistan, affirmant que sa participation aux Jeux démontre le courage des jeunes femmes afghanes. « Cela signifie que tout le monde peut réaliser ses rêves, même s’ils se trouvent dans une cage, » dit-elle avec passion.