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Procès des viols de Mazan : un combat pour la sororité

by Sara
France

Le procès des viols de Mazan a mis en lumière un combat pour la sororité, où les femmes s’unissent pour soutenir les victimes de violences sexuelles. Ce procès, marqué par des émotions fortes et des témoignages bouleversants, illustre une prise de conscience collective face à ces crimes.

Les sons du procès : un écho des souffrances

«Du procès, il me restera les sons. Les rires des accusés, cette voix étouffée sous un masque me menaçant dès mes premiers pas à Avignon, la sonnerie stridente marquant le début de l’audience, les ronflements de Gisèle Pelicot sur les vidéos, sa respiration étouffée, les chuchotements glaçants de Dominique Pelicot. Des sons qui hantent, tourmentent et dont il est impossible de se protéger, tant ils franchissent avec aisance la protection des paupières closes.

Mais il me restera aussi ceux qui apaisent, galvanisent. Deuxième semaine du procès, une tempête d’applaudissements résonne dans la salle des pas perdus. De plus en plus nombreux, le public forme une haie d’honneur anarchique. Ces battements de mains cadencent les pas de Gisèle Pelicot. Ils remplissent la pièce, rompant avec la retenue habituellement de mise dans un tribunal.

Ces ovations, les chants féministes entonnés sous les remparts, m’ancrent de nouveau dans le temps et l’espace. Mes frontières étaient devenues floues. A la rédaction, on m’interrogeait souvent : « Tu retournes à Mazan ? » Dans ce village, je n’y ai pourtant jamais mis les pieds. Les regards doux, paroles réconfortantes, accompagnant ces acclamations m’extirpent de cette sensation d’y être bloquée.

Un monde de sororité contre les violences sexuelles

Surtout, cette sororité internationale ouvre une voie : celle d’un monde où les violences sexuelles seraient combattues ardemment. Un monde où les victimes, quelles qu’elles soient, ne seraient jamais seules. Le temps d’une respiration, je me surprends à fantasmer un sursaut citoyen durable pour ces anonymes, ces oubliées. Ces milliers de victimes s’avançant à la barre seules, en tête à tête face à leurs bourreaux, sans haie d’honneur, sans applaudissement, accompagnées de leur seule peur.

Le café de la Brasserie : témoin des débats

«J’ai poussé la porte du bar la Brasserie au premier jour du procès. Le petit café, situé tout proche du palais de justice, était déjà animé par des confrères. Ce lieu est devenu mon café du bouclage, où toute une planète médiatique se retrouve après chaque audience. Le moment où l’on doit résumer une journée de débats qui pourrait faire un livre, où il faut sortir son cerveau de la maison des horreurs pour se concentrer sur l’imprimerie.

Youssef, le patron de la brasserie, a retenu nos prénoms. Il dit que le procès l’a changé. Il a manifesté avec les collectifs féministes. Dans le fracas du procès des viols de Mazan, où l’on pourrait perdre l’humanité de vue, ces détails comptent.

La diffusion des images : un acte de bravoure

«J’ai beau fermer les yeux, convoquer mes souvenirs, j’ai presque tout oublié de cette journée du 19 septembre. C’était la première fois que la cour criminelle du Vaucluse a diffusé les images d’un viol infligé à Gisèle Pelicot. J’ai vu un homme, sa silhouette ronde et nue, se pencher sur le corps d’une femme inerte, et rester là, longtemps, beaucoup trop longtemps.

J’ai écrit mon article en m’accrochant de toutes mes forces à mon métier de journaliste. Et au courage de Gisèle Pelicot, qui, en acceptant la diffusion publique de ces images, a donné à ce procès une dimension jamais égalée. Un peu comme si elle disait : ça suffit, regardez. Ne détournez plus le regard.

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