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Le class action autour du glyphosate continue de faire la une de l’actualité en raison des controverses judiciaires entourant ce puissant herbicide. Une famille française, celle des parents de Théo Grataloup, a récemment essuyé une défaite devant le tribunal de Vienne (Isère) dans un procès visant à établir un lien entre l’exposition au glyphosate et ses malformations congénitales. L’affaire, suivie de près par les défenseurs de la santé publique et de l’environnement, illustre la complexité de faire reconnaître la responsabilité des industriels dans la pathologie de victimes potentielles.
Le contexte du procès
Théo, né en 2007 avec de graves malformations, notamment une œsophage et une trachée non séparés, a subi 55 opérations tout au long de sa vie pour pouvoir manger, respirer et parler. Sa famille croyait à un lien de causalité avec l’exposition au glyphosate, un herbicide classé comme cancérogène probable par l’OMS depuis 2015, et utilisé à grande échelle dans le monde, notamment par Monsanto, avant d’être racheté par Bayer en 2018. La mère de Théo, Sabine Grataloup, avait assuré que l’utilisation du désherbant Glyper, un produit générique de Roundup, durant sa grossesse en août 2006, était à l’origine des anomalies.
Les arguments et le verdict
Lors de l’audience du 3 avril, la famille a tenté de prouver que le glyphosate avait été utilisé à proximité de la grossesse, mais le tribunal de Vienne a jugé ses preuves insuffisantes. En effet, aucune facture ou preuve tangible attestant de l’achat du Glyper par la mère de Théo n’a été produite, et les éléments photographiques ont été considérés comme non concluants. La justice a déclaré que la famille n’avait pas démontré avec un degré de certitude requis que le produit incriminé était bien utilisé durant cette période. Par conséquent, la demande d’indemnisation a été rejetée, et le tribunal a considéré que le lien de causalité n’était pas suffisamment établi pour engager la responsabilité de Bayer-Monsanto.
Malgré cette décision, la famille a annoncé faire appel, estimant que la décision cache des difficultés probatoires liées à la traçabilité des produits chimiques utilisés deux décennies plus tôt. Les avocats de la famille ont souligné que Bayer, en tant que fabricant, était reconnu comme fournisseur du glyphosate, mais que les preuves d’utilisation concrète restent difficiles à établir sans facture ou document officiel.
Implications et controverses
Le débat autour du glyphosate ne se limite pas à cette affaire. La justice internationale a déjà confirmé des risques liés à ce produit, et plusieurs centaines de litiges similaires sont en cours, notamment aux États-Unis où Bayer doit faire face à des dommages financiers colossaux en raison des risques présumés de cancer. La France a interdit l’usage domestique du glyphosate depuis 2018, mais sa commercialisation à l’échelle mondiale continue de susciter la polémique. Les autorités sanitaires continuent de défendre la sécurité du produit dans un contexte scientifique où plusieurs études dénoncent ses effets potentiellement nocifs, notamment en matière de reproduction et de développement chez l’humain.
Les enjeux de cette affaire dépassent le cadre judiciaire, car ils soulèvent également des questions éthiques sur la responsabilité des multinationales de l’agrochimie et la nécessité d’une réglementation plus stricte face aux risques sanitaires liés aux pesticides. En attendant, la famille de Théo continue de dénoncer les insuffisances du système et attend de nouvelles décisions en appel.