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À l’hôpital de Quimperlé, dans le Finistère, une cohabitation discrète entre un anesthésiste et un chirurgien viscéral a longtemps caché une réalité alarmante. Dans le cadre du procès très médiatisé du Dr Joël Le Scouarnec, des révélations viennent mettre en lumière des alertes ignorées malgré les agissements graves reprochés au chirurgien.
Une proximité silencieuse à l’hôpital de Quimperlé
Au début des années 2000, Samia Hadjem, anesthésiste, partageait un étage avec Joël Le Scouarnec, chirurgien viscéral, dans un bâtiment réservé aux soignants de garde. Leurs chambres étaient voisines, mais leurs comportements divergeaient nettement. Tandis que Samia Hadjem menait une vie professionnelle et sociale courante, Le Scouarnec restait taciturne, sans visiteurs ni participation aux événements organisés par les internes. La seule trace audible de sa présence était sa voix, chantant des hymnes bretons, un détail qui contraste avec l’opacité de ses actions.
« Au bloc opératoire, on partageait les mêmes patients », témoigne aujourd’hui l’anesthésiste. Cette proximité professionnelle n’a pourtant pas permis de détecter les comportements déviants du chirurgien à cette époque.
Un procès historique à Vannes
Vingt ans plus tard, le même duo se retrouve devant la cour criminelle de Vannes. Samia Hadjem, âgée de 55 ans, témoigne à la barre, tandis que Joël Le Scouarnec, 74 ans, est jugé pour des faits de viols et agressions sexuelles sur 299 victimes, dont l’immense majorité est mineure. Depuis le 24 février, ce procès révèle l’ampleur d’une série de crimes sexuels commis pendant des décennies, avec une violence et une constance choquantes.
Malgré cette gravité, Samia Hadjem assure n’avoir rien vu ni su de ces actes pendant leur cohabitation à Quimperlé.
Des alertes ignorées depuis deux décennies
Lorsqu’il a été embauché à l’hôpital de Quimperlé en 2004, Joël Le Scouarnec avait déjà un lourd passé. En effet, il avait perpétré plus de 200 crimes sexuels sur des patients dans deux cliniques précédentes, en Indre-et-Loire à Loches, puis à Vannes. Pourtant, aucune plainte officielle n’avait été enregistrée ni par les patients, ni par les collègues. Aucune rumeur ne circulait sur ses méfaits, et personne ne l’avait surpris en flagrant délit, à l’exception d’une seule mère de famille.
Cette dernière avait exprimé son inquiétude en demandant au chirurgien de ne plus fréquenter la chambre de sa fille. Le Scouarnec avait apaisé ses craintes en évoquant des « gestes médicaux » justifiant sa présence répétée.