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Pussy Riot déclarée « organisation extrémiste » par une cour russe

par Sara
Russie, Ukraine

Une cour de district de Moscou a qualifié le groupe punk et collectif de protestation Pussy Riot « organisation extrémiste », a annoncé lundi la justice russe, décision prise à la suite d’une plainte du bureau du procureur général. Les avocats du groupe, aujourd’hui vivant en exil, ont indiqué qu’ils allaient interjeter appel, tandis que l’audience s’est tenue à huis clos à la demande du parquet.

Décision et réaction du groupe

Le tribunal a confirmé les conclusions du parquet visant à reconnaître Pussy Riot comme organisation extrémiste et à interdire ses activités sur le territoire russe. En réaction, un compte officiel du collectif a publié un communiqué ferme, déclarant que ses membres « sont plus libres que ceux qui tentent de nous faire taire ». Le groupe a également dénoncé le climat répressif en Russie en affirmant en substance qu’exprimer la vérité y était désormais considéré comme de l’extrémisme.

Dans son message, le collectif n’a pas hésité à critiquer directement Vladimir Poutine, qualifiant le président russe d’« un sociopathe vieillissant qui répand son venin à travers le monde comme un cancer ». Les membres ont ajouté qu’ils acceptaient d’être considérés comme « des extrémistes fiers » si tel était le prix à payer pour dire ce qu’ils pensent.

Portée juridique et menaces pour les soutiens

Cette qualification d’« organisation extrémiste » élargit les possibilités d’intervention des autorités contre les personnes qui soutiennent Pussy Riot ou ont collaboré avec elles. Le collectif a averti que l’ordonnance judiciaire visait à « effacer » son existence de la mémoire publique et qu’à présent des actes symboliques — posséder une cagoule, avoir une chanson du groupe sur son ordinateur ou aimer une publication — pourraient exposer à des poursuites pénales.

Antécédents judiciaires et contexte

Le parquet a motivé sa plainte en se référant notamment aux actions passées du groupe, dont la protestation en février 2012 dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou et une performance lors de la finale de la Coupe du monde 2018. En 2012, plusieurs membres avaient été condamnés pour hooliganisme après ce que le collectif avait qualifié de « prière punk » intitulée « Mère de Dieu, chasse Poutine ! ».

Parmi les figures connues du groupe, Nadezhda Tolokonnikova et Maria Alyokhina ont été condamnées à deux ans de détention en 2012 puis libérées dans le cadre d’une amnistie en 2013. Plus récemment, en septembre, un tribunal russe a infligé des peines de prison à cinq personnes liées à Pussy Riot — Maria Alyokhina, Taso Pletner, Olga Borisova, Diana Burkot et Alina Petrova — pour « diffusion de fausses informations » sur l’armée, des accusations que les intéressées jugent politiquement motivées.

Médias indépendants et mémoire des pertes

Maria Alyokhina est par ailleurs cofondatrice du média indépendant Mediazona. Ce média poursuit son travail de documentation et affirme maintenir une liste vérifiée des victimes militaires liées au conflit de la Russie en Ukraine, comptabilisant selon lui plus de 153 000 noms, étayés par des preuves et des documentations.

Enjeux et perspectives

À court terme, la décision de la cour rendra plus aisée la répression des sympathisants et des collaborateurs restés en Russie, alors que la plupart des membres du collectif se trouvent à l’étranger. À plus long terme, cette mesure s’inscrit dans un contexte plus large de restriction de l’espace public et de la liberté d’expression en Russie.

Le recours annoncé par Pussy Riot devra désormais être examiné par les juridictions compétentes, mais il est déjà clair que la qualification d’« extrémisme » transforme profondément le paysage juridique et symbolique entourant le groupe.

source:https://www.aljazeera.com/news/2025/12/16/russian-court-designates-punk-band-pussy-riot-as-extremist-group

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