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L’économie mondiale est suspendue à l’approche de la date limite fixée au 9 juillet par le président américain Donald Trump. Celui-ci exige que des dizaines de pays concluent des accords commerciaux, sous peine de devoir faire face à une forte augmentation des tarifs douaniers.
Ce délai intervient après que Trump ait annoncé, en avril, une pause de 90 jours sur ses tarifs les plus élevés, déclenchée par la panique des marchés suite à ses plans baptisés « Liberation Day ».
Avec plusieurs milliards de dollars de commerce mondial en jeu, les partenaires commerciaux des États-Unis se précipitent pour négocier des accords, dans un contexte d’incertitude persistante quant aux prochaines décisions de l’administration Trump.
Que se passera-t-il après le 9 juillet ?
L’administration Trump a indiqué que les pays qui ne concluraient pas d’accords feraient face à des hausses de tarifs. Pourtant, de nombreuses questions demeurent quant aux pays concernés et au degré de ces hausses.
- Dimanche, Trump a annoncé qu’il commencerait à envoyer des lettres cette semaine précisant les nouveaux taux tarifaires, tout en affirmant avoir finalisé plusieurs nouveaux accords commerciaux.
- Il a assuré aux journalistes qu’il enverrait une lettre ou conclurait un accord pour « la plupart des pays » d’ici mercredi, sans nommer lesquels.
- Scott Bessent, secrétaire au Trésor américain, a précisé dans une interview à CNN que les pays sans accord s’exposeraient à des tarifs plus élevés dès le 1er août.
- Il a rejeté l’idée d’un report de la date limite et confirmé que les tarifs reviendraient aux niveaux annoncés initialement le 2 avril.
Cependant, Trump a laissé entendre vendredi que certains tarifs pourraient atteindre 70 %, dépassant le plafond de 50 % annoncé dans son plan « Liberation Day ».
Dimanche, il a menacé d’imposer un tarif supplémentaire de 10 % aux pays soutenant les « politiques anti-américaines » des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), sans aucune exception.
« Il devient difficile de prévoir ce qui va se passer », commente Deborah Elms, directrice de la politique commerciale à la Hinrich Foundation de Singapour, soulignant les informations contradictoires provenant de la Maison-Blanche.
Elle explique que l’absence d’accords annoncés d’ici le 9 juillet pousse les États-Unis à menacer de nouveaux tarifs élevés tout en évoquant la possibilité d’accorder des délais supplémentaires si les offres sont jugées attrayantes.
Quels pays ont conclu des accords commerciaux avec les États-Unis ?
À ce jour, seuls la Chine, le Royaume-Uni et le Vietnam ont officialisé des accords. Ces derniers ont réduit les tarifs imposés par Trump sans les supprimer complètement :
- Pour la Chine, les tarifs sur les produits chinois sont passés de 145 % à 30 %, tandis que ceux sur les exportations américaines sont passés de 125 % à 10 %.
- Le Royaume-Uni conserve un tarif de 10 %.
- Le Vietnam voit son tarif de 46 % remplacé par un taux de 20 % pour ses exportations, avec un tarif de 40 % appliqué au « transbordement ».
Cependant, ces accords ne font que suspendre les tarifs élevés pendant 90 jours et laissent plusieurs points en suspens.
D’autres partenaires clés comme l’Union européenne, le Canada, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud ont confirmé que des négociations sont en cours.
Les responsables américains ciblent principalement une douzaine de pays qui représentent la majeure partie du déficit commercial américain.
Selon le Washington Post, l’UE négocie un accord « de base » pour différer les différends les plus litigieux avant la date limite et éviter ainsi des tarifs pouvant aller jusqu’à 50 %.
De son côté, l’Inde espère finaliser un « mini-accord commercial » sous 24 à 48 heures avec un tarif moyen d’environ 10 %, selon CNBC-TV18.
Andrew K. McAllister, expert en commerce international à Washington, estime que si Trump annoncera quelques petits accords à l’image de ceux avec la Chine, le Vietnam et le Royaume-Uni, la majorité des pays feront face à des hausses tarifaires généralisées.
Selon lui, « les tarifs sont là pour rester » et le niveau des taxes dépendra de l’importance qu’accordent les États-Unis aux barrières tarifaires et non tarifaires en place dans chaque pays.
Quel impact économique pour la guerre commerciale de Trump ?
Les économistes s’accordent à dire que des tarifs élevés et prolongés feraient augmenter les prix et freineraient la croissance tant aux États-Unis qu’à l’échelle mondiale.
En mai, la Banque mondiale et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance mondiale, les réduisant respectivement de 2,8 % à 2,3 % et de 3,3 % à 2,9 %.
La prévision est rendue plus difficile en raison des volte-face répétées de l’administration Trump et de ses messages contradictoires sur les tarifs.
Si les tarifs les plus élevés sont suspendus, une taxe de base de 10 % s’applique désormais à toutes les importations américaines, et les droits sur les exportations chinoises restent à un niveau à deux chiffres.
JP Morgan Research estime qu’un tarif universel de 10 % et une taxe de 110 % sur la Chine réduiraient le PIB mondial de 1 %, tandis qu’un tarif de 60 % sur les marchandises chinoises entraînerait une baisse de 0,7 % du PIB.
Jusqu’à présent, les effets des tarifs restent modérés, mais les analystes préviennent que l’inflation pourrait décoller une fois que les stocks d’inventaire construits en prévision des coûts élevés seront épuisés.
Malgré les craintes de fortes hausses de prix aux États-Unis, l’inflation annuelle est restée modérée à 2,3 % en mai, proche de l’objectif de la Réserve fédérale.
Le marché boursier américain, ayant connu de fortes pertes plus tôt dans l’année, a rebondi à un niveau record. De plus, en juin, l’économie américaine a créé 147 000 emplois, dépassant les attentes.
Cependant, d’autres indicateurs montrent des signes d’inquiétude :
- Les dépenses des consommateurs ont reculé de 0,1 % en mai, la première baisse depuis janvier.
- La banque néerlandaise ING souligne que « le retard dans le niveau des tarifs chinois est probablement arrivé juste à temps pour éviter une menace récessionniste plus grave ».
- Le récent rapport sur l’emploi ne montre pas de dégradation majeure du marché du travail, mais les effets économiques négatifs ont souvent un délai d’apparition.
- Le moral reste fragile, rappellent les experts.