Table of Contents
Alors que la situation en Syrie évolue rapidement avec la chute du régime d’Assad, tous les regards se tournent vers Abu Mohammed al-Jolani, le leader du groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Ce dernier est souvent cité comme l’acteur clé de cette transformation politique. Dans un discours récent à la Grande Mosquée de Damas, il a affirmé que lui et ses partisans avaient « purifié » la Syrie. Qui est vraiment Jolani, né Ahmed al-Sharaa ?
Origines et parcours
Jolani est né à Riyad, en Arabie Saoudite, mais a déménagé en Syrie durant son enfance. Dans sa jeunesse, il s’est engagé dans la lutte en Irak aux côtés d’al-Qaida contre les forces américaines. C’est là qu’il a rencontré Abu Bakr al-Baghdadi, futur chef de l’État Islamique.
Sur ordre de Baghdadi, Jolani a fondé en Syrie le groupe al-Nusra, qui s’est rapidement illustré dans le combat contre le régime Assad. Les actions violentes de ce groupe lui ont valu en 2013 d’être inscrit sur la liste des organisations terroristes par les États-Unis.
Rupture avec al-Qaida et création de HTS
Jolani a rompu avec al-Baghdadi lorsqu’il a été demandé de rejoindre l’État Islamique, de même qu’il a progressivement coupé les ponts avec al-Qaida, préférant se concentrer exclusivement sur la Syrie. Il a renommé son groupe Hayat Tahrir al-Sham, qui signifie « Organisation pour la libération de la Levant ».
Une image à redéfinir
Au fil des années, Jolani a cherché à redorer son blason en se présentant comme un leader modéré. Son premier entretien médiatique en 2013 se faisait avec le visage couvert, tandis qu’en 2021, il s’est exprimé à la télévision américaine PBS avec une apparence plus accessible et moderne.
Il a également tenté de se positionner comme une alternative raisonnable à Assad, affirmant que son organisation ne représentait pas une menace pour l’Occident, mais aspirait à établir une « république islamique en Syrie ». Il a même plaidé pour la tolérance religieuse.
Contradictions et critiques
Malgré ses discours, HTS continue de régner d’une main de fer dans le nord-ouest de la Syrie, s’attirant des accusations de disparitions d’activistes et de répression contre les manifestants. L’organisation reste sur la liste des groupes terroristes de l’ONU, de l’Union européenne et des États-Unis.
Cette situation soulève des questions sur la véritable nature de Jolani : a-t-il réellement modéré ses positions ou reste-t-il un « loup déguisé en mouton » ? Aron Lund, chercheur à Century International, souligne que ces efforts de communication montrent un assouplissement par rapport aux normes strictes d’al-Qaida ou de l’État Islamique.
Un changement de nom symbolique
Lors de son récent discours à Damas, Jolani a abandonné son nom de guerre « Abu Mohammed al-Jolani » pour se présenter sous son nom de naissance, Ahmed al-Sharaa. Ce changement pourrait indiquer une volonté de se dissocier de son passé militant et de se présenter comme un leader plus modéré.
Dans les mois à venir, il sera intéressant de voir si Jolani parviendra à incarner cette image de modération qu’il tente de projeter.