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Ramadan à Gaza : entre tristesse et privations en temps de guerre
Gaza – Malgré le fait que le mois de Ramadan soit déjà entamé, l’habitant Ahmed Hashim ne ressent pas de différence significative par rapport aux jours précédents. Ni l’augmentation des ventes, ni l’ambiance festive qui caractérisait Ramadan avant la guerre ne sont présentes cette année.
Hashim, qui possède un stand de vente d’outils de nettoyage dans la rue Omar Al-Mukhtar au cœur de Gaza, déclare : « Les gens sont tristes ; il n’y a pas de mouvement dans le commerce comme avant. L’atmosphère festive de Ramadan a disparu, et les choses étaient bien mieux auparavant. »
Au cours des années précédant la guerre, les habitants de Gaza accueillaient le Ramadan en décorant les rues avec des lanternes colorées et des croissants de lune, créant ainsi une ambiance festive dans la ville.
Cependant, des centaines de magasins qui approvisionnaient la population ont fermé à cause des destructions, laissant place à des stands improvisés qui se sont multipliés dans toute la ville. Avec la baisse du pouvoir d’achat due aux conditions économiques difficiles, les habitants de Gaza font face à de grands défis pour subvenir à leurs besoins essentiels, en plus des nécessités de Ramadan.
Des biens de consommation devenus des luxes
Abou Wassim, un autre vendeur, partage le sentiment de Hashim sur l’absence d’une ambiance traditionnelle de Ramadan à Gaza. Il possède un stand de vente de nourriture et de douceurs ramadanesques (comme les cornichons, les dattes et le Qamar al-Din) et affirme : « Les prix n’ont pas augmenté pendant le Ramadan, mais les gens n’ont pas d’argent. Ils semblent tristes et inquiets, demandant parfois à acheter pour trois shekels (moins d’un dollar), ce qui est impossible compte tenu des prix. »
Abou Wassim souligne que les aliments généralement prisés pendant le Ramadan sont devenus des luxes en raison de la pauvreté omniprésente.
La situation est similaire pour Ibrahim Hallis, qui vend des décorations de Ramadan et des jouets pour enfants. Il explique que les enfants viennent admirer les lanternes mais ne peuvent pas les acheter. « Avant la guerre, les ventes étaient plus importantes et l’atmosphère plus joyeuse. Maintenant, les gens sont démoralisés et peu achètent des décorations ramadanesques pour leurs enfants, » dit-il.
Une atmosphère de guerre et de stress
Le citoyen Ghassan Al-Shami évoque les conditions difficiles dans lesquelles vivent les habitants de Gaza, qui les privent de la joie de célébrer Ramadan. « Les circonstances sont très difficiles malgré le cessez-le-feu en raison des destructions massives dans toute la bande de Gaza. Les gens tentent de panser leurs blessures et d’enterrer les martyrs retrouvés sous les décombres, » déclare-t-il.
Il ajoute que de nombreuses familles vivent dans des tentes, avec des maisons détruites, des prix exorbitants et des transports difficiles. « Ramadan arrive dans des conditions extrêmement rudes, » conclut-il.
Le lien familial à distance
Hicham Barzaq se déplace à vélo en raison des difficultés de transport. Il explique : « J’avais une voiture, mais je ne peux plus la faire fonctionner à cause du prix exorbitant de l’essence, qui est passé de moins de deux dollars à environ 34 dollars le litre. »
Barzaq partage l’avis de ses concitoyens sur le fait que la situation actuelle à Gaza a privé les habitants de la joie de célébrer Ramadan. Il affirme : « Ce Ramadan est différent des années précédentes. Nous vivons une guerre d’extermination totale, et la coupure des aides et la menace de reprise des hostilités affectent profondément le moral des citoyens. »
Il conclut que les gens n’ont ni abri, ni nourriture, ni boisson, et vivent sans une vie véritable. Il n’exclut pas que les gens puissent garder le contact avec leurs proches par téléphone en raison des difficultés de transport.
Les mosquées comme refuge spirituel
Malgré l’absence des rituels de Ramadan dans de nombreux aspects de la vie, la participation des habitants aux prières dans les mosquées restantes, qui ont survécu aux destructions, est manifeste. Abou Anas Al-Jaroucha, imam de la mosquée Al-Amin dans le quartier de Rimal au sud de Gaza, explique qu’un espace de prière a été établi près des décombres de la mosquée, ouvert une semaine avant Ramadan.
« Nous avons eu la chance d’inaugurer ce lieu de prière grâce à un donateur. Les gens avaient l’habitude de visiter les mosquées en Ramadan pour prier et lire le Coran », ajoute-t-il, notant que l’afflux de fidèles est si important que le lieu ne peut pas accueillir tout le monde lors des prières de Tarawih.
Par ailleurs, Abdul Hadi Al-Agha, représentant du ministère des Awqaf à Gaza, annonce l’ouverture d’environ 400 espaces de prière pour accueillir les fidèles pendant Ramadan, en remplacement des mosquées détruites. Il souligne que plus de 1100 mosquées ont été détruites pendant la guerre, représentant près de 90 % des mosquées de la région.