Le rapport sénatorial publié par Henri Cabanel, sénateur héraultais du groupe RDSE, et ses collègues Sébastien Pla et Daniel Laurent dresse un état des lieux de la viticulture française et propose 23 recommandations pour sortir de la crise. Il est question d’une filière confrontée à une crise structurelle — notamment la chute de la consommation de vin: elle est passée de 135 litres par habitant en 1960 à 41 litres en 2023 — et à des aléas climatiques, avec des épisodes de sécheresse et un déficit hydrique dans plusieurs vignobles. La crise est aussi conjoncturelle, marquée par les tensions avec les grands partenaires internationaux depuis 2020, puis la crise sanitaire et la guerre en Ukraine. Le rapport pointe en outre un manque de stratégie nationale et un affaiblissement de l’image de la France dans le vin à l’échelle mondiale.
Pour remédier à la situation, les auteurs appellent à une meilleure lisibilité du revenu des acteurs et à une plus grande transparence des coûts de production, en ligne avec la loi Egalim. « Comme les coûts et les vins varient selon les appellations et les bassins, il était difficile de fixer des coûts communs. Nous avons donc privilégié des expérimentations ciblées, notamment sur l’IGP Pays d’Oc, afin de s’approcher du juste prix », déclare Cabanel. Le rapport propose aussi le développement de cépages résistants face au dérèglement climatique.
Face à la chute de la consommation, les sénateurs préconisent une simplification de la communication en mutualisant les interprofessions. « Le consommateur s’y perd entre AOC et AOP. Nous proposons de tout regrouper sous une bannière France. Il ne faut pas revenir à la croissance délirante de la consommation, mais stabiliser le marché et s’adapter aux goûts des jeunes, avec des vins plus légers, plus frais et plus désalcoolisés. À l’export, il faut jouer collectif », résume le texte.
Les auteurs plaident aussi pour la fin de l’arrachage à outrance, perçu comme un levier gouvernemental de crise. « Il y avait 850 000 hectares de vignobles il y a 30 ans; aujourd’hui environ 750 000, et demain moins de 700 000 », rappelle Cabanel. Malgré la crise, ils estiment qu’elle finira par rebondir et appellent à préserver une réserve foncière pour planter à l’avenir.
Enfin, le rapport appelle à la création des Assises de la viticulture afin que « tout le monde se parle et que tous les acteurs puissent gagner leur vie ». Il s’agit, selon les auteurs, d’une étape clé pour une stratégie globale qui tienne compte des intérêts des producteurs, des négociants et des consommateurs.