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Trump, Ukraine, guerre, Russie et politique étrangère : en marge de la 80e Assemblée générale de l’ONU le 23 septembre 2025, le président américain Donald Trump a adopté un ton inhabituel en affirmant que l’Ukraine pouvait « regagner son territoire dans sa forme originelle et peut‑être même aller plus loin », provoquant un large questionnement sur la portée réelle de ce revirement.
Trump, Ukraine, guerre : changement de ton à l’ONU le 23 septembre 2025
VÉRITABLE main tendue ou cadeau empoisonné ? À contre‑courant de ses positions des mois précédents, Donald Trump a déclaré mardi 23 septembre que l’Ukraine était en mesure de « regagner son territoire dans sa forme originelle et peut‑être même aller plus loin ». La rencontre bilatérale avec Volodymyr Zelensky, le même jour, s’est déroulée dans une atmosphère notablement détendue : les deux hommes sont apparus devant la presse « côte à côte, sourire aux lèvres et pouce en l’air ».
Ce visage public contraste avec une rencontre houleuse au Bureau ovale en février dernier, lorsque le président américain avait reproché au président ukrainien un manque de reconnaissance envers les alliés et un défaut de coopération pour résoudre le conflit. Lors de son intervention à l’ONU, Trump a qualifié Vladimir Poutine de « tigre de papier », sans toutefois détailler les frontières auxquelles il faisait référence.
Réactions d’experts et implications pour l’engagement américain
Le revirement de ton a suscité des interrogations sur la cohérence de la politique étrangère américaine. Pour Ulrich Bounat, géopolitologue spécialisé sur la guerre en Ukraine, ce changement s’explique par une forme de « dépit » du président américain. Il déclare :
« Il est frustré que les négociations n’avancent pas, et il est déçu de Vladimir Poutine, dont il pensait que l’amitié permettrait de permettre une résolution rapide du conflit »
Zelensky a salué ce qu’il a qualifié de « grand tournant ». Mais selon Ulrich Bounat, le propos de Trump donne surtout l’impression d’un retrait. « Néanmoins, la fin de son message donne surtout le sentiment d’un désengagement total des États‑Unis », affirme l’expert, en rappelant que la conclusion du discours souhaitait « bonne chance aux deux pays » et « bonne chance à tous ». « C’est comme s’il se retirait et devenait un acteur externe. Au lieu de reconnaître son échec il préfère se désengager », ajoute‑t‑il.
Trump a évoqué le rôle de l’Union européenne pour soutenir une reconquête des territoires, mais n’a prononcé aucun mot sur l’aide directe des États‑Unis. Ulrich Bounat souligne le risque d’une telle affirmation : « on peut difficilement soutenir que les Ukrainiens peuvent reprendre leurs territoires sans l’aide des États‑Unis ». Il précise que les Américains peuvent fournir des équipements que les Européens n’ont pas en quantité, comme des systèmes Patriot ou des missiles longue portée, et rappelle le déficit en effectifs dont souffre l’Ukraine. Pour lui, l’hypothèse d’une récupération complète des territoires ukrainiens est « irréaliste à moyen terme ».
Impact possible sur les opérations russes et le processus de paix
Du côté russe, la déclaration de Trump a été interprétée comme une provocation. Le porte‑parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé mercredi 24 septembre que la Russie n’a pas d’autre « alternative » que de poursuivre son « opération militaire spéciale pour assurer (ses) intérêts et atteindre les objectifs » fixés par Vladimir Poutine.
Mais une intensification majeure de l’offensive russe n’est pas certaine. Ulrich Bounat note que, même si la Russie parvient à « grappiller du terrain », il n’y a pas eu de percée décisive ces derniers mois : « L’armée est presque totalement engagée, et n’a pas beaucoup de réservistes. En termes d’équipements, la Russie n’est pas non plus capable de faire un bond capacitaire ». Sa conclusion : « aucune des deux parties n’est aujourd’hui en mesure de gagner la guerre ».
Les négociations pour un accord de paix demeurent, elles aussi, arrêtées. Le discours de Donald Trump n’a pas relancé de processus négocié, signe supplémentaire, selon certains observateurs, d’un repositionnement américain plus distant vis‑à‑vis du conflit.