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Le Canada, le Royaume‑Uni et l’Australie ont annoncé la reconnaissance de l’État de Palestine, un geste qualifié de symbolique mais lourd de sens face à la guerre en cours à Gaza et à l’expansion territoriale en Cisjordanie occupée. Cette décision intervient alors que d’autres États, dont la France et le Portugal, sont attendus pour des annonces similaires dans les jours à venir.
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Réponse d’Israël
Tel‑Aviv a vivement réagi aux reconnaissances. Peu avant l’annonce, Shosh Bedrosian, porte‑parole du Premier ministre Benjamin Netanyahou, a qualifié l’acte « d’absurde » et d’« récompense pour le terrorisme ». Le 15 septembre à Jérusalem‑Est occupée, Netanyahou avait promis à ses partisans qu’« il n’y aura pas d’État palestinien ».
Malgré l’écho médiatique mondial, des analystes interrogés estiment que ce geste reste surtout symbolique face à « l’indignité, les meurtres et les déplacements » subis par des centaines de milliers de Palestiniens, même s’il comporte une portée politique non négligeable.
Portée et signification
Pour certains experts, la reconnaissance compte précisément parce que des alliés proches des États‑Unis ont jusqu’ici réservé ce geste à l’issue d’un accord négocié. Rida Abu Rass, politologue palestinien, rappelle que ces pays ont « rompu l’uniformité » et que cela contribue à isoler davantage Israël sur la scène internationale.
Le même jour que les reconnaissances, au moins 55 Palestiniens ont été tués dans des attaques israéliennes sur Gaza, dont 37 à Gaza City, où l’armée israélienne a lancé une nouvelle campagne de grande ampleur.
Reconnaissance performative ?
Plusieurs analystes font preuve de scepticisme quant à l’impact concret de ces reconnaissances sur les conditions matérielles des Palestiniens. Sans mesures concrètes — sanctions, embargo sur les armes, ou mise en place d’une zone d’exclusion aérienne soutenue par une coalition internationale — la souffrance risque de perdurer, selon Chris Osieck, chercheur indépendant.
Mohamad Elmasry, professeur au Doha Institute, estime que ces annonces répondent aussi à une pression croissante des opinions publiques et constituent « une façon de dire qu’on a agi sans prendre d’actions substantielles ». Néanmoins, la reconnaissance permet désormais aux trois pays d’engager des traités avec l’Autorité palestinienne et de nommer des ambassadeurs à part entière.
Le Royaume‑Uni reconnaîtra Husam Zomlot comme ambassadeur palestinien ; Zomlot a déclaré que cette reconnaissance « marque la fin du déni britannique du droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination, à la liberté et à l’indépendance ».
Solidarité et manifestations
La solidarité européenne en faveur de la Palestine s’est intensifiée ces dernières semaines, portée par des mobilisations populaires. Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs capitales, exprimant la colère et l’exigence d’actions plus fortes contre l’offensive israélienne.
Image : manifestation à Vienne le 20 septembre 2025, où des participants portaient des pancartes rappelant la situation à Gaza et appelant à des sanctions contre Israël.
Adhésion aux organisations internationales
La majorité du monde reconnaît déjà la Palestine, mais le pays n’est pas pour autant État membre à part entière des Nations unies. Palestine est aujourd’hui « État observateur non membre » à l’ONU ; pour devenir membre à part entière, il faudrait la recommandation du Conseil de sécurité puis un vote de l’Assemblée générale, procédure compliquée par le droit de veto américain.
Rida Abu Rass précise que la reconnaissance n’accorde pas de nouveaux privilèges onusiens immédiats sans le soutien des États‑Unis, mais elle peut être un premier pas vers une pression internationale accrue, notamment si elle s’accompagne de mesures économiques ou diplomatiques ciblées.
Parmi les États qui n’ont pas reconnu la Palestine figurent, entre autres :
- États‑Unis
- Quelques pays européens et baltes
- Japon et République de Corée
Sanctions, boycotts et pression internationale
La reconnaissance s’inscrit dans un contexte où les initiatives de boycott et la pression diplomatique se multiplient. Des discussions ont lieu au sein de l’Union européenne sur une suspension de certains avantages commerciaux et sur l’application de sanctions visant des responsables israéliens.
Selon Abu Rass, la reconnaissance n’aura pas d’impact direct sur les opérations militaires à Gaza, mais elle peut signaler la volonté de ces pays d’aller plus loin — par exemple en décidant d’embargos réciproques sur les armements.
Dirigeants et pressions intérieures
Des analystes estiment que plusieurs gouvernements occidentaux agissent désormais sous la pression de leurs opinions publiques. Ces gouvernements centre‑gauche voient une désaffection libérale croissante et cherchent des mesures à faible coût politique pour répondre aux demandes citoyennes.
Rida Abu Rass considère ces gestes comme des manœuvres pour « sauver la face » : satisfaire une partie de l’électorat sans s’engager dans des actions qui modifieraient radicalement la relation avec Israël.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer avait annoncé qu’il reconnaîtrait la Palestine à moins qu’Israël ne prenne « des mesures substantielles » pour mettre fin à la guerre à Gaza. L’Australie a conditionné l’établissement de relations diplomatiques pleines à des progrès de l’Autorité palestinienne en matière de réformes.
Poids historique et responsabilité
Le geste a aussi une résonance historique. Il y a 108 ans, la Déclaration Balfour du gouvernement britannique soutenait l’établissement d’un « foyer national » juif en Palestine. Pour certains observateurs, la reconnaissance britannique est également un aveu implicite de la responsabilité historique de Londres dans le déplacement et la dépossession des Palestiniens.
Malgré ce poids symbolique, de nombreux spécialistes restent dubitatifs quant à un changement réel des conditions sur le terrain. Rida Abu Rass affirme qu’« même si la Palestine était reconnue par tous les pays du monde, peu de choses changeraient tant que l’occupation israélienne ne serait pas démantelée ». Selon lui, la pression internationale doit dépasser la simple reconnaissance et inclure des sanctions, des réductions de relations diplomatiques, des poursuites contre les crimes de guerre et des boycotts culturels.
La reconnaissance par le Canada, le Royaume‑Uni et l’Australie marque un tournant diplomatique mais interroge sur la suite : s’agira‑t‑il d’un premier pas vers des mesures concrètes ou d’un geste symbolique sans conséquences tangibles pour la protection des civils palestiniens ?
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