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La Russie, après avoir déployé son armée et convaincu Kim Jong-un d’envoyer des soldats à Kursk puis directement en Ukraine, a désormais recours à un nouveau groupe armé pour soutenir ses efforts militaires. Selon le Financial Times, la Russie recrute des centaines de Yéménites pour les envoyer combattre en Ukraine, illustrant ainsi le lien croissant entre Moscou et les rebelles chiites yéménites Houthi, qui s’opposent à Israël, aux États-Unis et à l’Occident, en lançant des missiles et des drones contre des navires occidentaux, perturbant sévèrement le commerce dans la mer Rouge.
Le voyage en Russie et l’escroquerie
Le quotidien économique britannique affirme avoir interrogé plusieurs de ces recrues yéménites, touchées par une extrême pauvreté et par la guerre dans leur pays. Elles affirment avoir voyagé en Russie avec la promesse d’emplois bien rémunérés, voire de la citoyenneté.
Carne à canon
Les recrues yéménites, dont le nombre n’est pas précisé, viendraient s’ajouter aux forces mercenaires et étrangères utilisées comme chair à canon. Ces dernières comprennent, en plus de 10 000 à 12 000 Nord-Coréens, des Nepalis, des Indiens, ainsi que d’autres ressortissants du Moyen-Orient. Ce constat souligne deux réalités : d’une part, Poutine, face à l’augmentation de ses pertes humaines sur le terrain, cherche à éviter une mobilisation générale en Russie ; d’autre part, Moscou se rapproche de plus en plus de l’Iran et de ses alliés au Moyen-Orient dans le contexte d’une confrontation croissante avec l’Occident. Le recrutement des Yéménites aurait débuté dès début juillet. L’un d’entre eux, se faisant appeler Nabil et qui maintient des contacts avec le Financial Times, explique avoir reçu des promesses d’emploi dans les domaines de la « sécurité » ou comme « technicien », tout en ajoutant que beaucoup, comme lui, ont été contraints de rejoindre les forces armées russes en signant des contrats « qu’ils ne pouvaient même pas lire ».
Qui sont les rebelles yéménites ?
Les Houthis sont des miliciens yéménites soutenus par l’Iran et formés par le Hezbollah libanais. Ils sont apparus en 1992, issus du mouvement « Jeunesse croyante », fondé par Muḥammad al-Ḥuthi et son frère Ḥusayn dans la gouvernorat de Ṣaʿda, au nord du Yémen. Leur idéologie est fortement anti-américaine et anti-israélienne. Depuis la chute du dictateur Ali Abdullah Saleh en 2011, les rebelles Houthi, soutenus par Téhéran, ont progressivement conquis une grande partie du Yémen, y compris la capitale Sanaa, s’emparant d’un vaste arsenal militaire yéménite, y compris des missiles, des chars et des aéronefs, qu’ils ont utilisés dans la longue guerre civile contre les forces soutenues par Riyad et Abou Dhabi, laquelle a causé la mort de plus de 370 000 personnes. Suite à une trêve parrainée par les Nations Unies en avril 2022, les Houthis ont cessé de lancer des attaques de drones sur le territoire saoudien, tandis que les affrontements armés entre rivaux locaux ont diminué de manière significative. En avril dernier, les discussions de paix ont connu une accélération, menant le mois dernier à une visite des Houthis à Riyad. De son côté, l’Iran a cessé d’envoyer des armes aux Houthis dans le cadre d’un accord visant à normaliser les relations entre Téhéran et Riyad, dans un historique rapprochement diplomatique médié par la Chine.