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La récente réélection de Kaïs Saïed en Tunisie soulève de vives inquiétudes concernant l’état de la démocratie dans le pays. Alors que moins de 28 % des électeurs se sont rendus aux urnes, la question se pose : peut-on vraiment parler d’une élection dans un tel contexte ? La Tunisie, qui a été le berceau des printemps arabes, semble de nouveau réduite à un simple exercice de formalité électorale.
Un paysage électoral sans opposition
Face à un environnement politique largement contrôlé, les deux candidats concurrents de Kaïs Saïed, survivants d’une purge orchestrée par le régime, n’ont pas eu de réelles chances de l’emporter. Selon un sondage de sortie des urnes réalisé par l’institut Sigma Conseil, le président sortant a été réélu avec plus de 89 % des voix.
Kaïs Saïed, ancien professeur de droit constitutionnel, semble s’inspirer du modèle autocratique de Vladimir Poutine, avec qui il a même signé un mémorandum de coopération dans le cadre des élections. Les opposants au régime sont en grande partie emprisonnés ou en exil, tandis que ceux qui restent sont qualifiés de « lièvres » par des analystes politiques.
Manipulation du système judiciaire
Le président a également limité l’indépendance du pouvoir judiciaire en dissolvant le Conseil supérieur de la magistrature et en révoquant plusieurs juges. De plus, il a introduit une nouvelle loi qui prive le Tribunal administratif de sa compétence sur les questions électorales, empêchant ainsi tout contrôle potentiel des abus.
Ces actions ont contribué à créer un climat où le résultat des élections s’annonçait déjà comme une formalité. Mais qui osera s’en offusquer dans le contexte international actuel ?
Le silence complice de l’Union européenne
Alors que la réélection de Kaïs Saïed se déroule dans un climat de répression, l’Union européenne continue de soutenir financièrement le régime tunisien, suite à la signature d’un pacte migratoire en juillet 2023. Ce dernier permet à la Tunisie de gérer les flux migratoires vers l’Europe, en échange d’une aide de 127 millions d’euros, dont une partie est destinée à la garde nationale tunisienne, déjà accusée de violations des droits de l’homme.
Les récentes allégations d’abus sur des migrants par les forces de sécurité tunisiennes n’ont pas réussi à alerter la conscience européenne. Les sources internes à Bruxelles indiquent que l’UE est informée de ces abus, mais préfère fermer les yeux pour préserver ses intérêts géopolitiques.
Les conséquences des politiques de Kaïs Saïed
La stratégie migratoire de Kaïs Saïed repose sur des violations systématiques des droits humains, ce qui ternit la réputation de l’Union européenne. Anthony Dworkin, analyste au Conseil européen pour les relations internationales, souligne que la politique erratique de Saïed ne sert pas les intérêts européens, tout comme la coopération passée avec le dictateur Ben Ali n’avait pas abouti à des résultats positifs.