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Retour à Gaza : Résilience face à l’occupation
« Comment as-tu pensé pouvoir vaincre un peuple comme le nôtre et Gaza comme notre Gaza ? Oh occupant, la terre est à nous, l’histoire est à nous, les racines sont à nous. Alors qui es-tu ? Paix sur nous, en raison de notre patience. Nous qui avons souffert et avons été accablés.. Nous, les Gazaouis, nous qui avons vu nos cœurs s’éteindre, mais notre clairvoyance s’est éclairée.
Mon pays, ô merveille de mon cœur. Mon pays, ô bien-aimé. Aujourd’hui est le jour de l’espoir. Aujourd’hui, l’esprit que je pensais avoir perdu est revenu.
Nous revenons, nous revenons dans nos belles terres détruites. Mon pays, et nous te voyons comme un paradis à travers nos yeux, où la vie est douce. Que Dieu ait pitié de nos martyrs et guérisse nos blessés. Paix et sécurité à tous.
Une voix de résistance
Ces mots, semblables à un poème, ont été prononcés par une jeune fille de Gaza le 27 janvier, s’adressant à l’occupant via les microphones de la chaîne Al Jazeera. Avec un sourire rayonnant, elle a annoncé son retour à Shujaiya, affirmant que même si tout était détruit, « cela reste notre terre et notre pays ». Cette phrase, bien que simple, défie une narrative culturelle qui tente d’insinuer que les Palestiniens et les Arabes manquent d’appartenance à leur terre.
Colonisation de l’imaginaire
La philosophe italienne Gloria Germani explique que « le colonialisme occidental est entré par la fenêtre après être sorti par la porte, en colonisant l’imaginaire ». Ce phénomène consiste à imposer un modèle de vie globalisé qui ne correspond pas aux cultures orientales, en « colonisant les désirs » et en créant un citoyen mondial qui désire les mêmes produits et modes de vie, excluant ceux qui ne s’y conforment pas.
Une nouvelle forme de colonisation
Les déclarations initiales de Donald Trump sur Gaza illustrent un nouveau modèle colonial qui ne repose pas nécessairement sur la conquête militaire, mais sur la conquête de l’imaginaire. Trump envisage Gaza comme un « terrain avec un climat merveilleux, idéal pour des projets extraordinaires ».
Il semble naturel pour lui que les Gazaouis souhaitent un mode de vie transformant leurs côtes en stations balnéaires à la manière de Minorque ou de Miami, devenant ainsi une destination touristique attractive. Ce modèle ne résonne pas avec les réalités et les aspirations des Gazaouis, qui aspirent à un mode de vie en accord avec leurs valeurs et leur histoire.
Résistance culturelle
En effet, l’appareil colonial contemporain utilise la culture, notamment la poésie, pour promouvoir un discours de déconnexion des racines. Le terme « patrie » est souvent évité dans les traductions poétiques au profit d’un mot plus neutre comme « terre », permettant ainsi une interprétation élargie du concept de « patrie ».
Cette tendance touche particulièrement les jeunes poètes, dont les expressions nationales sont souvent marginalisées. Dans un monde globalisé, il est demandé de célébrer le discours de l’« apatridie » et de l’« identité cosmopolite », qui, en réalité, sert les intérêts du capitalisme.
Résistance à la migration forcée
La notion d’« apatridie » devient romantique dans la poésie européenne, alors que la réalité reste complexe, souvent liée à la guerre et aux déplacements forcés. Des personnalités comme le poète italien Erri De Luca choisissent d’ignorer leur patrimoine national tout en jouant sur les mots pour exprimer une forme d’apatridie.
En réponse à des propositions de migration volontriste, le Dr Hassan Ayoub souligne que « rien n’est tel qu’une migration volontaire, mais plutôt la création de conditions qui forcent à fuir, ce qu’on appelle la ‘migration par le désespoir’ ».
Une vision d’avenir
Ce retour à Gaza, symbolisé par la jeune fille de Shujaiya, offre une lueur d’espoir face à l’oppression. Les Gazaouis, déterminés à retourner dans leurs maisons, même détruites, construisent un récit de résilience et de dignité. Ce désir de reconstruction témoigne d’une vision claire : Gaza peut et doit être un paradis, un endroit où la culture et l’identité sont préservées.