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Retour à la démocratie : Nabil Schabi sur la crise en Tunisie
Tunis – Le leader de la coalition d’opposition, Najib Chebbi, a déclaré dans une interview exclusive accordée à Al Jazeera, à l’occasion du 14ème anniversaire de la révolution tunisienne, que la situation politique et économique en Tunisie a connu un déclin grave après le 25 juillet 2021. Il a souligné que le régime autoritaire instauré par le président Kaïs Saïed n’a pas résolu la crise, mais l’a aggravée.
Une peur omniprésente dans la société tunisienne
Chebbi a précisé que la peur pèse lourdement sur la société tunisienne, y compris ses organisations et partis, en raison de la répression. Il a signalé l’absence de toute indication que le régime pourrait faire marche arrière sur son autoritarisme. Il a insisté sur l’importance de l’unification des rangs de l’opposition pour faire pression sur le gouvernement afin de parvenir à un dialogue national inclusif.
Évaluation de la situation après 25 juillet 2021
En réponse à la question sur l’évaluation de la situation après l’annonce par le président Kaïs de mesures exceptionnelles, Chebbi a affirmé que la révolution tunisienne avait surpris les Tunisiens et le monde entier, car elle n’était pas attendue. Cette révolution a créé un vide au niveau de l’État, en particulier à la tête de l’autorité après la fuite de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011.
Il a expliqué que ce vide avait ouvert la voie à un changement, mais que les élites politiques d’opposition n’étaient pas prêtes, car le régime précédent les avait marginalisées. Quand l’opposition est arrivée au pouvoir, elle a perdu beaucoup de temps dans des luttes internes pour le pouvoir, ce qui a généré une grande déception chez les citoyens. Cela a conduit à la situation actuelle qui a abouti aux événements du 25 juillet 2021.
Un retour à la démocratie nécessaire
Chebbi a souligné qu’après trois ans et demi de pouvoir de Kaïs Saïed, il est devenu évident que le retour à un régime autoritaire n’était pas une solution pour les Tunisiens. Au contraire, la situation sociale s’est détériorée, avec une pénurie de produits de base, une hausse des prix et une stagnation économique.
Il a également noté un ralentissement de la croissance à 0 % en 2023, avec un taux de chômage de 16 % et un taux d’inflation de 7 %. Il a évoqué l’instabilité des négociations avec le Fonds monétaire international et la nécessité de réduire les importations.
Les effets du climat de peur sur l’opposition
Chebbi a abordé l’état d’impuissance et de silence des partis politiques et des organisations de droits de l’homme en Tunisie, soulignant que cela était dû en partie à la peur de la répression. Selon lui, le manque d’espoir des Tunisiens face à la situation politique actuelle contribue également à cette apathie.
Il a insisté sur la nécessité d’un retour à un gouvernement démocratique à travers un dialogue national qui aborde les réformes nécessaires.
Le changement en perspective
Interrogé sur les événements en Syrie, Chebbi a noté que ces changements influencent profondément les positions arabes, tant du côté des gouvernements que de l’opinion publique. Il a averti que les régimes qui entravent la liberté sont condamnés à échouer.
Il a également exprimé ses craintes quant à l’idée que les autorités tunisiennes pourraient spontanément s’engager dans un dialogue avec l’opposition, disant que les forces démocratiques doivent prendre l’initiative.
Les défis judiciaires pour les opposants
Concernant les accusations portées contre les opposants politiques, Chebbi a affirmé que les prisonniers politiques sont bien connus pour leur engagement pacifique et légal. Il a déploré que les accusés soient jugés pour des crimes graves sans fondement réel.
Un avenir incertain pour la Jhaffa Al-Khalas
Enfin, concernant la coalition d’opposition, Chebbi a reconnu les défis rencontrés par la Jhaffa Al-Khalas, soulignant les divisions internes et la nécessité de coordonner les efforts avec d’autres partis. Malgré les difficultés, il a noté un regain d’activité dans les manifestations pacifiques et la volonté de rassembler les forces de l’opposition pour un dialogue national.