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Les réfugiés syriens se retrouvent confrontés à un choix tragique entre la menace des bombardements et le risque d’arrestation. C’est ce que ressent « Alaa S. », un jeune homme de 27 ans, qui se trouve actuellement au Liban, incertain de pouvoir rentrer chez lui en Syrie sans être arrêté par les autorités. Alaa, un activiste des droits de l’homme et photographe, avait décidé de retourner dans sa ville, mais des nouvelles d’arrestations de Syriens revenant de Liban l’ont poussé à renoncer à son projet.
Une situation alarmante
Depuis le 23 septembre dernier, la plateforme syrienne des droits de l’homme a documenté au moins 17 cas d’arrestation et de disparition forcée parmi les Syriens tentant de rentrer de Liban. Fadel Abdul Ghani, directeur de cette organisation, a rapporté que ces arrestations se sont produites à des points de contrôle temporaires mis en place par le régime sur les routes empruntées par les rapatriés. Les arrestations se sont principalement déroulées dans les régions de Souida (4 cas), Idlib (5 cas), Raqqa (2 cas), Rif Damas (3 cas) et Homs (3 cas), souvent liées à des activités politiques ou à des opinions personnelles.
Entre deux feux
Selon Alaa, il est impossible de savoir si l’on est recherché par les autorités. « Dès que vous êtes un activiste engagés dans les affaires publiques, vous pourriez être l’un des recherchés », déclare-t-il. Il a décidé de rester à Liban en espérant un règlement rapide du conflit. Alaa raconte ses difficultés quotidiennes au Liban, où il a dû fuir à plusieurs reprises pour échapper aux bombardements israéliens et où ses économies diminuent rapidement après avoir perdu son emploi.
Des risques de répression
De nombreux jeunes Syriens se retrouvent face à des choix déchirants : rester au Liban, où la guerre fait rage, ou rentrer en Syrie, où ils pourraient être arrêtés pour avoir manqué à leurs obligations militaires. Shadi al-Shartah, un jeune homme de Souida, a été arrêté à la frontière lors de son retour, sans qu’aucune notification légale n’ait été faite.
Un manque de confiance envers les autorités
Malgré un décret présidentiel d’amnistie en septembre dernier qui permettrait aux jeunes de régulariser leur situation, beaucoup doutent de l’application de cette loi. Plusieurs jeunes ont exprimé leur méfiance quant à leur sécurité à leur retour, redoutant d’être capturés par les forces militaires à des points de contrôle.
Une nouvelle vague d’immigration
Les réfugiés syriens continuent de vivre des conditions de vie précaires au Liban. Beaucoup d’entre eux envisagent de fuir à nouveau, cette fois vers des pays voisins, comme l’Irak, à la recherche de meilleures opportunités. Les coûts des voyages clandestins ont considérablement augmenté, oscillant entre 500 et 1000 euros selon les destinations et les dangers rencontrés.
Des millions de Syriens en difficulté
Environ 1,5 million de réfugiés syriens vivent au Liban, nombreux d’entre eux étant en situation de pauvreté extrême. Les conditions se sont aggravées suite à l’escalade du conflit israélo-libanais, poussant encore plus de Syriens à envisager un retour vers des zones ravagées par la guerre. Selon les estimations, depuis le 23 septembre, plus de 254 906 Syriens ont tenté de rentrer de Liban, mais beaucoup le font avec une peur constante d’être arrêtés.