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Retrait tactique est-il le nouveau credo de la défense iranienne
À Téhéran, en dépit des gros titres des médias, le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a formulé des déclarations qui esquissent les contours de la doctrine de défense de son pays. Cela intervient à un moment marqué par l’attente d’une réponse iranienne à Entité sioniste suite à l’assassinat du leader politique du mouvement Hamas, Ismaïl Haniyeh, dans la capitale iranienne.
Les implications de la rétraction
Khamenei a averti, en présence de nombreuses familles de martyrs, que « l’ennemi » tente, à travers la guerre psychologique, de créer un climat de peur et de rétraction. Selon son interprétation du Coran, il a affirmé que « le retrait non tactique » dans n’importe quel domaine, qu’il soit militaire, politique, médiatique ou économique, « entraîne la colère de Dieu ». En revanche, il a également précisé qu’un retrait peut parfois être tactique, voire une évolution d’une certaine tactique, « et qu’il n’y a rien de mal à cela ».
Cette déclaration n’est pas tombée dans un environnement politique et médiatique anodin ; certains l’ont interprétée comme une autorisation de se retirer pour les intérêts du pays et le bien du peuple. Cela pourrait signifier que l’Iran n’interviendrait pas, ou peut-être le justifierait-il selon un scénario de réponse que Téhéran a décidé, surtout si cela ne correspond pas aux attentes. Ce point de vue émerge alors que l’Iran et ses alliés menacent Entité sioniste d’une réponse sévère.
Une défense stratégique étendue
Parallèlement, Yahya Rahim Safavi, conseiller militaire principal du guide suprême, a déclaré que « nous devons accroître la profondeur de notre défense stratégique… et défendre notre pays à l’extérieur de nos frontières… ». Il a souligné que « notre profondeur de défense stratégique est la Méditerranée et la mer Rouge, et nous devons l’étendre de 5 000 kilomètres ». Cette doctrine défensive iranienne est essentielle dans les stratégies de sécurité nationale du pays et reflète des principes et orientations qui guident le développement de ses politiques militaires et défensives.
Cette doctrine se forme dans un contexte régional et international en constante évolution, et repose sur plusieurs facteurs historiques, géographiques et religieux qui influent sur la perception des menaces et des opportunités par l’Iran. En étudiant cette doctrine, on peut comprendre comment l’Iran se prépare à défendre sa souveraineté et sa sécurité nationale. Cela inclut notamment :
- Le développement de capacités de dissuasion militaire.
- Adopter des stratégies de défense multifacettes, y compris la guerre non conventionnelle.
- Assurer l’autosuffisance dans les industries de défense, telles que les missiles et les drones.
- Renforcer son influence régionale, en traçant une ligne d’alliés allant de ses frontières jusqu’à celles de « l’ennemi ».
Flexibilité tactique
Le professeur en relations internationales, Mostafa Najafi, estime que les déclarations du guide sur le retrait tactique s’inscrivent dans une stratégie militaire et de sécurité nationale de l’Iran adoptée depuis quarante ans, depuis la révolution islamique. Selon Najafi, la signification des propos du guide révèle une flexibilité tactique, sans engendrer un retrait stratégique des éléments fondamentaux du conflit.
Il affirme que la doctrine militaire de défense iranienne comprend les principes suivants :
- Éviter l’engagement direct dans des conflits et déclencher des guerres.
- Accorder priorité à la défense plutôt qu’à l’attaque.
- Renforcer la dissuasion défensive.
Il ajoute que l’Iran a tenté de faire de ces principes les fondements de son processus décisionnel et un modèle pour son comportement. « L’Iran est une entité tactiquement flexible », ce qui lui permet de « s’adapter à toute situation et à tout conflit ».
Le principe de la dissuasion
D’autre part, le chercheur politique Kian Abdollahi affirme que la doctrine défensive du guide repose sur le verset 60 de la sourate Al-Anfal du Coran, qui figure également sur le blason du Corps des Gardiens de la Révolution, qui stipule : « Et préparez pour eux ce que vous pouvez de force et de cavalerie, afin que vous puissiez intimider l’ennemi d’Allah et votre ennemi, et d’autres que vous ne connaissez pas, Allah les connaît… ».
Sur cette base, Abdollahi soutient que la doctrine défensive du guide est fondée sur le principe de la dissuasion. « Évidemment, la dissuasion ne signifie pas une guerre préventive utilisée par les Occidentaux, surtout les Américains, comme justification de leur agression contre d’autres pays, mais une doctrine de dissuasion qui nie l’agression contre tout autre pays », précise-t-il.
Il ajoute que l’expérience de la République islamique montre que l’Iran n’a pas envahi militairement un autre pays tout en maintenant une capacité militaire suffisamment élevée, adhérant à ses principes fondamentaux « au point qu’aucun pays n’ose entreprendre une agression militaire contre l’Iran ».
Selon la doctrine défensive du guide, la défense ne se limite pas à l’aspect militaire ; « elle doit combler toutes les lacunes et domaines permettant à l’ennemi de contrôler le peuple iranien et ses terres », conclut Abdollahi.