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Le gouvernement britannique a annoncé une nouvelle restriction concernant l’octroi de visas aux travailleurs étrangers qualifiés. Dorénavant, les visas seront limités dans le temps pour ceux qui n’exercent pas un emploi de niveau diplômé, une mesure visant à réduire l’immigration nette vers le Royaume-Uni.
Une réforme ciblant les emplois de niveau diplômé
Le ministère de l’Intérieur britannique a précisé que le seuil standard pour obtenir un visa de travail qualifié sera désormais appliqué uniquement aux emplois évalués au niveau 6 du cadre réglementé des qualifications (RQF), équivalent à un diplôme universitaire. Cette nouvelle exigence remplace le niveau actuel 3, proche du baccalauréat britannique (A-level).
Pour les postes inférieurs au niveau RQF 6, les travailleurs étrangers ne seront admis que pour une durée limitée, et seulement sous condition de preuves solides de pénuries jugées essentielles à la stratégie industrielle nationale. De plus, les employeurs concernés devront démontrer qu’ils s’engagent à renforcer le recrutement et la formation locale.
Objectifs et enjeux de la politique migratoire
Yvette Cooper, la secrétaire d’État à l’Intérieur, a salué cette initiative comme une « action décisive pour rétablir le contrôle et l’ordre dans le système d’immigration, renforcer la formation et les compétences domestiques, réduire l’immigration nette tout en favorisant la croissance économique ». Elle présentera ce lundi un livre blanc gouvernemental détaillant ces mesures, qui s’inscrivent dans une volonté globale de freiner l’immigration nette.
Cette démarche intervient dans un contexte politique marqué par le succès électoral du parti Reform UK, qui prône une politique anti-immigration stricte. La pression sur le gouvernement est forte pour durcir les règles migratoires.
Impact sur les secteurs sensibles et mesures complémentaires
La réduction des visas travail Royaume-Uni pour les emplois non diplômés pourrait toutefois fragiliser des secteurs comme les soins à la personne ou l’hôtellerie. Une organisation de soins a alerté sur le risque que des prestataires ferment faute de personnel, en l’absence d’une stratégie claire pour attirer les travailleurs britanniques.
Pour pallier cela, le gouvernement crée un groupe d’experts nommé « Labour Market Evidence Group », composé de représentants industriels, de l’administration et du Migration Advisory Council (MAC). Ce groupe aura pour mission d’évaluer la dépendance excessive de certains secteurs à la main-d’œuvre étrangère et de stimuler les investissements dans les compétences nationales.
Tensions politiques et responsabilités gouvernementales
Yvette Cooper a attribué aux précédents gouvernements conservateurs la responsabilité d’avoir perdu le contrôle du système migratoire britannique, notamment en remplaçant la libre circulation européenne par une « expérience de marché libre ». Selon elle, ce manque de planification a nui à la confiance publique, déformé le marché du travail et affecté l’économie et l’immigration.
Les données du MAC indiquent que l’arrivée de travailleurs qualifiés pour des emplois de niveau inférieur au RQF 6 avait déjà diminué ces dernières années, tandis que celle des travailleurs diplômés se maintient autour de 75 000 par an.
Inquiétudes du secteur des soins
Nadra Ahmed, présidente exécutive de la National Care Association, a exprimé ses préoccupations face aux conséquences potentielles de ces nouvelles règles. Avec environ 70 000 salariés étrangers et 120 000 postes vacants dans le secteur, elle craint que ces restrictions aggravent la pénurie de personnel.
Elle souligne que le problème principal reste l’incapacité à attirer la main-d’œuvre locale, en raison notamment du manque de rémunération équitable. Sans financement approprié pour améliorer les conditions, l’écart dans le secteur des soins sociaux risque de se creuser, entraînant des fermetures et limitant l’aide aux personnes dépendantes.