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Russie recrute des mercenaires africains pour la guerre en Ukraine

by Sara
Russie recrute des mercenaires africains pour la guerre en Ukraine
Russie, Ukraine, Afrique

Les mercenaires africains, souvent surnommés « Wagner noirs » ou « les tireurs de Poutine », représentent une force croissante déployée aux côtés de l’armée russe dans la guerre en Ukraine. Ces combattants africains sont recrutés massivement, parfois volontairement, parfois sous la contrainte, et envoyés en première ligne dans ce conflit qui dure depuis plusieurs années.

Plusieurs médias occidentaux ont rapporté l’existence d’un important contingent d’Africains engagés par la Russie après des campagnes de recrutement intensives à travers le continent africain. Ces campagnes offrent des incitations financières attractives, telles que des salaires élevés et la possibilité d’obtenir la citoyenneté russe.

Cependant, de nombreux combattants africains disparaissent une fois partis de leur pays. Certains sont tués, d’autres faits prisonniers par les forces ukrainiennes, et plusieurs restent portés disparus. Ces drames humains illustrent la réalité tragique de cette mobilisation militaire.

Recrutement : entre volontariat et contrainte

Moscou mise sur l’attractivité des salaires élevés et la promesse de la nationalité russe pour attirer des mercenaires africains. Beaucoup de ces individus, venus en Russie pour travailler ou étudier, se retrouvent sur les lignes de front en Ukraine. La Russie dément toutefois toute accusation de recrutement forcé parmi les étudiants étrangers.

Une enquête menée par des journalistes de France 24 en Afrique (Sénégal, Ghana, Cameroun) a confirmé que certains Africains ont rejoint l’armée russe de leur plein gré pour des raisons financières ou l’espoir d’obtenir la nationalité. Toutefois, d’autres ont été enrôlés de force.

Les jeunes recrutés proviennent notamment de pays tels que le Nigeria, la Zambie, le Ghana, la Tanzanie, le Togo, la République centrafricaine, le Cameroun et le Sénégal. Arrivés en Russie dans l’espoir d’une vie meilleure, ils sont souvent envoyés combattre sans formation adéquate et affectés aux combats directs. Nombre d’entre eux ont trouvé la mort, ont été capturés ou attendent désespérément un rapatriement de la part de leur gouvernement.

Par exemple, en avril dernier, quatorze Ghanéens bloqués à Donetsk ont lancé un appel à l’aide dans une vidéo diffusée par la télévision nationale, affirmant avoir été trompés par un de leurs compatriotes, ancien footballeur, qui leur avait promis une vie meilleure.

Au Sénégal, des familles vivent dans l’angoisse en raison de la disparition de leurs proches partis étudier en Russie et désormais détenus en Ukraine après avoir combattu aux côtés des forces russes.

Une influence russe facilitant le recrutement en Afrique

La Russie bénéficie d’une présence militaire et économique étendue sur le continent africain, notamment grâce aux activités du groupe Wagner, un réseau de mercenaires actifs en Afrique centrale et du nord. Cette influence s’est muée en une force de recrutement appelée récemment « le corps africain » de Wagner.

Un rapport du journal britannique The Independent révèle que des services de renseignement britanniques et ukrainiens ont observé des offres d’emplois attractives et des promesses de passeports russes destinées à attirer des Africains à se battre en Ukraine.

Pour compenser ses pertes estimées à plus de 500 000 soldats depuis le début du conflit, la Russie concentre ses efforts de recrutement sur quatre pays d’Afrique centrale : le Rwanda, le Burundi, la République démocratique du Congo et l’Ouganda.

La BBC souligne que la présence militaire russe dans certains pays africains est justifiée officiellement par l’aide apportée dans la lutte contre les rebelles ou les islamistes, ce qui facilite les opérations de recrutement. Un clip viral publié sur Internet montre des soldats de la République centrafricaine promettant de rejoindre leurs « frères russes ». Par ailleurs, une manifestation pro-russe a eu lieu à Bangui, capitale de la République centrafricaine, au début du conflit en Ukraine.

L’appât avant la signature

L’histoire de Jean Onana, un Camerounais au chômage, illustre la manière dont les recrues sont attirées. Cherchant désespérément à subvenir aux besoins de sa famille, il a répondu à une annonce pour un emploi dans une usine russe, attiré par une promesse de salaire important.

En mars dernier, après un voyage à Moscou financé en partie par ses propres moyens, Onana et dix autres personnes originaires du Cameroun, du Zimbabwe et du Ghana ont appris qu’ils devaient plutôt signer un contrat d’un an pour rejoindre l’armée russe et combattre en Ukraine.

Malgré la promesse d’un bon salaire, ils ont subi une pression intense pour signer et ont suivi un entraînement sommaire de cinq semaines à Rostov et Louhansk. Onana raconte avoir pu contacter sa famille pendant la formation, mais ses téléphones et papiers ont été confisqués lorsqu’il a été envoyé en première ligne.

Début mai, lors d’une mission, le groupe d’Onana a été bombardé ; tous ses camarades ont été tués sauf lui, gravement blessé, et caché sous les décombres plusieurs jours avant d’être capturé. Cette histoire illustre les risques encourus par les recrues africaines, souvent employées comme chair à canon.

Face à ce phénomène, le gouvernement camerounais a renforcé en mars les restrictions sur la sortie du territoire des militaires pour limiter leur départ vers la Russie. Des estimations sur les réseaux sociaux font état d’environ 60 soldats camerounais morts en Ukraine.

Recrutement d’étudiants et de prisonniers

Le cas de Malick Diop, un étudiant sénégalais récemment capturé par les forces ukrainiennes, montre comment les étudiants étrangers sont recrutés. Diop fréquentait une université en Russie quand il a été approché dans un centre commercial par des recruteurs qui lui ont proposé un emploi loin des combats, à Louhansk, avec un salaire mensuel de 5 700 dollars.

Après une semaine, il s’est retrouvé armé et envoyé au front près de Toretsk. Il raconte avoir vu de nombreuses victimes sur le champ de bataille, ce qui l’a profondément marqué. Effrayé, il a abandonné son uniforme et a tenté de fuir, avant d’être capturé par les forces ukrainiennes.

Un rapport de la revue Jeune Afrique a aussi mentionné des milliers de recrues africaines disparues dans le conflit, notamment Jean-Claude Sangwa, étudiant congolais basé à Louhansk dans la zone contrôlée par la Russie.

En Zambie, la mort de Nathan Lemyani, étudiant en ingénierie nucléaire recruté dans une prison russe par Wagner, a provoqué un tollé. Sa disparition soulève des questions sur la façon dont des étudiants africains se retrouvent à combattre dans une guerre étrangère.

Au Togo, Dosseh Koulibatu, étudiant en médecine envoyé sans formation au front, a été capturé et blessé par les Ukrainiens. Selon Eugène Primakov, président de l’organisation Rosotrudnichestvo, entre 35 000 et 37 000 étudiants africains seraient inscrits en Russie au moment où la guerre a éclaté.

Par ailleurs, la revue Jeune Afrique signale que plus de 200 anciens rebelles de République centrafricaine, dont certains condamnés pour des crimes graves, ont été transférés en Russie, formés par Wagner puis envoyés combattre en Ukraine, souvent contre leur gré.

Un témoignage recueilli par Jeune Afrique relate le récit d’un Centrafricain ayant fui le front ukrainien pour la Lettonie, affirmant avoir été recruté dans un commissariat de Bangui par des mercenaires Wagner. Il aurait signé, sous pression et contre une somme importante, un contrat pour rejoindre une « société de sécurité » russe, faisant partie d’une force composée de 300 à 400 personnes originaires de pays subsahariens.

Démentis russes et réactions africaines

Les autorités européennes accusent le Kremlin de menacer de ne pas renouveler les visas des étudiants africains et des jeunes travailleurs s’ils refusent de rejoindre l’armée russe. Moscou nie fermement ces allégations, soulignant les risques que ces accusations feraient peser sur les relations russo-africaines.

En parallèle, des rumeurs circulent sur des efforts ukrainiens pour recruter des Africains afin de combattre contre la Russie. Une déclaration supposée de l’ambassade ukrainienne au Sénégal appelant les Sénégalais à lutter contre la Russie a été diffusée, mais la diplomatie ukrainienne a rapidement démenti ces affirmations.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/6/24/%d8%b1%d9%85%d8%a7%d8%a9-%d8%a8%d9%88%d8%aa%d9%8a%d9%86-%d8%a7%d9%84%d8%b3%d9%88%d8%af-%d9%81%d9%8a-%d8%a3%d8%aa%d9%88%d9%86-%d8%ad%d8%b1%d8%a8-%d8%a3%d9%88%d9%83%d8%b1%d8%a7%d9%86%d9%8a%d8%a7

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