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Ruto défend son pouvoir face aux protestations massives au Kenya

by Sara
Kenya, Soudan, Tanzanie, République démocratique du Congo

Le président kényan William Ruto a défendu fermement son pouvoir et son programme de réformes lors d’une interview accordée à l’émission « Inside Story » d’Al Jazeera English. Face à une vague de protestations au Kenya, parfois meurtrières, et à des accusations d’atteintes aux droits humains, il a assuré que la démocratie kényane demeure et a rejeté les appels à sa démission.

Protestations meurtrières et bilan

Ces derniers mois, le pays a été secoué par des manifestations massives, majoritairement portées par la jeunesse, en réponse à des mesures économiques d’austérité. Les revendications portent sur les hausses fiscales et la réduction des subventions sur certains biens et services.

  • Les heurts ont causé des dizaines de morts et ont donné lieu à des allégations d’usage excessif de la force par la police.
  • Des cas d’enlèvements et de disparitions forcées ont été signalés par des ONG et des familles de victimes.
  • Le président nie ces accusations et affirme que certaines violences résultent d’une « incitation politique » destinée à déstabiliser le pays.

Des manifestants portent le corps d'un homme tué lors d'une manifestation au Kenya, octobre 2025

Des manifestants portant le corps d’un homme tué lors des violences post-électorales du 30 octobre 2025 (REUTERS).

Réponse de Ruto et controverse autour de la police

Ruto a défendu les actions des forces de sécurité, affirmant qu’elles ont agi « dans le cadre de la loi ». Il a expliqué que certaines opérations visaient à restaurer l’ordre face à des éléments qu’il a qualifiés de « criminels ».

Le président n’a pas exprimé de regrets concernant ses ordres controversés demandant aux policiers de tirer sur les jambes de certains manifestants en juin, arguant que la mesure visait à protéger l’ordre public contre des actes de pillage et de sabotage.

Il a toutefois admis que des « éléments dévoyés » au sein des forces de l’ordre ont commis des exactions, et a indiqué que des responsables, citant l’exemple du meurtre de l’enseignant Albert Owuor, ont été renvoyés devant la justice.

Désillusion au sein de la base électorale

Élu en 2022 sous la bannière d’une « communauté des travailleurs », Ruto fait désormais face à une contestation venue d’une partie de son électorat déçue par l’impact social de ses politiques économiques.

Sa stratégie actuelle combine fermeté et tentative de dialogue, cherchant à apaiser la colère populaire sans abandonner son programme de réformes.

William Ruto lors d'une allocution officielle à Nairobi, octobre 2025

Le président kényan William Ruto lors des funérailles officielles du Premier ministre Raila Odinga, octobre 2025 (EPA).

Légitimité et appel au dialogue

Ruto a rappelé qu’il a été élu démocratiquement et qu’il conserve, selon lui, une légitimité populaire malgré les tensions. Il a rejeté les appels de l’opposition à sa démission ou à des élections anticipées.

Il a appelé au dialogue dans le strict respect de la loi et de la constitution, invitant les jeunes à s’engager en politique plutôt qu’à se limiter à l’expression de la colère dans la rue.

« Je suis prêt à écouter, mais on ne peut pas gouverner uniquement par des manifestations. Il y a une constitution et des institutions qui doivent être respectées », a-t-il déclaré.

Démocratie sous examen

Face aux critiques nationales et internationales, Ruto affirme que la démocratie kényane est toujours en place et subit un test majeur. Il soutient que les médias jouissent d’une large liberté et que l’opposition peut opérer sans entrave.

Toutefois, il a critiqué certains acteurs qu’il accuse d’exploiter la démocratie pour « attiser les rues » et provoquer le chaos.

Vue panoramique du centre de Nairobi, Kenya

Centre-ville de Nairobi.

Retrait du projet de budget 2024-2025

Sous la pression des manifestations — trois rassemblements massifs en huit jours qui ont parfois dégénéré — Ruto a retiré le projet de loi de finances 2024-2025 incluant de nouvelles hausses d’impôts.

Il a indiqué que son gouvernement réexaminera les mesures budgétaires pour tenir compte des revendications populaires, tout en veillant à préserver la stabilité macroéconomique.

Pour Ruto, les réformes restent indispensables pour sortir le pays d’une crise de la dette, et la hausse des impôts ainsi que la réduction des subventions font partie d’un plan plus large de restructuration économique.

Une une de journal illustrant la division au Kenya

Une une de presse illustrant la division au sein de la société kényane.

Engagements et interventions régionales

Sur la scène régionale, Ruto a nié les accusations alléguant la fourniture d’armes aux Forces de soutien rapide au Soudan. Il a estimé que la crise soudanaise ne se résoudra pas uniquement par des moyens militaires.

Il a ajouté que la solution exige un processus politique inclusif impliquant les civils pour établir un ordre démocratique durable au Soudan.

Ruto a aussi exprimé des réserves sur la transparence des élections en Tanzanie, où un taux de victoire de 96 % avait été annoncé, sans commenter directement les résultats. Il a enfin souligné quelques avancées dans les pourparlers de paix en République démocratique du Congo, malgré des tensions persistantes entre le gouvernement et les groupes armés.

source:https://www.aljazeera.net/news/2025/11/10/%d8%b1%d9%88%d8%aa%d9%88-%d9%84%d9%84%d8%ac%d8%b2%d9%8a%d8%b1%d8%a9-%d8%a7%d9%84%d8%a7%d8%ad%d8%aa%d8%ac%d8%a7%d8%ac%d8%a7%d8%aa-%d8%aa%d9%87%d8%af%d8%af-%d9%83%d9%8a%d9%86%d9%8a%d8%a7

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