La régulation de la tech est au cœur d’un nouvel épisode de tensions entre Washington et Bruxelles. Les États-Unis ont sanctionné Thierry Breton et quatre Européens pour leur engagement en faveur d’un cadre plus strict pour les plateformes et pour lutter contre la désinformation en ligne. « Depuis trop longtemps, les idéologues européens mènent des actions concertées pour contraindre les plateformes américaines à sanctionner les opinions américaines auxquelles ils s’opposent », a fustigé le secrétaire d’État américain Marco Rubio, sur X. Breton a répliqué sur X en parlant d’un « vent de maccarthysme ». Parallèlement, l’Europe défend son autonomie réglementaire et demande des clarifications aux autorités américaines.

Sanctions ciblent Thierry Breton et quatre Européens
Parmi les personnes sanctionnées figurent Imran Ahmed, Clare Melford, Anna-Lena von Hodenberg et Josephine Ballon. Marco Rubio a décrit ces actions comme des « actes flagrants de censure extraterritoriale » et a rappelé que « Depuis trop longtemps, les idéologues européens mènent des actions concertées pour contraindre les plateformes américaines à sanctionner les opinions américaines auxquelles ils s’opposent ». L’annonce précise que les quatre autres Européens travaillent dans des ONG actives contre la désinformation et la haine en ligne au Royaume-Uni et en Allemagne. Les Européens n’ont généralement pas besoin de visa pour se rendre aux États-Unis, mais doivent toutefois obtenir une autorisation électronique de voyage (ESTA). « À nos amis américains : +La censure n’est pas là où vous le pensez+ », a affirmé Breton. La mesure a été dénoncée « avec la plus grande fermeté » par le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
Dans le détail, ces sanctions s’inscrivent dans une confrontation sur les règles du numérique. Dès février, le vice-président américain JD Vance avait évoqué que la liberté d’expression « recule » sur le continent, et un mémo du département d’État évoquait des restrictions de visas pour des personnes travaillant dans la tech, notamment les spécialistes de la modération de contenu. L’Union européenne dispose de l’arsenal juridique le plus puissant pour réguler le numérique, et l’amende de 140 millions de dollars infligée à X par l’UE début décembre est citée par Washington comme preuve d’entrave à la liberté d’expression, soit environ 130 millions d’euros.

Réaction européenne et contexte des tensions sur la régulation du numérique
À Bruxelles, la Commission a indiqué avoir « demandé des clarifications » et a ajouté qu’elle répondrait « rapidement et de manière décisive pour défendre notre autonomie réglementaire », si nécessaire. « Si nécessaire, nous répondrons rapidement et de manière décisive pour défendre notre autonomie réglementaire contre des mesures injustifiées », a-t-elle déclaré dans un communiqué. Sur X, Breton a de nouveau dénoncé un « vent de maccarthysme » aux États‑Unis, et l’Europe rappelle son droit à définir ses règles.
Les ONG au cœur du dossier réagissent aussi. Le Global Disinformation Index a qualifié les sanctions d’« attaque autoritaire contre la liberté d’expression » et HateAid a dénoncé une tentative d’intimidation, indiquant qu’elle « ne se laisserait pas intimider par un gouvernement qui instrumentalise les accusations de censure ». Anna-Lena von Hodenberg et Josephine Ballon, dirigeantes de HateAid, font l’objet d’un examen sur les mécanismes du Règlement européen sur les services numériques (DSA). Le tout s’inscrit dans un contexte où l’Europe affirme son autonomie face à des pressions américaines tout en poursuivant le dialogue sur la régulation du numérique.