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Accord international sur la pollution plastique : un échec à Genève

by Sara
France, Suisse

L’espoir d’un accord international majeur pour lutter contre la pollution plastique a échoué à Genève, après dix jours de négociations entre 185 pays ; la séquence s’est soldée sans consensus vendredi 15 août 2025, laissant en suspens la mise en place d’un traité global sur la gestion des plastiques.

L’échec des négociations sur la pollution plastique à Genève

Les représentants de l’Inde et de l’Uruguay ont fait savoir qu’ils n’avaient pas réussi « à trouver un consensus ». Lors d’une séance plénière au lever du jour, le représentant de la Norvège a résumé la situation : « Nous n’aurons pas de traité sur la pollution plastique ici à Genève ». Dans un message publié sur X, la ministre française de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a réagi : « Les négociations pour un traité contre la pollution plastique ont échoué. Je suis déçue et je suis en colère ».

Délégations après négociations à Genève
Les représentants des délégations après la journée supplémentaire de négociations sur un traité mondial contre la pollution plastique, à Genève, le 14 août 2025.

Un texte de compromis présenté dans la nuit de jeudi à vendredi comportait encore « plus d’une centaine de points à clarifier ». Théoriquement, les négociations devaient s’arrêter à minuit jeudi ; le président des débats est apparu peu avant l’heure limite pour ouvrir puis refermer immédiatement une séance plénière, ce qui, selon les règles onusiennes, a permis d’ajouter quelques heures de concertation. Les discussions se sont poursuivies dans une ambiance enfiévrée et parfois désordonnée, sans aboutir à un texte de consensus.

Désaccords sur la production, l’objectif et la présidence des débats

Selon l’agence Associated Press, le dernier projet proposé ne fixait pas de limite à la production de plastique mais reconnaissait que les niveaux actuels de production et de consommation étaient « insoutenables » et qu’une action mondiale était nécessaire. Cette formulation ne satisfaisait pas de nombreux pays qui souhaitaient définir dès à présent un plafonnement de la production.

Le texte avait également été amendé pour préciser que le traité reposerait sur une approche globale prenant en compte l’ensemble du cycle de vie des plastiques. Le président des débats, le diplomate équatorien Luis Vayas Valdivieso, avait subi un revers la veille, lorsque son texte de synthèse a été rejeté par la quasi-totalité de l’assemblée plénière.

Les délégations sont restées divisées entre deux grands ensembles :

  • les pays dits « ambitieux » (Union européenne, Canada, Australie, de nombreux États d’Amérique latine, d’Afrique et des îles), favorables à des mesures strictes pour réduire la pollution plastique et protéger la santé ;
  • les pays producteurs de pétrole ou de plastique, opposés à des contraintes sur la production et aux interdictions d’additifs, et prônant un traité axé sur une meilleure gestion des déchets et leur réutilisation.

Chiffres, antécédents et réactions d’ONG

Le sujet a pris de l’ampleur alors que la production mondiale de plastique a explosé : depuis 2000, la planète a produit plus de plastique que lors des cinquante années précédentes, majoritairement des produits à usage unique et des emballages. La production actuelle, de quelque 450 millions de tonnes par an, devrait tripler d’ici à 2060 selon des projections de l’Organisation de coopération et de développement économiques ; moins de 10 % de cette production est recyclée.

Les négociations à Genève faisaient suite à un autre échec : lors de la précédente session, à Pusan (Corée du Sud), fin 2024, les pays n’avaient déjà pas réussi à produire un texte commun. L’ONG CIEL a critiqué la méthode employée par certains auteurs de textes en indiquant qu’ils « utilisent une technique bien connue : introduire d’abord un texte inacceptable, puis revenir avec un texte médiocre à prendre ou à laisser, qui montre une amélioration à la marge, mais reste loin de ce dont nous avons besoin pour faire face à la crise plastique ». Des représentants des industries pétrochimiques étaient présents dans les couloirs pendant les discussions.

Suite des démarches et portée immédiate

Après trois ans de négociations internationales, les chances d’un accord immédiat se sont révélées minces en raison de profondes divisions entre les États. La procédure onusienne ayant permis une brève prolongation des débats n’a pas suffi à concilier les positions. Les délégations repartent sans texte contraignant adopté à Genève.

Reportage et dépêches : AP et AFP.

source:https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/08/15/pollution-aux-plastiques-echec-des-negociations-pour-parvenir-a-un-accord-pour-un-traite-international_6629577_3245.html

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