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Afrique : la forêt miombo de 1,9 millions km² stocke autant de carbone que la Chine

by Sara
Afrique : la forêt miombo de 1,9 millions km² stocke autant de carbone que la Chine
Afrique du Sud, Angola, Zambie, Mozambique, Tanzanie, République démocratique du Congo, Zimbabwe

Une forêt unique au cœur de l’Afrique australe

Dans le sud de l’Afrique, à la rencontre de la savane et de la vie sauvage, s’étendent les vastes forêts miombo, couvrant près de 1,9 million de kilomètres carrés à travers sept pays africains. De la Tanzanie à la Zambie, jusqu’en Angola et au Mozambique, cette forêt joue un rôle essentiel dans le stockage du carbone, faisant d’elle un allié incontournable dans la lutte mondiale contre le changement climatique.

La forêt miombo est reconnue comme le plus grand écosystème de forêt tropicale sèche au monde. Son nom provient des arbres miombo, qui ressemblent à des chênes et qui dominent la région. Cette forêt dense est ponctuée de divers habitats, notamment des affleurements rocheux et de vastes prairies.

Contrairement aux forêts tropicales humides, la forêt miombo est relativement sèche et ouverte. Les arbres atteignent une hauteur comprise entre 10 et 20 mètres. Ils perdent leurs feuilles pendant la longue saison sèche pour en produire de nouvelles avec les premières pluies.

Sa superficie équivaut à celle du Mexique, de l’Indonésie ou encore de la Corne de l’Afrique (Somalie, Djibouti, Érythrée, Éthiopie) réunies. La majorité de cette forêt se trouve en Angola, en République démocratique du Congo, au Malawi, en Zambie, au Zimbabwe, en Tanzanie et au Mozambique.

Le miombo est un type particulier de forêt semi-décidue dominée par des arbres légumineux. Cette vaste zone écologique s’étend sur le centre et le sud de l’Afrique, faisant du miombo la forêt tropicale sèche la plus répandue au monde.

Une symbiose naturelle et des ressources durables

La forêt miombo possède des caractéristiques écologiques uniques qui la rendent particulièrement adaptée à un usage durable. Des études ont démontré qu’elle se régénère rapidement.

Cette forêt est aussi très résistante aux coupes répétées. Tant que le système racinaire n’est pas endommagé, les zones déboisées peuvent complètement se reconstituer en une vingtaine d’années.

Les arbres miombo sont associés à des champignons racinaires externes, établissant une relation symbiotique. Cette coopération produit une diversité impressionnante de champignons comestibles.

Une étude a identifié 77 espèces de champignons comestibles en République démocratique du Congo et au Burundi, dont au moins 15 sont consommées régulièrement, toutes issues des forêts miombo.

Une biodiversité remarquable

Bien que la densité de grands mammifères soit moindre que dans les célèbres savanes africaines, la forêt miombo abrite une biodiversité exceptionnelle. James Deutsch, directeur exécutif de l’organisation « Sauvez les forêts tropicales », souligne la richesse de cette diversité.

On y trouve environ 8 500 espèces de plantes ainsi que des animaux emblématiques tels que lions, léopards, lycaons, girafes et rhinocéros noirs. La forêt héberge aussi certains des plus grands troupeaux d’éléphants encore présents sur le continent.

Au-delà de son importance écologique, la forêt miombo joue un rôle crucial à l’échelle continentale et mondiale. Elle protège des bassins versants vitaux, notamment celui du fleuve Zambèze, abrite de grands mammifères et stocke d’importantes quantités de carbone.

Les forêts miombo et mobani, qui se chevauchent géographiquement, fournissent des moyens de subsistance et des ressources essentielles à plus de 300 millions de personnes. Leur valeur économique est estimée à environ 9 milliards de dollars, incluant matériaux de construction, alimentation et médecines naturelles.

Déforestation et menaces croissantes

Malgré leur importance, les forêts miombo ont subi une réduction d’environ un tiers de leur couverture forestière entre 1980 et 2020. Leur superficie est passée d’environ 2,7 millions à 1,9 million de kilomètres carrés.

Ce déclin majeur est principalement dû à la coupe des arbres pour le bois et le charbon, dans une région où l’accès à l’énergie est limité. S’y ajoutent les activités minières et l’agriculture itinérante.

Un rapport de l’organisation « Sauvez les forêts tropicales » révèle que l’entreprise portugaise Portucel vise à défricher jusqu’à 237 000 hectares, incluant des zones de forêt miombo au Mozambique, pour y planter des eucalyptus.

Selon Luthando Dziba, directeur régional pour l’Afrique de l’Est, Madagascar et l’Ouest de l’océan Indien à la Wildlife Conservation Society, la perte de ces forêts a des conséquences graves pour les communautés rurales, qui dépendent fortement des produits collectés dans la région miombo.

Le miombo, un puits de carbone sous-estimé

Une étude récente publiée dans la revue Communications Earth & Environment indique que la forêt miombo pourrait stocker jusqu’à 2,2 fois plus de carbone aérien que ce que l’on estimait auparavant.

Cette recherche, la première de ce type, parue en juillet 2024, suggère que le miombo pourrait retenir plus du double du carbone stocké au-dessus du sol que les estimations antérieures.

Ce surplus équivaut à environ 3,7 milliards de tonnes métriques supplémentaires de carbone, soit presque plus que la quantité émise dans l’atmosphère par la Chine en 2023.

Le « Partenariat pour la restauration du miombo », créé en septembre 2023 entre 11 pays et organisations, vise à stopper et à remédier aux menaces pesant sur cette forêt. Il ambitionne d’améliorer la gestion durable des forêts, leur résilience face au changement climatique, tout en soutenant le développement communautaire et en préservant le bassin du fleuve Zambèze.

source:https://www.aljazeera.net/climate/2025/4/17/%d9%85%d9%8a%d9%88%d9%85%d8%a8%d9%88-%d8%ba%d8%a7%d8%a8%d8%a9-%d8%a3%d9%81%d8%b1%d9%8a%d9%82%d9%8a%d8%a9-%d8%a8%d8%ad%d8%ac%d9%85-%d8%a5%d9%86%d8%af%d9%88%d9%86%d9%8a%d8%b3%d9%8a%d8%a7

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