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Amnesty exige la réhabilitation des « Ogoni Nine » au Nigeria

by Sara
Nigeria, Pays-Bas, Royaume-Uni, Brésil

Amnesty International a appelé le gouvernement nigérian à prononcer la réhabilitation complète des neuf militants ogoni exécutés il y a trente ans, connus sous le nom d’Ogoni Nine. Ces hommes avaient mené des campagnes pour protéger le delta du Niger contre les activités de la compagnie pétrolière Shell et pour défendre les droits des communautés locales.

Rappel des faits et du contexte

Les neuf militants, dirigés par l’écrivain et activiste Ken Saro-Wiwa, ont été condamnés et exécutés le 10 novembre 1995 après un procès qualifié d’injuste. Leurs actions avaient attiré l’attention internationale sur les impacts catastrophiques de l’exploitation pétrolière sur le climat, la santé et les moyens de subsistance des populations du delta du Niger.

Amnesty décrit ces exécutions comme l’aboutissement d’une répression violente menée par le régime militaire nigérian contre le mouvement pour la survie du peuple ogoni, qui protestait contre la pollution due aux fuites de pétrole et au torchage du gaz.

La position d’Amnesty et la demande de réhabilitation

En juin dernier, le gouvernement nigérian a accordé une mesure de grâce aux Ogoni Nine. Amnesty a salué cette décision mais l’a jugée insuffisante. L’organisation demande désormais une réhabilitation complète, estimant que la grâce ne remplace pas la reconnaissance de l’innocence et la réparation.

Issa Sanusi, directeur d’Amnesty au Nigeria, a déclaré que ces hommes avaient été exécutés à tort pour un crime qu’ils n’avaient pas commis, et que leurs familles méritent une justice pleine et entière après tant d’années de souffrance.

Accusations concernant Shell et rôle allégué dans la répression

Amnesty affirme que Shell a encouragé et soutenu les autorités militaires pour réprimer les protestations ogoni, tout en étant consciente des violations des droits humains commises par ces autorités. L’organisation considère que la compagnie connaissait, ou devait connaître, le risque d’usage excessif de la force.

Selon des enquêtes, une opération militaire massive menée en mars 1994 contre 43 villages ogonis et ayant causé de nombreuses victimes civiles aurait été lancée à la demande de Shell pour sécuriser ses opérations.

Actions judiciaires et réponses des autorités néerlandaises

En 2018, Amnesty a soumis ses conclusions à l’unité des crimes internationaux du parquet néerlandais pour évaluer la responsabilité pénale éventuelle de Shell dans la répression. Les autorités néerlandaises ont ensuite indiqué que l’opération de 1994 avait été exécutée sur demande de la société, qui savait ou aurait dû savoir que cela risquait d’entraîner un usage excessif de la force.

Cependant, le parquet néerlandais a décidé de ne pas ouvrir d’enquête pénale contre Shell, invoquant un manque de preuves permettant d’établir que la société avait intentionnellement cherché à provoquer des meurtres. Amnesty conteste cette appréciation et estime que les éléments disponibles suffisent à justifier une enquête pénale.

Conséquences pour les communautés du delta du Niger

Les impacts de l’exploitation pétrolière sur les populations locales sont profonds et durables. Amnesty souligne que, depuis des décennies, Shell et d’autres compagnies supportent la responsabilité des fuites et déversements provoqués par des pipelines vétustes, des puits mal entretenus et des opérations de nettoyage insuffisantes.

  • Environ 30 millions de personnes vivent dans le delta du Niger, pour beaucoup dans une grande pauvreté.
  • Les fuites ont causé la destruction des terres agricoles, la contamination des voies d’eau et de l’eau potable.
  • Ces dégâts ont entraîné des maladies graves et privé de nombreuses communautés de leurs moyens de subsistance (agriculture et pêche).

Amnesty estime que l’exécution des Ogoni Nine a donné une sorte de permis implicite au gouvernement et aux entreprises pétrolières pour réprimer les protestations et intimider les populations réclamant justice et dépollution.

Poursuites contre Shell et mobilisations récentes

Des communautés ogoni, notamment Ogale et Bille, n’ont pas accepté le silence face à la pollution. Cette année, elles ont intenté une action en justice contre Shell devant la High Court britannique pour exiger le nettoyage des zones contaminées et des réparations pour les dommages subis.

Ces litiges s’inscrivent dans une série de démarches internationales visant à obtenir réparation et responsabilité face aux dommages environnementaux et sociaux causés par l’exploitation pétrolière.

Appels concrets d’Amnesty à Shell et aux autorités

Amnesty demande à Shell d’engager de véritables consultations avec les communautés affectées au sujet de son retrait futur de la région. L’organisation exige également l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan global de réhabilitation.

  • Réaliser un inventaire complet des opérations de nettoyage effectuées et en cours.
  • Mettre en place un plan de dépollution exhaustif et vérifiable.
  • Verser des compensations justes et adéquates aux victimes et aux communautés affectées.

Commémoration et publication d’un nouveau rapport

Le 12 novembre, Amnesty publiera un nouveau rapport contenant une étude de cas détaillée sur la pollution pétrolière dans le delta du Niger, en hommage aux Ogoni Nine. Cette publication coïncide avec la commémoration du trentième anniversaire de leur exécution et avec l’ouverture de la conférence climatique des Nations unies au Brésil.

Par cette initiative, Amnesty cherche à maintenir la pression pour la reconnaissance, la justice et la réparation en faveur des communautés ogoni et des autres populations victimes de la pollution pétrolière.

source:https://www.aljazeera.net/news/2025/11/11/%d8%a3%d9%85%d9%86%d8%b3%d8%aa%d9%8a-%d8%aa%d8%af%d8%b9%d9%88-%d9%86%d9%8a%d8%ac%d9%8a%d8%b1%d9%8a%d8%a7-%d9%84%d8%aa%d8%a8%d8%b1%d8%a6%d8%a9-9-%d9%86%d8%b4%d8%b7%d8%a7%d8%a1

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