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Furat, Irak, pollution, sécheresse, flore invasive : le niveau du fleuve Furat a atteint ces dernières semaines ses niveaux les plus bas depuis des décennies, aggravant la pollution et favorisant la prolifération d’une flore invasive qui menace les écosystèmes aquatiques et l’approvisionnement en eau en Irak.
Furat, Irak, pollution, sécheresse, flore invasive : niveaux et impacts récents
Le fleuve Furat connaît un recul marqué de son débit, « dans les semaines récentes les plus faibles depuis des décennies, surtout dans le sud du pays », a déclaré Hassan al‑Khatib, expert à l’université de Kufa, à l’Agence France‑Presse. Ce phénomène s’inscrit dans une crise de sécheresse qualifiée par des spécialistes de la pire que l’Irak ait connue, un pays particulièrement vulnérable aux changements climatiques.
La baisse du débit accentue la pollution et perturbe le système biologique du fleuve : l’eau stagnante favorise la multiplication rapide des algues et l’expansion du « wort du Nil » (eichhornia), une plante invasive déjà observée dans les bassins depuis les années 1990. Selon les autorités, ces développements sont plus visibles dans le sud du pays, où la qualité de l’eau se détériore.
Chiffres et réserves d’eau
Le porte‑parole du ministère des Ressources en eau, Khalid Shamal, a averti que l’Irak « a aujourd’hui le plus faible stock d’eau de son histoire, et reçoit moins de 35 % de la part d’eau qui devrait lui revenir » des fleuves Tigre et Furat. Ces deux cours d’eau, qui ont alimenté la Mésopotamie pendant des millénaires, prennent leur source en Turquie; les autorités irakiennes imputent en grande partie la réduction du débit aux barrages turcs.
Les réserves des lacs artificiels ont chuté de 10 milliards de mètres cubes fin mai à moins de 8 milliards de mètres cubes, soit moins de 8 % de la capacité totale, selon le ministère. Pour maintenir un débit minimum dans le Furat, Bagdad a dû puiser dans ses réserves déjà réduites, une pratique que les responsables jugent difficilement soutenable à long terme.
Pollution, algues et manque d’oxygène
La diminution du débit s’accompagne d’une dégradation de la qualité de l’eau : les lâchers d’eau depuis de vieux réservoirs semblent avoir favorisé des proliférations algales qui consomment l’oxygène dissous et mettent en danger la faune aquatique. Hassan al‑Khatib souligne que « l’expansion et la densité des algues risquent d’affecter la vie à l’intérieur du fleuve, en plus de l’apparition accrue de la plante fleur du Nil ». Ces épisodes d’eutrophisation accroissent aussi le risque de pollution bactérienne.
Réponses des autorités et zones les plus touchées
Le ministère de l’Environnement irakien a mis en garde contre une augmentation de la contamination bactérienne et signale la présence d’étendues importantes d’algues dans la province de Karbala. Il a également évoqué une « détérioration importante » de la qualité de l’eau dans la province voisine de Najaf.
La zone du lac de Najaf, autrefois riche en biodiversité aquatique, s’est transformée en mares stagnantes disséminées dans le bassin. À Nassiriya (capitale de la province de Thi‑Qar), des fleurs de la plante « ward al‑nil » (eichhornia) ont été observées, consommant une large part de la maigre eau restante du fleuve.
Le ministère de l’Environnement affirme que « les directions de l’eau dans les villes du Furat moyen appliquent des normes scientifiques strictes pour la potabilisation », et que « la qualité de l’eau est conforme aux normes acceptables » et propre à la consommation humaine. Cette communication souligne la volonté des autorités de rassurer sur la gestion sanitaire, malgré la dégradation générale des ressources.
Caractéristiques de la « fleur du Nil »
La plante invasive, présente en Irak depuis les années 1990, absorbe jusqu’à 5 litres d’eau par plante et par jour, selon les observations citées par les experts. Elle réduit la pénétration de la lumière et l’oxygénation des eaux, contribuant au déclin des habitats aquatiques et au stress des populations de poissons.
Conséquences écologiques et mesures immédiates
La conjonction d’un apport hydrique réduit, de lâchers ponctuels d’eau depuis des réservoirs vieillissants et de la prolifération de plantes invasives pèse sur l’écosystème du Furat et sur les usages humains de l’eau. Les autorités ont pour l’instant recours à des lâchers d’eau supplémentaires pour maintenir un débit, mais elles reconnaissent que cette mesure pourrait ne pas être durable.
Sur le plan sanitaire et environnemental, les régions du sud semblent les plus exposées : diminution de la biodiversité aquatique, risques accrus de contamination et pressions sur l’approvisionnement en eau potable. Les services publics poursuivent le traitement de l’eau et la surveillance, tandis que les responsables nationaux pointent vers des causes à l’amont, notamment les retenues en amont des cours d’eau.