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Le réchauffement climatique atteint des régions jusque-là préservées, comme la Sibérie, où la fonte du pergélisol modifie profondément le paysage et menace les infrastructures humaines. Un phénomène visible à travers les monticules appelés bylars en langue iakoute, qui sculptent un horizon de polygones bosselés depuis plusieurs décennies.
Un paysage en mutation sous l’effet du réchauffement
Nikita Tananaev, directeur du laboratoire du climat de l’Université fédérale du Nord-Est à Iakoutsk, capitale de la Iakoutie en Extrême-Orient russe, décrit un paysage transformé par la fonte accélérée du pergélisol. Si ces ondulations du sol, formant des polygones de plus d’un mètre de hauteur, n’étaient pas inédites, leur prolifération récente est alarmante.
Selon lui, « le sommet de ces formations reste stable, seuls les espaces entre les monticules s’enfoncent ». Ce phénomène est directement lié à la dégradation rapide de la glace souterraine sous-jacente, mise à mal par le réchauffement climatique.
Des températures exceptionnellement élevées
L’anomalie est marquante à Iakoutsk, où la température moyenne en janvier descend habituellement à -40°C. L’année dernière, la ville a connu un record avec -8°C, illustrant la montée des températures dans la région.
Le pergélisol, un sol gelé en péril
Le pergélisol, ou permafrost, est une couche de sol gelée en permanence qui recouvre près de 65 % du territoire russe. Sous forme de polygones glacés, il maintient la stabilité du sol. Sa fonte provoque l’affaissement des espaces entre les monticules, ce qui crée les bosses visibles et fragilise les sols.
Cette dégradation menace les villes et villages proches, où les bâtiments, bien que construits sur pilotis solides enfoncés dans le pergélisol, commencent à subir des déformations inquiétantes. Avec l’intensification du dégel, ces mesures de construction risquent bientôt de ne plus suffire à garantir la stabilité des infrastructures.
Un avertissement préoccupant des autorités
Mikhaïl Kouznetsov, responsable de l’Agence fédérale pour le développement de l’Orient russe, avait alerté l’an passé sur l’état des constructions régionales. Il indiquait que plus de 40 % des édifices bâtis sur ce sol gelé présentaient déjà des déformations importantes.
Avec une hausse moyenne des températures de 1,5°C au cours des 30 dernières années, voire jusqu’à 2°C localement, la fonte du pergélisol s’intensifie, exacerbant les risques pour les populations et les infrastructures de Sibérie.
Un danger climatique et sanitaire majeur
Au-delà des dégâts matériels, la fonte du pergélisol libère dans l’atmosphère d’importantes quantités de gaz à effet de serre, principalement du dioxyde de carbone et du méthane, piégés dans la glace depuis des millénaires. Ces émissions contribuent à accélérer le changement climatique à l’échelle mondiale.
Par ailleurs, la glace emprisonne également microbes et virus anciens, relâchés potentiellement lors du dégel. Ce facteur pourrait engendrer une crise sanitaire, en exposant les populations à des agents pathogènes inconnus depuis longtemps.