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Des tas d’ordures nauséabondes, couverts de mouches, jonchent la bande de Gaza parmi les ruines laissées par la guerre. La gestion des déchets est devenue un défi majeur, alors que l’ONU prévient que l’évacuation de centaines de milliers de tonnes de déchets sera extrêmement difficile.
Les décombres, les monticules d’ordures le long des routes et les déchets dispersés entre les tentes où vivent de nombreux déplacés dressent un tableau inquiétant de la situation sanitaire dans le territoire.
Un paysage d’ordures et de décombres
Les services publics, dont la collecte des ordures, se sont arrêtés dès le début des hostilités. Depuis le mois dernier, ces services ont repris partiellement, mais l’ampleur des destructions rend toute opération de nettoyage globale très difficile à court terme.
« Je ne respire plus d’air pur. Il y a une odeur insupportable dans ma tente. Je ne peux pas dormir, mes enfants se réveillent le matin en toussant », raconte Mahmoud Abu Reida en montrant une benne à ordures proche de la tente qu’il partage avec son épouse et leurs quatre enfants à Khan Younès.

Des enfants palestiniens cherchent des objets parmi les déchets près d’une décharge à Khan Younès, au sud de la bande de Gaza.
Maladies et risques sanitaires
Les tas d’ordures en décomposition, les bassins remplis d’eaux usées, les déchets dangereux provenant des sites de bombardement et la fumée toxique émanant de la combustion de tissus et de plastiques créent un environnement insalubre pour la population.
Alessandro Mrakich, chef du bureau du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à Gaza, alerte sur l’ampleur du problème : les décharges étaient déjà pleines avant la guerre et trois sites principaux de stockage, situés le long de la frontière avec Israël, sont désormais inaccessibles aux Palestiniens.
« Nous parlons de deux millions de tonnes de déchets non traités à travers Gaza », précise-t-il, soulignant le risque considérable pour l’environnement, la nappe phréatique et la santé des habitants.
De nombreux résidents souffrent de troubles digestifs et de maladies de peau — diarrhée, éruptions, ulcères, poux et gale — et les médecins des structures surchargées attribuent ces problèmes à la contamination ambiante.
Sami Abu Taha, dermatologue au centre médical de campagne koweïtien de Khan Younès, explique que les affections cutanées sont devenues fréquentes en raison de la promiscuité dans les tentes et de la proximité des décharges. Il déplore en outre le manque de médicaments pour traiter ces pathologies.

Deux enfants portent des sacs au milieu des amas d’ordures qui se répandent entre les tentes dans la bande de Gaza.
Infrastructures endommagées et réponses attendues
À Khan Younès, Mahmoud Hales vit près d’un bassin d’eaux usées stagnantes. Il affiche des taches rouges sur le bras et la main et décrit l’endroit comme « rempli de maladies et d’épidémies » en raison des conséquences de la guerre, des tas d’ordures et de l’absence de traitement des eaux usées.
Une grande partie du réseau d’assainissement de Gaza a été gravement endommagée par les bombardements et les opérations terrestres. Les habitants sont parfois contraints d’utiliser des latrines à ciel ouvert, inondées lors des pluies.
Le PNUD élabore des plans pour faire face au problème des déchets, y compris l’examen d’options de traitement susceptibles de produire de l’électricité à partir des déchets. Mais, selon Mrakich, des actions immédiates sont indispensables.
Il insiste sur la nécessité d’orchestrer l’accès aux machines et équipements permettant d’intervenir efficacement sur le terrain.
Parmi les besoins urgents identifiés :
- Accès sécurisé aux sites de décharge et réparations des infrastructures d’assainissement.
- Fourniture de matériel lourd (pelles mécaniques, bennes, compacteurs) pour le nettoyage.
- Mise en place d’installations de traitement des déchets et d’options de valorisation énergétique.
- Approvisionnement en médicaments et en soins pour limiter les épidémies et traiter les affections cutanées et gastro-intestinales.
Jaco Sillers, représentant du PNUD en Palestine, souligne que la gestion des déchets solides est un obstacle majeur à la reconstruction, d’autant plus que de nombreux déplacés vivent à proximité des points de collecte des ordures.
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