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Les algues plastiques sont étudiées comme une alternative possible au plastique traditionnel : face à l’invasion des déchets plastiques dans les écosystèmes et à la présence de microparticules dans les organes humains, chercheurs et entrepreneurs explorent les propriétés «plastifiantes et gélifiantes» des végétaux marins pour fabriquer des objets du quotidien.
Algues plastiques : expérimentation industrielle et recherches scientifiques
Partout dans le monde, les déchets plastiques colonisent plages, océans, forêts, prairies, cours d’eau et montagnes. Les conséquences sont visibles : des animaux meurent après avoir ingéré des fragments de matériel dérivé du pétrole, et des études ont mis en évidence la présence de particules microscopiques dans des organes humains. Dans ce contexte, certains laboratoires et start-up se tournent vers les algues comme matière première alternative.
Les algues, qu’elles soient rouges, vertes ou brunes, présentent une texture étonnamment proche de celle de certains plastiques : elles peuvent être résistantes, élastiques et offrir des propriétés qui permettent de les transformer en films ou en matrices. «plastifiantes et gélifiantes», explique Philippe Potin, directeur de recherche en biologie marine au CNRS et spécialiste des algues, résumant ainsi l’intérêt scientifique porté à ces végétaux marins.
Entreprises et produits déjà commercialisés
En France, des sociétés ont commencé à industrialiser ces matériaux. La société Algopack fabrique des produits à 100 % issus des algues : emballages, lunettes, stylos, gobelets et autres objets du quotidien sont cités comme exemples de débouchés concrets pour ces nouveaux matériaux. Ces initiatives montrent la faisabilité technique d’articles composés exclusivement d’algues, sans additifs d’origine pétrochimique.
Par ailleurs, l’ingénieur Philippe Michon et le chimiste Philippe Lavoisier ont lancé la start-up Eranova en 2016, témoignant de la dynamique entrepreneuriale autour de la valorisation des algues. Le mouvement combine compétences d’ingénierie, chimie et biologie marine pour transformer la matière végétale marine en matériaux utilisables à grande échelle.
Marché de niche et concurrence pétrochimique
Malgré ces avancées, le marché reste encore marginal. Face à l’industrie pétrochimique, qui fournit des plastiques à très grande échelle et à faible coût, les matériaux à base d’algues constituent un segment de niche offrant peu de débouchés comparativement aux volumes actuels de production plastique. Le développement de filières durables nécessite des investissements, des infrastructures et des circuits de collecte et de transformation adaptés, éléments encore limités aujourd’hui.
Le contraste entre la faisabilité technique attestée par des start-up et laboratoires et la réalité commerciale illustre un des freins majeurs à l’adoption généralisée des algues plastiques : la transition d’expériences et prototypes vers une production industrielle compétitive reste à franchir.
La recherche continue d’explorer les potentialités des algues pour des applications variées, tout en documentant leurs performances mécaniques et leur comportement en conditions d’usage réelles. Les interactions entre équipes de recherche, petites entreprises et acteurs industriels seront déterminantes pour augmenter les débouchés de ces matériaux marins.
Parallèlement, les tentatives internationales pour encadrer et réduire la pollution plastique n’ont pas toujours porté leurs fruits. À titre d’exemple, un projet de traité mondial visant à limiter ce fléau a de nouveau échoué le vendredi 15 août, poussant certains acteurs à accélérer les solutions alternatives telles que les matériaux à base d’algues.
«plastifiantes et gélifiantes»
— Philippe Potin, directeur de recherche en biologie marine au CNRS
Les algues plastiques offrent donc une piste tangible pour diminuer la dépendance aux polymères d’origine pétrochimique, mais elles doivent encore surmonter des obstacles industriels, économiques et logistiques avant de pouvoir remplacer à grande échelle les plastiques actuels. Les expérimentations menées par des entreprises comme Algopack et des start-up créent des cas d’usage concrets, tandis que la recherche scientifique continue d’affiner la compréhension des propriétés physiques et chimiques de ces matières.