Table of Contents
Délai supplémentaire pour la loi anti-déforestation de l’Union Européenne
Le règlement de protection des forêts, qui visait à interdire la commercialisation dans l’UE de produits provenant de terres récemment déboisées, subit un report jusqu’à fin 2025, en raison des pressions exercées par les États-Unis et le Brésil. Ce changement a suscité la colère des ONG environnementales.
Une législation controversée
La Commission européenne a annoncé, le 2 octobre, qu’elle envisage de retarder d’un an l’entrée en vigueur de la législation anti-déforestation de l’Union européenne. Initialement prévue pour entrer en vigueur le 30 décembre 2024, cette nouvelle date pourrait désormais être fixée à fin 2025, sous réserve de validation par les États membres et le Parlement européen.
Ce règlement vise à interdire l’importation dans l’UE de produits comme le cacao, le café, le soja, l’huile de palme, le bois, la viande bovine, le caoutchouc et le cuir, s’ils proviennent de terres déboisées après décembre 2020. Les entreprises importatrices devront fournir la traçabilité grâce à des données de géolocalisation et des images satellites.
Pression internationale et levée de boucliers
La Commission européenne a souligné que _« des partenaires mondiaux ont exprimé à plusieurs reprises leurs inquiétudes »_ concernant la mise en œuvre de cette loi. L’exécutif européen justifie le report d’un an par la nécessité d’accorder un _« délai supplémentaire de douze mois pour la mise en place progressive du système »_. Cette réglementation, adoptée après de nombreux débats et promulguée en 2023, a rencontré une forte opposition de la part des acteurs du secteur agroalimentaire et de plusieurs États d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud.
Réactions des pays concernés
De nombreux pays, comme la Malaisie et l’Indonésie, ont dénoncé ce projet comme une _« barrière commerciale »_ limitant l’accès au marché. Le gouvernement brésilien a également émis des craintes quant à un _« instrument unilatéral et punitif »_, qui pourrait nuire à ses exportations. De plus, l’Allemagne a exprimé son soutien à un délai supplémentaire pour permettre aux entreprises de mieux se préparer.
Impact sur les négociations commerciales
Le report de cette législation intervient alors que des négociations pour un accord de libre-échange entre l’UE et les pays sud-américains du Mercosur sont en cours. La loi anti-déforestation constitue un obstacle significatif à cet accord souhaité par l’industrie allemande. Au sein du Parlement européen, certains partis politiques demandaient déjà un report, qualifiant cette réglementation de _« monstre bureaucratique »_.
Les ONG en alerte
Malgré ces contestations, les ONG environnementales jugent cette législation essentielle et espèrent qu’elle pourrait servir de modèle à d’autres régions du monde. Le report d’un an a suscité des inquiétudes parmi ces groupes, qui craignent qu’il ne mène à un affaiblissement des règles environnementales établies. _« Reporter cette loi, c’est comme jeter un extincteur par la fenêtre alors que le bâtiment est en feu. C’est un acte de vandalisme envers la nature »,_ a déclaré l’ONG Mighty Earth.
Greenpeace a critiqué cette décision, affirmant que _« les Européens ne veulent pas de produits issus de la déforestation dans les rayons des supermarchés »_. L’eurodéputée écologiste Marie Toussaint a également fait état d’une _« alerte rouge sur la déforestation »_, tandis que Pascal Canfin, eurodéputé centriste, a regretté cette décision de report au moment où les forêts tropicales continuent de disparaître à un rythme alarmant.
Conséquences de la déforestation
Selon l’ONG WWF, l’Union européenne serait responsable de 16 % de la déforestation mondiale liée à ses importations (notamment de soja et d’huile de palme). Elle se positionne ainsi comme le deuxième acteur derrière la Chine dans la destruction des forêts tropicales.