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Rien ne prouve que le résonance de Schumann annonce des catastrophes en Méditerranée

by Sara
Rien ne prouve que le résonance de Schumann annonce des catastrophes en Méditerranée
Méditerranée, monde

De temps à autre, sur les réseaux sociaux, circulent des publications ou des tweets alertant d’« irrégularités inédites » dans la fréquence de Schumann, accompagnés d’affirmations prétendant que cela annonce une « grande catastrophe imminente », qu’il s’agisse d’un séisme ou d’un tsunami.

D’autres avancent que la fréquence de Schumann représente « le pouls de la Terre » ou « le pouls de Gaïa », indiquant que la fréquence naturelle de 7,83 Hz serait celle de la Terre et que le corps humain devrait s’y accorder. Certains commercialisent même des appareils émettant des ondes à 7,83 Hz, prétendant réduire le stress, traiter l’anxiété, équilibrer « l’énergie intérieure » et protéger contre les rayonnements électromagnétiques.

Par ailleurs, dans des forums ou groupes conspirationnistes, on affirme que les gouvernements brouillent délibérément cette fréquence (via la technologie 5G des réseaux mobiles) pour affaiblir les humains. Mais ces allégations résistent-elles à l’examen critique ?

Le phénomène de la résonance de Schumann

La Terre n’est pas silencieuse : au-delà des bruits naturels, du trafic et de la technologie, notre planète émet un bourdonnement électromagnétique invisible connu sous le nom de résonance de Schumann.

Ces fréquences naturelles, peu connues du grand public, sont étudiées en physique de l’atmosphère, en météorologie spatiale et pour comprendre le climat terrestre. Pourtant, elles ont été mêlées à des interprétations pseudo-scientifiques et spirituelles très éloignées de leurs fondements scientifiques.

La fréquence de Schumann désigne un ensemble d’ondes électromagnétiques à très basse fréquence, qui oscillent entre la surface de la Terre et l’ionosphère (couche chargée de l’atmosphère supérieure). Certains la présentent comme le « rythme cardiaque » de la Terre, non pas au sens biologique, mais comme un phénomène électromagnétique global naturel.

Cette résonance survient parce que l’espace entre la Terre et l’ionosphère agit comme une cavité de résonance géante, similaire au corps d’une guitare permettant à ses cordes de vibrer et produire un son.

Elle porte le nom du physicien allemand Winfried Otto Schumann, qui prédit son existence en 1952 à partir des équations de Maxwell démontrant que les ondes électromagnétiques peuvent osciller dans cette cavité sous certaines conditions.

Si la théorie de Schumann était initialement spéculative, Nikola Tesla avait mesuré la fréquence de 7,83 Hz au début du XXe siècle, confirmée ensuite dans les années 1960 grâce à des instruments sensibles.

Origine et mécanisme

La résonance de Schumann est due aux décharges électriques des éclairs. Chaque jour, plus de 8 millions d’éclairs frappent la Terre, chacun générant une impulsion électromagnétique puissante qui se propage dans l’atmosphère.

Certaines ondes se réfléchissent entre la surface terrestre et l’ionosphère, restant prisonnières dans cette cavité et vibrent à des fréquences spécifiques, un peu comme les cordes d’un instrument à cordes.

Cette cavité agit comme une boîte confinée où les ondes stationnaires se superposent et produisent une résonance précise, comparable à un écho dans une caverne.

La mesure précise de la résonance de Schumann est utile dans de nombreux domaines, notamment pour estimer l’activité mondiale des éclairs. Les variations à long terme de son amplitude ou fréquence peuvent refléter des modifications de la température globale, de l’humidité ou de l’activité solaire.

De plus, les fluctuations du vent solaire et des tempêtes géomagnétiques impactent l’ionosphère, entraînant des changements dans les caractéristiques de la résonance.

Des liens non établis avec les catastrophes naturelles

Certaines études ont suggéré un lien possible entre la résonance de Schumann et les tremblements de terre. Cependant, ces résultats sont confrontés à plusieurs limites :

  • Des anomalies observées dans la résonance ont été détectées aussi bien durant des séismes que lors de périodes sans activité sismique.
  • Les preuves restent insuffisantes et les tentatives de confirmer ces liens par d’autres équipes ont échoué.
  • Aucune publication scientifique majeure ne valide aujourd’hui ce type d’hypothèse.

En conséquence, il est impossible de tirer des conclusions fiables à partir d’études isolées. Dans les sciences, une validation exige un consensus fondé sur des recherches approfondies et répétées.

À ce jour, aucune technologie ou théorie ne prédit avec certitude la survenue des séismes ; toutes les approches demeurent hypothétiques selon l’US Geological Survey.

De même, aucun lien solide n’existe entre la fréquence de Schumann et d’autres catastrophes naturelles comme les éruptions volcaniques ou les tsunamis. De rares études ont noté des variations temporaires lors d’éruptions majeures, mais celles-ci sont faibles, ponctuelles et non systématiques.

Par exemple, après le tsunami de l’océan Indien en 2004, des chercheurs ont observé des modifications électromagnétiques, sans toutefois établir d’impact direct sur la résonance de Schumann.

Entre pseudoscience et spiritualité détournée

Les prétendus liens entre la résonance de Schumann et le corps humain reposent toujours sur des recherches préliminaires. Les preuves s’appuient souvent sur des échantillons réduits, des expériences limitées ou des résultats contradictoires.

Les scientifiques n’ont jamais conçu d’appareils thérapeutiques fiables fondés sur cette résonance, ni validé d’effets concrets sur la santé mentale ou physique.

Toutefois, ces idées infondées sont récupérées par le mouvement pseudoscientifique, particulièrement en Occident, où elles sont amplifiées et présentées comme des vérités scientifiques.

Certaines sectes ou mouvements religieux, comme ceux du « Nouvel Âge », intègrent ces notions dans des pratiques de soin ou de méditation sans fondements empiriques.

Ils utilisent des métaphores et analogies issues de la science expérimentale ou des théories reconnues, donnant l’illusion d’un discours scientifique. Par exemple :

  • Des approches de « guérison quantique » sans aucun lien véritable avec la physique quantique.
  • La notion de « cosmos holographique », hypothèse sérieuse détournée pour évoquer des entités interconnectées par des fréquences et dimensions multiples.

Ceci illustre un usage abusif du vocabulaire scientifique pour décrire des croyances et pratiques essentiellement non scientifiques.

Ces mouvements, associés à la spiritualité occidentale moderne (théosophie, astrologie, magnétisme), prônent des soins par l’énergie et des phénomènes paranormaux, déguisés sous un langage pseudo-scientifique.

En définitive, ces courants sont qualifiés par les chercheurs de simplifications erronées, s’appuyant sur des termes scientifiques décontextualisés et sans preuves expérimentales.

source:https://www.aljazeera.net/science/2025/7/1/%d8%b1%d9%86%d9%8a%d9%86-%d8%b4%d9%88%d9%85%d8%a7%d9%86-%d9%87%d9%84-%d9%84%d9%87-%d8%a3%d9%8a-%d8%b9%d9%84%d8%a7%d9%82%d8%a9-%d8%a8%d9%83%d9%88%d8%a7%d8%b1%d8%ab-%d9%82%d8%a7%d8%af%d9%85%d8%a9

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