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Accord de défense entre Russie et Corée du Nord : Impact global limité

by Sara
Russie, Corée du Nord, Ukraine

Accord de défense entre Russie et Corée du Nord : Impact global limité

Des experts cités par la presse française estiment que l’accord de défense entre Russie et Corée du Nord, qui pourrait inclure le déploiement de jusqu’à 10 000 soldats nord-coréens en Ukraine, est peu susceptible d’entraîner un escalade militaire mondiale. Toutefois, la mise en œuvre de cette « partenariat stratégique » pourrait menacer la stabilité régionale dans la zone Asie-Pacifique, où une confrontation accrue avec l’Occident se fait sentir.

Réactions des experts

Pascal Daïz-Bergon, spécialiste des affaires coréennes, a déclaré qu’il « ne voyait pas comment cela pourrait conduire à une escalade de la guerre mondiale », ajoutant que la Corée du Nord est simplement une « petite dictature » ne représentant pas une menace réelle pour la paix mondiale, surtout avec un budget militaire bien inférieur à celui de Corée du Sud.

De son côté, Marie Dumoulin du Centre européen pour les relations extérieures a souligné que l’envoi de soldats nord-coréens peu expérimentés sur un champ de bataille étranger « n’aura pas un grand impact opérationnel ». Cependant, Moscou pourrait tirer parti de la « clause de solidarité » pour soutenir la Corée du Nord en cas d’escalade des tensions avec la Corée du Sud, un allié historique des États-Unis.

Déclarations du président ukrainien

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé vendredi que les troupes nord-coréennes pourraient commencer à s’engager dans les combats contre ses forces à partir de dimanche, suscitant des craintes d’une nouvelle escalade dans la guerre. Néanmoins, la Corée du Nord a précisé que tout déploiement de ses forces en Russie serait « conforme » au droit international, sans confirmer ni infirmer la présence de ses troupes sur le sol russe, ce qui a provoqué des critiques de la part des États-Unis et de la Corée du Sud.

Par ailleurs, la Douma russe a voté jeudi à l’unanimité en faveur de la ratification d’un traité de partenariat de défense stratégique complet entre la Russie et la Corée du Nord, stipulant une « aide mutuelle » en cas d’agression.

Le rôle de la Chine et de l’Iran

Alors que le nombre de troupes nord-coréennes et leurs missions en Ukraine demeurent flous, de nombreux experts doutent que des puissances militaires majeures comme la Chine et l’Iran s’engagent dans un conflit direct sur le front ukrainien.

Daïz-Bergon souligne qu' »il n’y a pas de jeu d’alliances entre les grandes puissances comme c’était le cas avant la Première Guerre mondiale ». Il note que la Chine se concentre principalement sur Taïwan et soutient la guerre en Ukraine d’un point de vue stratégique, mais ne la considère pas comme une priorité. Quant à l’Iran, ses priorités restent centrées sur le Moyen-Orient.

Conséquences potentielles

D’après Darcy Draoudt, chercheuse au Centre Carnegie, les combats que pourraient mener les troupes nord-coréennes en Ukraine pourraient leur fournir une expérience de combat et une opportunité de tester leurs systèmes d’armement avancés, ce qui pourrait entraîner des « transformations radicales dans l’équilibre sécuritaire de la péninsule coréenne ».

Isabelle Falcon, directrice adjointe de la Fondation pour la recherche stratégique spécialisée dans les politiques de sécurité russe, affirme que le partenariat entre Moscou et Pyongyang est un moyen de montrer qu’ils ne sont pas isolés sur la scène internationale.

Une nouvelle guerre froide ?

Andrew Yoo, chercheur à la Brookings Institution, estime que la Russie est prête à s’engager dans une « politique de blocs » et à restaurer le concept de « nouvelle guerre froide » par la formation d’un front d’États non alignés ou anti-occidentaux.

La Chine, considérée comme le principal soutien du régime nord-coréen, adopte pour l’instant une position relativement neutre face au partenariat défensif entre la Russie et la Corée du Nord. Falcon précise que Pékin, malgré son impartialité, « accueille ces développements » avec l’idée de créer un « centre de sécurité militaire » autour de lui en Asie.

Cependant, Yoo pense que Pékin pourrait craindre que le rapprochement entre Pyongyang et Moscou ne réduise son influence à Pyongyang, et ne donne aux États-Unis une raison supplémentaire de renforcer les alliances militaires dans la région, notamment entre l’OTAN et le Japon ainsi que la Corée du Sud.

Ces développements soulèvent des questions quant à savoir si une éventuelle escalade militaire en Asie pourrait affecter la stabilité régionale et inciter l’Occident à renforcer ses forces et alliances dans la région.

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