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L’analyste stratégique italien Giuseppe Gagliano attire l’attention sur l’intensification des pressions chinoises contre Taïwan, décrivant une approche qualifiée de « guerre sans dégâts » visant à affaiblir l’île sans la détruire, afin de la contraindre à accepter les demandes de Pékin de manière « pacifique ». Le ministère de la Défense de Taïwan a lancé un avertissement préoccupant, affirmant que la Chine multiplie systématiquement ses activités militaires autour de l’île.
Pressions et réponses immédiates
Face à cette pression, Taipei renforce ses défenses antidrone et multiplie ses capacités de réaction rapide, notamment sur les îles éloignées. Des unités d’élite de l’armée taïwanaise y mènent des entraînements spécifiques pour accroître la préparation aux menaces non conventionnelles.
Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie globale visant à protéger les infrastructures critiques et à maintenir la cohésion interne en cas d’escalade prolongée.
Une « guerre non conventionnelle » en cinq étapes
Selon un article du Geopolitical Monitor cité par Gagliano, Pékin privilégie une approche autre qu’une guerre conventionnelle destructrice. L’objectif est d’user Taïwan progressivement à travers une doctrine structurée en cinq étapes :
- Frapper les infrastructures vitales pour paralyser les capacités logistiques et économiques.
- Mener une guerre psychologique et une désinformation médiatique pour déstabiliser l’opinion publique.
- Combiner attaques cybernétiques et actions physiques simultanées.
- Mettre en place un encerclement militaire progressif autour de l’île.
- Créer un chaos politique interne afin de faire plier les autorités taïwanaises.
La stratégie de résilience de Taïwan
La réponse de Taïwan ne se limite pas au seul volet militaire. D’après Foreign Affairs, Taipei adopte une stratégie de résilience reposant sur trois piliers principaux :
- Renforcement des capacités militaires et des forces de réserve.
- Construction d’infrastructures flexibles et résistantes aux attaques.
- Consolidation du tissu social pour maintenir la cohésion nationale.
En juillet, les manœuvres « Han Kuang » ont mobilisé plus de 20 000 réservistes. Les exercices ont simulé des attaques sur des infrastructures critiques, avec des chars déployés en milieu urbain et des scénarios ciblant ponts et passages stratégiques.
Lors de ces exercices, les autorités ont transformé parkings et stations de métro en abris antiaériens, et converti écoles et centres civils en hôpitaux et centres logistiques. ONG et forces de police ont été mobilisées pour améliorer la capacité de réaction en cas d’urgence.
Alliances, dépenses et risque d’escalade
Sur le plan international, les accords et l’aide extérieure renforcent la posture de Taipei. En février, un accord de défense avec les États-Unis d’un montant de 761 millions de dollars a été conclu, tandis que Taïwan envisage d’augmenter ses dépenses militaires de 3 % à 5 % du PIB, signe d’une préparation à un conflit long et multidimensionnel.
Parallèlement, la Maison-Blanche a confirmé que le président américain Donald Trump rencontrera le président chinois Xi Jinping lors d’une tournée asiatique, le contexte diplomatique s’avérant tendu. La porte-parole Caroline Leavitt a indiqué que Trump participera au sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique prévu en Corée du Sud les 31 octobre et 1er novembre, avant de visiter le Japon et la Corée du Sud.
La presse américaine avertit que les relations entre les États-Unis et la Chine sont dans une phase dangereuse, où un incident militaire accidentel devient plus probable. Les tensions augmentent en mer de Chine méridionale et dans le détroit de Taïwan, avec une multiplication des interceptions aériennes et maritimes entre forces américaines et chinoises.
Enjeux et perspectives
La confrontation entre la stratégie chinoise d’usure et le renforcement de la résilience taïwanaise, soutenu par des alliances extérieures, risque de provoquer une recomposition des équilibres stratégiques en Asie de l’Est. L’éventualité d’un conflit global autour de Taïwan demeure un facteur de première importance pour la sécurité régionale.
Le scénario à privilégier reste pour l’instant une compétition multidimensionnelle, faite d’opérations cyber, d’influence et de postures militaires, plutôt qu’un conflit conventionnel massif. Toutefois, la montée des incidents aériens et maritimes accroît le risque d’escalade involontaire.