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Un nouveau pas franchi dans la dissuasion nucléaire. Réunis ce jeudi à Northwood, une base militaire près de Londres, qui abrite un commandement de l’Otan, Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer vont annoncer des décisions importantes en matière de coopération nucléaire.
La dissuasion nucléaire en Europe
La France et la Grande-Bretagne sont les deux seuls pays d’Europe dotés de l’arme atomique, mais leurs capacités présentent certaines différences. Paris dispose de deux composantes : une aérienne, avec la bombe sous les ailes des Rafale, et une océanique, représentée par ses quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE). Londres, quant à elle, s’appuie uniquement sur sa composante sous-marine. De plus, les Britanniques participent au comité de planification nucléaire de l’Otan, contrairement aux Français. La dissuasion française est totalement autonome, tandis que les Britanniques bénéficient d’une coopération étroite avec les États-Unis.
Engagements de sécurité
Selon l’Élysée, Macron et Starmer annonceront qu’ils « n’envisagent pas de menace extrême sur la sécurité de l’Europe qui ne susciterait pas une réponse rapide de leur part ». Cela signifie que les deux puissances nucléaires s’engagent à intervenir en cas d’attaque contre un partenaire européen. Bien que les collaborateurs élyséens n’aient pas fourni de détails, cela implique que la riposte pourrait être conventionnelle, et dans un cas « extrême », nucléaire.
Implications pour l’Ukraine
Les déclarations de Macron seront particulièrement scrutées à Moscou, le terme de « menace extrême » visant en priorité la Russie, accusée de représenter une « menace existentielle ». L’absence de précisions sur la nature d’une éventuelle riposte souligne l’ambiguïté stratégique, élément essentiel d’une dissuasion crédible. Il reste également à déterminer quels pays d’Europe seraient concernés, notamment si l’Ukraine bénéficierait de cette protection, ce qui semble logique dans le cadre des projets de déploiement d’une force de réassurance par Paris et Londres.
Coordination des forces nucléaires
Le chef de l’État et le Premier ministre préciseront que leurs « forces nucléaires sont indépendantes, mais peuvent être coordonnées ». Chaque nation conservera la décision ultime, sans automaticité, mais une concertation sera possible sur des aspects comme la détermination de cibles et le type d’opérations.
Création d’un groupe de supervision nucléaire
La présidence a également annoncé qu’un « groupe de supervision nucléaire » sera établi, coprésidé par l’Élysée et le « Cabinet office » britannique. Ce réarrangement du Royaume-Uni avec l’Europe à travers Paris répond également au désengagement des Américains sur le continent. Les tensions qui émergent des déclarations et des changements de politique à Washington montrent que le parapluie sécuritaire américain est de moins en moins fiable.
Réactions en France
Ce tournant ne manquera pas d’entraîner des réactions sur la scène intérieure française. Emmanuel Macron, en mars dernier, avait suscité des controverses avec sa proposition d’« ouvrir le débat » sur une dimension européenne à la dissuasion, provoquant des critiques, notamment de Marine Le Pen. Ce dernier a défendu la coopération en la qualifiant d’« avancée historique, qui marque un tournant dans la relation franco-britannique ».