Intégration des milices dans l’armée somalienne : enjeux et défis

Intégration des milices dans l’armée somalienne : enjeux et défis

Dans le but de renforcer les capacités de l’armée somalienne tant en effectifs qu’en expertise militaire, l’idée d’intégrer les milices armées au sein des forces armées a émergé. Cela fait suite à leur rôle significatif dans les récentes victoires sécuritaires du gouvernement somalien contre les combattants de la mouvance Al-Shabaab dans le sud et le centre de la Somalie.

Grâce au soutien des milices locales, l’armée somalienne a récupéré plus de 70 localités, y compris des zones stratégiques, lors de la première phase des opérations militaires qui s’est terminée fin de l’année dernière.

Omar Ali Abdi, ministre d’État au ministère de la Défense somalien, a annoncé le démarrage des opérations d’intégration des milices locales connues sous le nom de « Mawisli » dans les forces armées, en reconnaissance de leurs sacrifices dans la lutte contre Al-Shabaab.

Qu’implique l’intégration des milices locales dans l’armée ?

Selon le ministre d’État, cette initiative vise à unifier la force combattante sous un commandement unique, facilitant ainsi les efforts du gouvernement pour surmonter la phase d’insécurité hybride qui pourrait engendrer des problèmes liés à la multiplicité des acteurs sécuritaires dans le pays.

Il a ajouté que l’intégration des milices renforcerait les capacités de l’armée dans les zones récemment libérées, où la présence sécuritaire gouvernementale est encore faible. Cela contribuerait également à réduire l’influence des entités informelles exerçant des fonctions de sécurité en dehors du cadre étatique.

En intégrant les milices dans l’institution militaire avec un commandement centralisé, cela devrait renforcer la puissance de l’armée dans sa lutte contre les combattants d’Al-Shabaab, qui utilisent des tactiques de guérilla.

Comment garantir le succès de cette intégration sans compromettre la sécurité de l’armée ?

Le ministre a indiqué que des mécanismes seraient mis en place pour limiter les risques d’infiltration par des membres d’Al-Shabaab. Cela inclut des vérifications de sécurité rigoureuses et une formation intensive des nouvelles recrues, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, pour les dépouiller de toute affiliation ou loyauté autre.

Qui sont les milices locales connues sous le nom de « Mawisli » ?

Selon Abdi Fattah Hassan, un leader de terrain, ces milices sont composées d’éléments armés issus de différentes tribus somaliennes, apparues en réponse aux impôts imposés par Al-Shabaab. Ces groupes, qui portent un vêtement traditionnel, ont émergé dans les villages et les zones rurales.

Leur formation a été alimentée par la résistance contre les taxes sévères imposées par le groupe, qui a conduit les populations à mener des actions de défense armée, soutenues par les communautés locales et, par la suite, en coordination avec le gouvernement somalien.

Quel rôle jouent ces milices dans la lutte contre Al-Shabaab ?

Hassan a précisé que le rôle des milices sur le terrain pourrait changer lorsqu’elles seront intégrées dans l’armée officielle, car elles devront s’adapter à un cadre militaire structuré, avec des règles et des comportements stricts.

La plupart des membres de ces milices sont des anciens soldats ou des déserteurs, ce qui signifie qu’ils possèdent une certaine expérience militaire. Toutefois, leur motivation principale est souvent enracinée dans la défense de leur communauté, par opposition à une idéologie nationale plus large.

Défis de l’intégration des milices dans l’armée nationale

Selon l’expert en sécurité Mohamed Sheikh, l’intégration des milices dans l’armée n’est pas sans risques. Si elle n’est pas réalisée de manière réfléchie, cela pourrait entraîner des infiltrations au sein des forces armées, affectant leur efficacité.

Les principaux défis identifiés incluent :

• Intégration des milices en groupes plutôt qu’individuellement, ce qui pourrait engendrer des loyautés multiples au sein de l’armée.
• Absence de centres de formation adaptés aux normes militaires pour les nouvelles recrues, ce qui pourrait nuire à la discipline.
• Incapacité du gouvernement à supporter les coûts supplémentaires des nouvelles recrues, menant à un échec potentiel du processus.
• Manque de consensus politique et de progrès dans les domaines du développement et de l’économie, rendant l’intégration problématique.

Impact des loyautés multiples sur l’armée

Selon Mohamed Sheikh, la présence de loyautés multiples au sein de l’armée constitue une menace directe pour sa cohésion et sa doctrine militaire. L’absence d’une idéologie nationale unifiée pourrait être exploitée par des entités extérieures ou des groupes terroristes.

Des divisions dans les loyautés pourraient également mener à une remise en question des ordres, nuisant ainsi à l’efficacité de l’armée, surtout en période de crises politiques, comme cela a été le cas lors des élections précédentes.

En somme, la diversité des loyautés pourrait faciliter des infiltrations, permettant ainsi aux groupes terroristes de tirer parti de cette situation pour atteindre leurs objectifs.