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L’enquête de 60 Minutes met en lumière l’ampleur de l’espionnage chinois et ses conséquences aux États‑Unis : depuis des campagnes de piratage jusqu’à l’utilisation d’une large toile d’agents sur le terrain, Pékin chercherait à surveiller et à intimider les dissidents expatriés et à influencer des réseaux politiques — un phénomène que les autorités américaines qualifient de menace pour la sécurité nationale.
Pourquoi l’espionnage chinois s’intensifie sous Xi Jinping
Selon l’évaluation la plus récente des services de renseignement américains citée par 60 Minutes, la Chine « remains the most active and persistent cyber threat to [the] U.S. ». Outre les cyberattaques contre l’administration, le secteur privé et des infrastructures critiques, Pékin continue de développer le renseignement humain traditionnel via un réseau mondial d’agents, recherchant à la fois l’influence à l’étranger et la répression des dissidents à l’extérieur de la Chine.
Jim Lewis, ancien diplomate américain et analyste du renseignement avec plus de 30 ans d’expérience, affirme que depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, les services de renseignement chinois n’ont plus peur des États‑Unis. Il résume l’ambition stratégique de Pékin :
Xi Jinping thinks, « It’s China’s time to move to the center of the world stage. » Xi Jinping looks at the West and at the U.S. and says, « These people are feeble-minded, and I’m gonna be able to beat them. »
Lewis souligne aussi le rôle majeur du ministère chinois du renseignement, le MSS (Ministry of State Security). Il le compare à la CIA tout en précisant qu’il aurait des pouvoirs supérieurs et, selon une estimation citée, pourrait compter jusqu’à 600 000 employés consacrés notamment à des opérations contre les États‑Unis : « We are target number two for them. »
Affaires, révélations et méthodes utilisées aux États‑Unis
Les autorités américaines ont découvert des méthodes variées : du recrutement et de la collecte d’informations à l’ouverture d’installations clandestines. Le FBI a notamment révélé l’existence d’une « station de police » chinoise dissimulée dans un immeuble commercial de Chinatown, à Manhattan — un point d’accueil pour des expatriés, mais que les procureurs fédéraux ont qualifié de dispositif destiné à cibler et harceler des dissidents.
Après la fermeture de ce poste, deux Américains d’origine chinoise qui l’auraient mis en place ont été inculpés pour complot visant à agir en tant qu’agents étrangers non déclarés. Sur les cinq dernières années, le département de la Justice a porté des accusations contre plus de 140 personnes pour des crimes liés au harcèlement, au piratage et à l’espionnage pour la Chine sur le sol américain.
Parmi ces affaires figurent des allégations contre un ancien haut conseiller de la gouverneure de New York, Kathy Hochul. Les procureurs fédéraux affirment que Linda Sun aurait accepté des millions de dollars pour influencer les rencontres de la gouverneure et ses propos sur la Chine ; elle et son mari, qui ont plaidé non coupables, possédaient une maison sur Long Island valant plusieurs millions de dollars et un condominium à Hawaï.
Having a Ferrari and two mil– multi-million dollar houses is a bad idea– but–
Dans de nombreux dossiers, le FBI a utilisé des opérations sous couverture. C’est le cas de l’enquête contre Shujun Wang, historien retraité arrivé aux États‑Unis en 1994 et militant pro‑démocratie à New York. Accusé d’avoir transmis pendant 17 ans des listes de participants, des coordonnées et des échanges privés au MSS, M. Wang a nié être un « spy » ; pourtant les procureurs affirment qu’il a rencontré des agents du MSS en Chine et a reçu des billets d’avion ainsi qu’une aide pour un litige familial.
Lors d’une rencontre en 2021, un homme prétendant venir du MSS est venu aider M. Wang à supprimer des communications compromettantes : il s’est avéré être un agent du FBI infiltré. En août, M. Wang a été reconnu coupable de fausses déclarations, de possession illégale d’identifiants d’activistes pro‑démocratie et d’avoir agi comme agent étranger non déclaré.
Zach Margulis-Ohnuma: Our position has always been that he never had the intent to be an agent of the Chinese government.
Les avocats de M. Wang reconnaissent des contacts avec le renseignement chinois mais soutiennent l’absence d’intention criminelle et affirment que les informations transmises — listes de participants à des réunions — étaient publiques ou peu sensibles. Les témoins et victimes, eux, décrivent un sentiment profond d’insécurité : des noms et coordonnées de militants ont été retrouvés dans les bagages de M. Wang à son retour de Chine en 2019.
Conséquences pour les dissidents et réponse américaine
Les militants pro‑démocratie basés aux États‑Unis témoignent d’une surveillance et d’intimidations constantes. Anna Yeung‑Cheung, devenue citoyenne américaine et professeure de biologie, dit : « I believe they are collecting information. » Elle a retrouvé sa propre identité parmi les documents saisis et avoue s’être sentie plongée dans la peur : verrouiller sa porte la nuit est devenu une habitude.
Anna Kwok, qui dirige l’organisation cofondée par Yeung‑Cheung, affirme faire l’objet d’une prime de 119 600 € (environ 130 000 $) placée par le gouvernement hongkongais ; elle dit craindre des enlèvements et dénonce le message selon lequel défendre la démocratie équivaut à un crime aux yeux des autorités chinoises et hongkongaises.
Sur le plan judiciaire, le cas de Shujun Wang s’est conclu par une sentence prononcée « le 14 avril » : le juge lui a infligé trois ans de liberté surveillée, lui évitant la prison en raison de problèmes de santé incluant un déclin cognitif, tout en rappelant qu’il avait commis des crimes « serious » contre les États‑Unis.
Pour les analystes comme Jim Lewis, le recours au renseignement humain demeure essentiel pour Pékin, même si certains agents employés à l’étranger sont des acteurs de second rang : « He was an agent. He worked with the Chinese government to identify targets for them to surveil and compromise. »
Produced by Keith Sharman and Roxanne Feitel. Broadcast associates, Mimi Lamarre and Callie Teitelbaum. Edited by Robert Zimet.