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Des signes récents indiquent l’existence d’un accord militaire approfondi entre la Turquie et le gouvernement syrien, incluant la livraison prochaine d’équipements avancés à Damas. Cette évolution pourrait redessiner les équilibres dans le nord de la Syrie et précipiter des mouvements militaires ciblés face aux Forces démocratiques syriennes (FDS).
Un tournant stratégique
Des responsables turcs ont confirmé l’intention d’envoyer, dans les semaines à venir, plusieurs cargaisons de matériel militaire au « nouvel » armée syrienne. L’armement annoncé comprend notamment :
- voitures blindées et véhicules de transport protégés,
- drones armés et véhicules aériens sans pilote,
- artillerie et systèmes de lancement de roquettes,
- systèmes de défense antiaérienne modernes.
Les autorités prévoient de déployer ce matériel dans le nord du pays, afin d’éviter tout incident avec Israël dans le sud-ouest. Pour Ankara, cette démarche s’inscrit dans une logique de recalibrage des rapports de force sur le terrain.
Renseignements et préparatifs militaires
Un responsable militaire syrien, qui a demandé l’anonymat pour des raisons de sécurité, a confirmé à Al Jazeera l’imminence des livraisons depuis la Turquie. Il a précisé que l’arrivée des équipements est « une question de temps », citant en particulier des blindés et des systèmes de défense aérienne.
Selon la même source, ces renforcements s’inscrivent dans le cadre d’un rapprochement sécuritaire entre Ankara et Damas, formalisé par un accord signé en août dernier. Le responsable a également évoqué l’existence de programmes d’entraînement en Turquie destinés à des unités syriennes.
Parallèlement aux changements diplomatiques et à la levée partielle des sanctions, le dossier du nord syrien devient central dans l’agenda bilatéral turco-syrien, avec un risque croissant d’opérations visant à modifier les lignes de front dans cette zone sensible.
Un affrontement jugé imminent
Le colonel à la retraite Fayez Al-Asmar, analyste militaire, estime que la Turquie accorde une attention particulière à la stabilité de la Syrie, qu’elle considère comme son arrière stratégique. Il souligne que la sécurité syrienne a un impact direct sur la sécurité nationale turque.
Al-Asmar signale l’existence d’un ultimatum donné aux FDS pour se fondre dans les institutions syriennes avant la fin de l’année en cours. Selon lui, les exigences militaires posées par ces milices sont jugées inacceptables par Damas, ce qui limite fortement les possibilités d’accord.
Face à l’enlisement des négociations et au refus de certaines unités d’adhérer pleinement aux structures étatiques, Al-Asmar juge que le risque d’un affrontement armé augmente et que des préparatifs militaires sont nécessaires pour y faire face.
Image: parade militaire et symbolique
Parade militaire de la nouvelle armée syrienne à l’occasion de la sortie d’une nouvelle promotion de combattants (Ministère de la Défense syrien).
Messages adressés à Tel-Aviv
Certains observateurs interprètent la livraison d’armements turcs à Damas comme un message indirect à Israël, après une série d’incursions israéliennes en province de Qouneitra. L’idée est de montrer une capacité accrue de réponse sur le terrain.
Rashid Hourani, chercheur au centre Jisr pour les études, affirme que le déploiement du matériel turc vise d’abord à renforcer la préparation face aux FDS et à réduire l’influence des milices perçues comme des instruments exploitables par des puissances étrangères.
Hourani ajoute que l’affaiblissement des FDS contribuerait, selon Ankara et Damas, à limiter toute exploitation régionale — notamment israélienne — des tensions internes syriennes, et à consolider l’autorité de l’État central.
Conséquences potentielles
Plusieurs conséquences sont envisagées par les analystes :
- reconfiguration des équilibres militaires dans le nord de la Syrie,
- éventuelle montée des tensions entre l’armée syrienne et les FDS,
- renforcement de la coopération opérationnelle entre la Turquie et Damas,
- risque réduit d’affrontement avec Israël, si les déploiements sont concentrés au nord,
- impact sur les efforts internationaux de lutte contre le terrorisme et la gestion des prisons contrôlées par les milices.
Alors que Washington continue d’apporter un soutien aux FDS, la manœuvre turco-syrienne pourrait inaugurer une nouvelle étape de recomposition, avec des implications directes pour la sécurité régionale et la gouvernance locale dans les zones concernées.