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Le pouvoir judiciaire confié à l’armée au Bangladesh pendant 60 jours
Dans une décision sans précédent, le gouvernement intérimaire du Bangladesh a annoncé, mardi, l’attribution de pouvoirs judiciaires spéciaux aux officiers de l’armée pour une période de 60 jours. Cette mesure est rendue possible par les dispositions de l’article 12/1 du Code de procédure pénale.
La décision a été détaillée dans une circulaire émise par le ministère de l’Administration générale, précisant que des officiers de l’armée compétents exerceront des fonctions judiciaires sous la supervision de juges dans plusieurs districts du pays.
Planification des interventions judiciaires
Ces officiers de l’armée seront responsables de l’application de certaines infractions pénales, en réponse aux événements tumultueux qui secouent le pays depuis la chute du gouvernement de la première ministre Sheikh Hasina le 5 août dernier.
Cette décision intervient seulement deux jours après la première visite de Mohammed Yunus, le principal conseiller du gouvernement intérimaire, au quartier général de l’armée. Lors de cette rencontre, il a échangé avec le chef d’état-major, le général Waqr al-Zaman, ainsi qu’avec plusieurs généraux et officiers supérieurs.
Les raisons de cette initiative
Le gouvernement a jugé nécessaire de conférer ces pouvoirs à l’armée en raison de l’incapacité de la police à remplir pleinement ses fonctions et à cause des actes de sabotage sporadiques dans un contexte exceptionnel. La recrudescence de la violence a également exacerbé le besoin d’une intervention militaire.
Le directeur des relations publiques de l’armée bengalaise, le colonel Sami al-Dawlat Chowdhury, a déclaré que cette mesure vise à permettre à l’armée de mettre en œuvre des tâches judiciaires, notamment d’arrêter et d’incarcérer des suspects, malgré le fait qu’elle ne soit pas toujours accompagnée de juges dans ses interventions.
Contexte de l’engagement militaire
Depuis le 19 juillet dernier, l’armée a été sollicitée pour faire face à une vague de mécontentement étudiant et populaire qui a culminé avec la démission de Sheikh Hasina. Son intervention a joué un rôle central dans le changement politique et l’établissement d’un gouvernement intérimaire dirigé par Mohammed Yunus, composé d’anciens responsables et d’étudiants ayant manifesté contre le dernier gouvernement.
Au cours du mois écoulé, la présence de l’armée a été largement soutenue par la population, en particulier après les affrontements entre les manifestants, les forces de l’ordre et les sympathisants de l’ancien gouvernement. Cette situation a rendu nécessaire l’engagement de l’armée dans les rues pour prévenir de nouvelles escalades de violence.