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Romain Gofman a été désigné par le Premier ministre Benjamin Netanyahou pour diriger le Mossad, nomination présentée comme l’un des symboles de la refonte du leadership sécuritaire israélien après l’attaque du 7 octobre 2023. Ce choix, annoncé début décembre 2025, relance le débat sur les critères de nomination aux postes de renseignement et sur le recentrage du pouvoir autour du bureau du Premier ministre.
Les circonstances qui ont fait émerger Gofman
Le 7 octobre 2023, Romain Gofman s’est rendu de son domicile d’Ashdod vers le sud après des rapports faisant état d’incursions armées à proximité de Sderot. Sur place, il a rejoint des volontaires policiers et pris part à des affrontements directs avec des militants du Hamas, où il a été gravement blessé au genou.
Sa blessure, qui faisait de lui le plus haut gradé touché ce jour-là, a marqué le début d’un parcours qui l’a mené du terrain aux couloirs du pouvoir : après sa convalescence, il a occupé des fonctions administratives et sécuritaires de plus en plus proches du sommet de l’État, jusqu’à devenir secrétaire militaire du Premier ministre en mai 2024.
Une réorganisation accélérée du commandement
Depuis le 7 octobre, l’appareil sécuritaire israélien a connu une série de remaniements importants, perçus comme la traduction d’une volonté politique de reprendre le contrôle et de répondre aux critiques liées aux failles qui ont permis l’attaque.
- La démission du chef du renseignement militaire et d’autres responsables a ouvert la voie à des changements profonds.
- La crise a atteint le ministère de la Défense, avec la perte de confiance entre le Premier ministre et certains ministres, puis le remplacement de figures clés à la tête des services de sécurité.
- Le pouvoir a progressivement resserré la prise de décision autour du bureau du Premier ministre, en favorisant des responsables perçus comme proches du chef du gouvernement.
Parcours et formation de Romain Gofman
Issu d’une famille arrivée en Israël après la chute de l’Union soviétique, Romain Gofman est né en 1975 en Biélorussie et a immigré avec sa famille en 1990. Installé à Ashdod, il s’est tôt engagé dans une carrière militaire qui l’a mené au sein de l’arme blindée à partir de 1995.
Il a servi notamment dans la 53e compagnie du 188e régiment blindé et a participé à des opérations dans le sud du Liban ainsi que dans les territoires palestiniens pendant la seconde Intifada et l’opération dite « Bouclier Défensif ». Il a ensuite commandé la 75e compagnie en 2011 puis le 7e régiment blindé en 2017.
Sur le plan académique, Romain Gofman est titulaire d’une licence en sciences politiques et d’un master en sciences politiques et sécurité nationale. Après sa blessure d’octobre 2023, il a occupé des postes liant affaires civiles et sécurité, avant d’être appelé au cabinet du Premier ministre.
Le secrétaire militaire : rôle et influence
Le poste de secrétaire militaire du Premier ministre occupe une place centrale dans la coordination entre le niveau politique et les organes de sécurité. Chargé de transmettre les directives du chef du gouvernement aux chefs militaires et des services, le secrétaire filtre également les informations destinées au Premier ministre.
Cette position confère un accès privilégié aux réunions fermées avec les responsables du renseignement, du renseignement intérieur et de l’armée, et lui permet d’influer sur l’agenda et la présentation des dossiers stratégiques. En pratique, l’étendue de son pouvoir dépend largement de la confiance personnelle que lui accorde le Premier ministre.
Controverses et justifications de la nomination
La désignation de Romain Gofman à la tête du Mossad suscite des réserves : elle rompt avec la pratique habituelle de promotion interne au sein de l’agence, en favorisant un cadre issu de l’armée et directement rattaché au bureau du Premier ministre. Ses détracteurs estiment que la priorité donnée aux liens politiques et à la loyauté personnelle pourrait affaiblir les critères professionnels propres au renseignement.
Le Premier ministre a défendu ce choix en soulignant les qualités opérationnelles et personnelles attribuées à Gofman — sens de l’initiative, compréhension de l’adversaire, discrétion et expérience du terrain — ainsi que sa proximité avec le centre de décision. Pour ses partisans, sa trajectoire offre un profil capable d’assurer une coordination étroite entre renseignement et pouvoir exécutif.
Conséquences attendues pour la politique de sécurité
La nomination de Romain Gofman illustre une tendance claire : resserrer la prise de décision autour du Premier ministre et renforcer le lien direct entre le Mossad et son bureau. Cette configuration vise à garantir une exécution rapide et discrète des décisions, mais elle soulève aussi la question de la professionalisation et de l’autonomie des services.
À court terme, l’arrivée de Gofman devrait accentuer la centralisation des arbitrages stratégiques et opérationnels, dans un contexte où la volonté politique de maîtriser les retombées de l’échec du 7 octobre demeure prépondérante.