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Les États-Unis ont renforcé de manière inhabituelle leur présence militaire dans la mer des Caraïbes, au large des côtes du Venezuela, en y déployant notamment des bombardiers supersoniques B‑1. Cette montée en puissance, perçue comme un signal vers Caracas, s’inscrit dans un contexte d’accroissement des opérations américaines dans la région et suscite de fortes tensions diplomatiques.
Renforts aériens près du Venezuela
Jeudi, l’armée américaine a envoyé deux bombardiers B‑1 Lancer depuis la base aérienne de Dyess, au Texas, qui ont survolé la mer des Caraïbes en direction des côtes vénézuéliennes.
Ces B‑1, capables d’emporter davantage d’armements que tout autre appareil de l’arsenal américain, ont effectué une mission d’entraînement confirmée par un responsable américain sous couvert d’anonymat.
La manœuvre intervient une semaine après un autre déploiement de bombardiers B‑52 Stratofortress, rejoints par des chasseurs furtifs F‑35B du Corps des Marines, basés pour partie à Porto Rico.
Composition de la force américaine dans la Caraïbe
La présence américaine dans la région comporte plusieurs éléments combinés :
- huit bâtiments de guerre;
- avions de patrouille maritime P‑8;
- drones opérant dans la zone;
- un escadron de chasseurs F‑35;
- et la confirmation d’une activité de sous‑marin dans les eaux proches de l’Amérique du Sud.
Cette concentration de moyens a été qualifiée par certains responsables du Pentagone d’un « affichage opérationnel » destiné à dissuader les trafiquants de stupéfiants et à projeter la puissance américaine dans la région.
Exercices conjoints avec Trinité‑et‑Tobago
Le ministère des Affaires étrangères de Trinité‑et‑Tobago a annoncé qu’un navire de guerre américain effectuerait une visite pour conduire des exercices militaires conjoints à proximité des côtes vénézuéliennes.
La destroyer USS Gravely, armée de missiles guidés, doit accoster à Port‑of‑Spain du 26 au 30 octobre, où des marines américains mèneront des entraînements avec les forces locales.
Ces exercices s’inscrivent dans la dynamique régionale de coopération sécuritaire mais interviennent aussi alors que la présence américaine s’intensifie au large du Venezuela.
Appel de Nicolás Maduro
En parallèle du renforcement militaire, le président vénézuélien Nicolás Maduro a lancé un appel en anglais aux États‑Unis : « No to a crazy war, please » — « Non à une guerre folle, je vous en prie ». Il a répété son engagement en faveur de la paix lors d’une réunion avec des syndicats loyaux au régime.
Maduro a déclaré : « Oui à la paix, paix pour toujours », insistant sur la nécessité d’éviter une escalade militaire dans la région.
Allégation d’opérations clandestines de la CIA
La déclaration du président américain selon laquelle il autorise la CIA à mener des opérations secrètes au Venezuela a ravivé les inquiétudes à Caracas et au‑delà.
Le ministre de la Défense vénézuélien, Vladimir Padrino, a affirmé que toute opération de la CIA sur le sol vénézuélien serait vouée à l’échec. Il a indiqué : « Nous savons que la CIA est présente » et a prévenu que des tentatives d’opérations secrètes échoueront.
En réponse au déploiement américain, Padrino a supervisé des exercices militaires le long des côtes vénézuéliennes pour renforcer la surveillance et la préparation défensive.
Frappes américaines et bilan humain
Depuis début septembre, les forces américaines ont mené des frappes contre des embarcations en mer des Caraïbes, ciblant selon Washington des navires accusés de trafic de stupéfiants.
Ces opérations auraient causé la mort d’environ 40 personnes. Des gouvernements et des familles ont dénoncé que la majorité des victimes étaient des civils ou des pêcheurs, soulevant des questions sur la légitimité de l’usage de la force létale en eaux internationales.
Des experts juridiques et des observateurs s’interrogent sur les règles d’engagement et sur les procédures d’identification des cibles avant l’usage de la force.
Perspectives et risques d’escalade
La concentration de moyens militaires américains dans la Caraïbe crée un climat de forte vigilance régionale et internationale.
Parmi les risques identifiés :
- malentendus ou incidents entre forces navales et aériennes;
- tensions diplomatiques accrues entre Washington et Caracas;
- possibilité d’une campagne clandestine complexifiant une solution politique.
Les appels à la désescalade, symbolisés par la requête de Maduro, restent toutefois concurrencés par les actions militaires et les déclarations publiques des deux camps.