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Violences inédites entre colons et armée en Cisjordanie : Israël en crise

by Sara
Violences inédites entre colons et armée en Cisjordanie : Israël en crise
Israël, Palestine

La Cisjordanie occupée connaît depuis peu un regain de violences inédit entre colons israéliens et l’armée israélienne. Ces affrontements violents incluent des agressions directes contre des soldats et officiers, des incursions dans des bases militaires, ainsi que des incendies d’installations sécuritaires.

L’armée israélienne dénonce ce qu’elle qualifie de « violence des colons » à l’encontre de ses forces déployées en Cisjordanie. Elle a appelé les autorités sécuritaires à arrêter les auteurs et à les traduire en justice.

Ces événements traduisent un recul net des politiques gouvernementales menées par Benjamin Netanyahu, qui, après l’opération « Tempête d’Al-Aqsa » du 7 octobre 2023, a rapidement armé les colons et encouragé la formation de milices juives chargées de combattre et de se venger des Palestiniens en Cisjordanie.

L’armée a assuré la protection de ces groupes lors de leurs attaques répétées contre les villages, les maisons et les terres palestiniennes, tandis que le gouvernement fermait les yeux, légitimant et favorisant ces agressions sous l’impulsion du ministre des Finances et ministre de la Sécurité Bezalel Smotrich, ainsi que du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, appuyés par des lobbys pro-colons au sein de la Knesset.

Une escalade inquiétante entre colons et armée en Cisjordanie

Les tensions ont pris une ampleur alarmante alors que des colons ont attaqué des soldats à coups de spray au poivre, endommagé des véhicules militaires et incendié un site sécuritaire près du quartier général de la brigade Benjamin, au nord de Ramallah, au centre de la Cisjordanie.

Environ 70 colons ont également tenté d’empêcher l’évacuation d’une colonie illégale près de Baal Hatsor.

Selon des rapports israéliens, ces attaques font suite à la blessure d’un adolescent de 14 ans par l’armée, d’après les colons. L’armée a, de son côté, mis en garde contre des groupes organisés de fauteurs de troubles armés, soutenus politiquement, opérant depuis des avant-postes coloniaux.

La décision du ministre de la Défense, Israël Katz, d’annuler les détentions administratives visant plusieurs colons a également suscité de vives critiques.

Réactions politiques en Israël face à la violence des colons

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fermement condamné les actes de violence, affirmant qu’il est impossible de tolérer l’incendie d’une installation militaire ou les agressions contre les soldats. Il a appelé à une enquête rapide et à la sanction des responsables.

Le ministre de la Défense Israël Katz a promis d’éradiquer ces phénomènes et d’empêcher leur répétition.

D’autres ministres ont publié des déclarations de condamnation, dont Bezalel Smotrich, qui a exhorté à traduire les agresseurs en justice, et Itamar Ben-Gvir, qui a qualifié les attaques contre les soldats de « ligne rouge » nécessitant une réponse ferme.

En revanche, dans l’opposition, plusieurs dirigeants ont accusé le gouvernement d’être responsable de l’escalade. Benny Gantz, chef de l’« Alliance nationale », a pointé du doigt Netanyahu et des ministres comme Ben-Gvir et Smotrich pour avoir encouragé la violence des colons en affaiblissant la police et en attaquant l’armée ainsi que le service de sécurité intérieure, le Shabak.

Yair Golan, leader du parti démocrate, a qualifié ces groupes de « milices » bénéficiant d’une légitimité gouvernementale visant à enflammer la Cisjordanie.

Par ailleurs, la famille d’un commandant de bataillon victime d’une agression coloniale a révélé avoir reçu des menaces personnelles et subi une campagne de diffamation malgré son service de réserve depuis l’attaque d’octobre 2023.

Position de l’armée et mesures face aux affrontements

Le chef d’état-major israélien, Eyal Zamir, a qualifié d’« catastrophe » les agressions des colons contre les soldats, y compris un commandant de bataillon. Il a appelé à un « traitement systématique et immédiat » de ce phénomène.

Dans une déclaration, il a précisé que la mission de l’armée est « d’assurer la sécurité et de protéger les colonies », tout en rejetant fermement les manifestations d’extrémisme et de violence émanant des groupes coloniaux radicaux.

Il a averti contre le risque d’une « anarchie et perte de contrôle » si ces manifestations se poursuivent, soulignant que toute attaque contre l’armée porte atteinte à la sécurité d’Israël.

L’armée a condamné avec fermeté les agressions coloniales, considérées comme des violations graves de la loi, et a demandé que les responsables soient traduits en justice. Par ailleurs, la police a créé une unité d’enquête spéciale chargée d’identifier et d’arrêter les auteurs.

Causes et contexte des violences entre colons et armée

Un article d’analyse dans le journal Yedioth Aharonoth révèle que l’armée a été prise de court par la faiblesse des condamnations politiques des attaques des colons contre ses soldats.

Il est souligné que l’impunité totale, les incendies de biens, la destruction des terres agricoles et la violence quotidienne contre les Palestiniens rencontrent souvent le silence ou même le soutien ouvert de l’armée et du gouvernement.

Selon le juriste et militant des droits humains, Snir Klein, écrit dans Haaretz, ces attaques récentes ne sont pas une surprise mais le résultat direct des politiques gouvernementales post-7 octobre, qui ont armé les colons, permis la formation de milices soutenues par Ben-Gvir et annulé les détentions administratives contre leurs membres, notamment le groupe appelé « Jeunesse des Collines ».

Klein précise que ces individus ne sont pas de simples jeunes colons, mais des criminels agissant avec des motivations racistes, franchissant parfois les limites même tacitement autorisées par leurs soutiens, en s’en prenant également aux forces de sécurité.

Les liens entre soutien gouvernemental et affrontements avec l’armée

L’organisation « Briser le silence » affirme que nier l’existant lien entre le soutien gouvernemental à la violence coloniale contre les Palestiniens et les agressions ultérieures contre l’armée revient à ignorer la réalité en territoires occupés.

Elle souligne que le problème ne réside pas dans un éventuel « échec militaire » à maîtriser ces groupes, mais dans le fait que l’armée sert d’exécutant à une politique qui encourage en pratique un nettoyage ethnique des Palestiniens en Cisjordanie.

L’organisation met en garde que le silence équivaut à la perpétuation de ces pratiques indéfiniment.

Orn Zeif, auteur sur le site Seha Mekomit, rappelle que les colons ont continué ces dernières années leurs actes terroristes en Cisjordanie sans être tenus responsables, expulsant des populations palestiniennes, incendiant des maisons et ouvrant le feu.

Zeif explique que tout cela s’effectue avec un soutien total et une collaboration étroite de l’armée israélienne, et que même les tensions entre colons et soldats n’auront probablement pas d’impact sur cette réalité.

Modes de soutien gouvernemental aux groupes « Jeunesse des Collines »

Lors d’une réunion avec le commandant de la région centrale, le général Avi Bluth, et le commandant de la brigade Benjamin, le général Moshe Pinshi, Israël Katz a ordonné de renforcer la coopération entre l’armée, le Shabak et la police via une « instance commune » pour coordonner les efforts contre la violence des colons.

Le correspondant militaire du Yedioth Aharonoth, Yoav Zitoun, note que cette « nouvelle instance » n’est en réalité pas nouvelle, puisqu’elle existe depuis plusieurs mois, ce qui soulève des doutes quant à la sincérité de la mesure et alimente l’idée que ces milices bénéficient d’un soutien gouvernemental.

Il est à rappeler que Katz avait lui-même annulé la politique des détentions administratives contre les colons sous la pression des groupes d’extrême droite, refusant désormais de la rétablir, se contentant d’allouer des millions de shekels à des programmes de « réhabilitation » des membres de la « Jeunesse des Collines », dans le but de modifier leurs comportements plutôt que d’imposer des sanctions dissuasives.

Conséquences du soutien aux colons en Cisjordanie

La violence des colons contre les soldats de l’occupation en Cisjordanie n’est pas nouvelle, mais s’est organisée et intensifiée au cours des dernières années grâce à une politique gouvernementale tolérante.

Les avant-postes coloniaux se sont étendus sans précédent, rendant les agressions contre les Palestiniens et même contre l’armée plus visibles et audacieuses.

Selon Hagar Shizaf dans Haaretz, l’application des lois contre les colons a reculé, avec l’arrêt des détentions administratives et la négligence des ordres de démolition des constructions coloniales illégales, en raison de pressions politiques.

Même les agressions contre les soldats, comme récemment près de la base Benjamin, sont suivies de condamnations timides sans poursuites sérieuses.

Cette situation a créé une nouvelle équation où ceux qui tentent d’appliquer la loi en Cisjordanie en payent le prix, tandis que les colonies s’étendent, les communautés palestiniennes se rétractent ou sont déplacées, et toute tentative de lutter contre la violence est entravée.

Pour désamorcer ce réseau d’intérêts mêlant colons, politique et armée, un changement politique radical semble indispensable.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/7/1/%d8%ac%d9%8a%d8%b4-%d8%a7%d9%84%d8%a7%d8%ad%d8%aa%d9%84%d8%a7%d9%84-%d9%81%d9%8a-%d9%85%d8%b1%d9%85%d9%89-%d8%a7%d9%84%d9%85%d8%b3%d8%aa%d9%88%d8%b7%d9%86%d9%8a%d9%86-%d9%87%d9%84

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