Il y a quarante ans, le 29 avril 1985, sur le plateau du 13 heures de TF1, François Mitterrand a été invité dans une émission spéciale. À 69 ans, le président voulait montrer que le numérique pouvait toucher toutes les générations et que les seniors ne devaient pas être écartés. Cette image a servi de repère pour mesurer l’évolution du lien entre les aînés et les outils électroniques. Depuis lors, les seniors ont largement contredit l’idée selon laquelle la société numérique serait réservée à une jeunesse branchée.
Évolution du lien entre seniors et numérique
Aujourd’hui, les seniors ne sont ni déconnectés ni marginaux dans le paysage numérique. Plusieurs études publiées cette année démontrent qu’ils restent des usagers réguliers d’internet et des smartphones. En 2024, 70 % des personnes de 70 ans et plus possédaient un smartphone, en hausse de 8 points par rapport à l’année précédente. Près des deux tiers déclarent utiliser leur smartphone au quotidien, contre moins de quatre sur dix en 2017.
La pandémie de Covid-19 et les confinements ont accéléré l’usage du numérique pour rester en lien avec les proches et les services publics. La visioconférence, les messageries et les groupes de discussion sont devenus des outils quotidiens pour de nombreuses personnes. Le commerce en ligne s’est développé et la numérisation des démarches administratives s’est accélérée; les seniors gèrent parfois ces démarches mieux que leurs petits-enfants. Selon le Baromètre du numérique, 69 % des jeunes adultes (18-24 ans) éprouvent des difficultés pour réaliser certaines formalités en ligne, ce qui rappelle que les défis varient selon les publics.
Inégalités et exclusions
Le tableau n’est toutefois pas entièrement positif. Si nombre de seniors maîtrisent les outils numériques classiques, certains s’inscrivent dans l’illectronisme. On estime que 16 millions de Français présentent un manque de compétences numériques de base ou n’ont pas de connexion. Environ une personne sur quatre entre 60 et 74 ans est concernée, et deux sur trois après 75 ans.
Face à cette réalité, il faut agir rapidement pour lutter contre l’exclusion. Des dispositifs d’aide doivent être mis en place, non pas uniquement en ligne ou par téléphone, mais aussi sous forme de formation en face à face avec des formateurs. Il est nécessaire d’établir un contact humain pour accompagner les aînés dans le grand bain numérique et de proposer, en attendant, des alternatives physiques aux démarches dématérialisées. L’objectif est clair: ne laisser personne au bord du numérique.


