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Shabana Mahmood, première ministre britannique de l’Intérieur d’origine pakistanaise

by Sara
Royaume-Uni, Pakistan, Palestine

Shabana Mahmood incarne aujourd’hui la diversité britannique en accédant à l’un des postes les plus sensibles du gouvernement. Née à Birmingham en 1980, elle porte avec elle un parcours personnel et politique marqué par l’engagement public, les débats sur la Palestine et les tensions liées à l’immigration.

Origines et jeunesse

Shabana Mahmood est issue d’une famille originaire de l’Azad Jammu-et-Cachemire au Pakistan (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/10/30/%D8%A8%D8%A7%D9%83%D8%B3%D8%AA%D8%A7%D9%86). Elle a passé une partie de son enfance en Arabie saoudite, à Taëf, où son père travaillait comme ingénieur civil dans le secteur du dessalement.

À son retour en Angleterre, la famille s’est installée à Birmingham. Sa mère a tenu une épicerie et son père a été actif au niveau local au sein du Labour. Mahmood a aidé son père lors de campagnes municipales, ce qui a nourri son intérêt pour la vie politique.

Formation et début de carrière

Elle a étudié le droit au Lincoln College d’Oxford et a obtenu en 2002 sa licence en droit. L’année suivante, elle a suivi la formation professionnelle au Inns of Court School of Law et s’est spécialisée en responsabilité professionnelle.

Son parcours juridique lui a servi de tremplin vers la politique, lui permettant d’accéder ensuite à la Chambre des communes en 2010.

Parcours parlementaire et rôle au Labour

Élue députée en 2010, Mahmood fait partie des premières femmes musulmanes élues au Royaume‑Uni aux côtés de Roshanara Ali et Yasmin Qureshi. Elle a été réélue à plusieurs reprises et a occupé des postes importants dans l’ombre du gouvernement.

Sous la direction d’Ed Miliband, elle a été shadow Treasury minister (2013–2015) puis a occupé d’autres fonctions au sein de l’équipe de l’opposition. Elle a démissionné de l’équipe de l’ombre après l’élection de Jeremy Corbyn, puis est revenue sous la direction de Keir Starmer en 2021 (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2024/7/5/%D9%83%D9%8A%D8%B1-%D8%B3%D8%AA%D8%A7%D8%B1%D9%85%D8%B1-%D9%85%D8%AD%D8%A7%D9%85-%D8%A3%D8%B9%D8%A7%D8%AF-%D8%AD%D8%B2%D8%A8-%D8%A7%D9%84%D8%B9%D9%85%D8%A7%D9%84-%D9%84%D8%AD%D9%83%D9%85).

  • Coordinatrice nationale de la campagne électorale du Labour en 2021.
  • Nommée ministre de la Justice dans le cabinet fantôme en 2023.
  • Considérée comme une stratège clé du parti lors des élections générales de 2024.

Nomination au ministère de l’Intérieur et réactions

Après la victoire du Labour aux élections générales de 2024, Shabana Mahmood a été nommée ministre de l’Intérieur, succédant à Yvette Cooper, qui est devenue ministre des Affaires étrangères. Les médias britanniques ont présenté sa nomination comme un tournant symbolique : elle est la première femme musulmane à occuper un portefeuille intérieur d’une telle envergure.

Cette responsabilité inclut, entre autres, la supervision de la police et la supervision indirecte des services de sécurité intérieure (MI5). Sa nomination a suscité des réactions polarisées, y compris des attaques virulentes de l’extrême droite et de personnalités conservatrices.

Parmi les critiques, on note notamment l’activiste britannique d’extrême droite Tommy Robinson et des figures internationales comme Laura Loomer. Certains ont appelé à rompre la coopération en matière de renseignement avec Londres (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/12/28/%D9%88%D8%A7%D8%B4%D9%86%D8%B7%D9%86-%D8%AF%D9%8A-%D8%B3%D9%8A).

Principaux dossiers et défis à court terme

Le poste de ministre de l’Intérieur place Mahmood face à un ensemble de priorités complexes et sensibles. Les principaux dossiers incluent :

  • La gestion des demandes d’asile et le traitement des dossiers en attente.
  • Les expulsions et la conformité à la Convention européenne des droits de l’homme.
  • La réforme et la confiance dans la police, y compris la lutte contre les gangs et le recrutement illégal.
  • La lutte contre l’extrémisme intérieur et la sécurité nationale, en coordination avec les services de renseignement.

Selon The Guardian, sa capacité à s’acquitter de ces responsabilités sera perçue comme déterminante pour contrer la montée électorale du Reform Party de Nigel Farage et d’autres forces populistes.

Positions sur la Palestine et réactions publiques

Les positions publiques de Mahmood sur la Palestine ont alimenté les doutes quant à sa loyauté pour certains détracteurs. Elle a soutenu le droit à l’autodétermination du peuple cachemiri et a exprimé un soutien politique en faveur de la reconnaissance de la Palestine.

Pour autant, Mahmood a voulu dissiper les craintes en distinguant soutien politique et soutien à des organisations interdites. Elle a déclaré : « Soutenir la Palestine et soutenir un mouvement interdit, ce n’est pas la même chose. »

Elle a aussi condamné fermement l’opération dite « Tempête de l’Al‑Aqsa » du 7 octobre 2023, la qualifiant d’« actes odieux du Hamas », et s’est abstenue de voter en faveur d’un cessez‑le‑feu à Gaza à une occasion donnée (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/11/30/%d9%88%d9%82%d9%81-%d8%a5%d8%b7%d9%84%d8%a7%d9%82-%d8%a7%d9%84%d9%86%d8%a7%d8%b1).

Équilibre politique et enjeux électoraux

Mahmood navigue entre des attentes contradictoires : maintenir une ligne ferme contre l’immigration illégale — position centrale dans le discours conservateur et d’extrême droite — tout en évitant d’aliéner les électeurs sensibles aux questions de droits humains et de solidarité internationale.

Les défis électoraux incluent :

  • Conserver les circonscriptions où le Labour est fragile.
  • Répondre aux critiques d’une partie de l’opinion publique qui remet en cause sa loyauté en raison de ses origines et de ses positions pro‑Palestine.
  • Gagner la confiance sur les questions de sécurité et d’immigration face à l’opposition populiste.

Obligée de ménager ses positions, Mahmood devra prouver qu’elle peut gérer des dossiers sensibles sans sacrifier la cohésion électorale du Labour.

Regard international et contexte national

La montée de personnalités britanniques d’origine sud‑asiatique dans les hautes sphères du pouvoir illustre un changement démographique et politique. Des figures issues de minorités occupent désormais des postes influents à Westminster (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/12/20/%D9%84%D9%86%D8%D) .

Pour Mahmood, la réussite politique dépendra autant de sa gestion opérationnelle des dossiers que de sa capacité à apaiser les craintes liées à ses prises de position. Nigel Farage et d’autres opposants observent la situation de près, prêts à instrumentaliser toute faiblesse.

Ce qui reste à suivre

Les prochains mois seront déterminants pour mesurer l’impact réel de Shabana Mahmood à la tête du ministère de l’Intérieur. Sa manière d’aborder les questions d’asile, de sécurité intérieure et de relations avec les services de renseignement définira son héritage politique immédiat.

Les observateurs politiques surveilleront notamment :

  • L’efficacité des réformes policières et la réduction des retards dans les dossiers d’asile.
  • La gestion des tensions communautaires et des accusations d’allégeance partisane.
  • L’évolution du paysage électoral face à la concurrence populiste.
source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/9/19/%d9%88%d8%b2%d9%8a%d8%b1%d8%a9-%d8%af%d8%a7%d8%ae%d9%84%d9%8a%d8%a9-%d8%a8%d8%b1%d9%8a%d8%b7%d8%a7%d9%86%d9%8a%d8%a7-%d8%a8%d8%a7%d9%83%d8%b3%d8%aa%d8%a7%d9%86%d9%8a%d8%a9

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