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Shincheonji : Enquête sur la secte sud-coréenne en Suisse

by Sara
Suisse

Une secte sud-coréenne, Shincheonji, s’implante en Suisse, attirant particulièrement les jeunes en les menaçant de la figure de Satan tout en les gâtant de compliments. La secte est dirigée par un homme qui travaille comme psychiatre à Zurich.

Une expérience troublante

C’est un dimanche matin, fin novembre, et à 9 heures, nous sommes assis dans une salle dépouillée, chacun devant un bureau blanc. La responsable du cours biblique, vêtue d’un blazer et aux lèvres rouges, annonce : « Aujourd’hui, nous allons parler de Dieu et de Satan. » Sur un écran, les mots « Qui est Satan ? » s’affichent en rouge.

La responsable précise que ce n’est peut-être pas le sujet préféré du dimanche matin, et se demande si certains ici ne croient même pas en Satan. Je baisse les yeux, conscient que sa remarque m’est destinée, me rappelant que mes doutes ont été rapportés.

Plongée dans le monde de Shincheonji

Après neuf semaines d’enquête undercover avec un faux nom et une autre profession, j’ai assisté à des rencontres décontractées, des promenades et des cours bibliques dans des restaurants. Shincheonji, qui signifie « Nouveau Ciel, Nouvelle Terre », est actif en Suisse depuis 2016 et est considéré comme la communauté la plus « intensivement missionnaire » du pays, ciblant particulièrement les jeunes.

Les experts des organismes Relinfo et Infosekta soulignent que Shincheonji présente plusieurs caractéristiques inquiétantes, ce qui pourrait justifier de le qualifier de « secte » même sans définition précise.

Rencontres et interactions

Ma première interaction significative avec Shincheonji a eu lieu un après-midi d’octobre. Alors que je flânais avec ma capuche rabattue sur la tête, deux jeunes m’ont chaleureusement salué. « Hey, pouvons-nous te parler un moment ? », a demandé l’un d’eux. La jeune femme, Elena, m’a questionné sur ma spiritualité et ce qui me donnait de l’espoir.

Elena m’a ensuite révélé qu’elle faisait partie de Shincheonji, ce qui m’a rappelé une autre rencontre au Hauptbahnhof de Zurich avec d’autres membres de la secte.

La structure de Shincheonji

Fondée en 1984 par Man Hee Lee, un homme de 93 ans, Shincheonji compte entre 200 000 et 300 000 membres dans le monde. Lee se considère comme le « Pasteur de la Fin des Temps », prétendant être le seul capable de comprendre correctement la Bible. Toutefois, il a été condamné en Corée du Sud pour diffamation et détournement de fonds.

En Suisse, Shincheonji compte entre 300 et 400 membres, et sa popularité semble croître. Après une rencontre, Elena m’a envoyé un message pour exprimer son bonheur de m’avoir rencontré. Nous avons même prévu de nous voir au jardin botanique puis dans un restaurant à Zurich.

L’enseignement de Shincheonji

Lors de nos rencontres, Nadine, une enseignante de Shincheonji, m’a expliqué la nécessité de lire la Bible, en commençant par Matthieu 13:25. La discussion a rapidement dérivé vers Satan, présenté comme l’ennemi de Dieu, cherchant à nous détourner du chemin spirituel.

Nadine a régulièrement mis l’accent sur la manière dont Satan pourrait exploiter nos désirs, comme le souhait d’aller en vacances, pour nous éloigner du cours biblique de six à huit mois, qui revêt une importance cruciale au sein de la communauté.

Perspectives des experts

Georg Schmid, responsable de Relinfo, observe que Shincheonji, bien qu’il ne soit pas aussi dangereux que d’autres sectes cherchant à dominer le monde, impose un poids bien plus lourd à ses membres. Ces derniers sont souvent contraints de mentir à leur entourage et de reverser une partie de leurs revenus à la secte.

Les témoignages d’anciens membres, comme Victoria, mettent en lumière le stress lié à l’obligation de dissimuler leur adhésion, ainsi que la pression intense ressentie pour conformer leurs vies aux attentes de la secte.

La dualité de l’expérience au sein de Shincheonji

Bien que l’organisation se présente comme accueillante et bienveillante, les anciens membres témoignent d’une expérience marquée par le mensonge et la contrainte. Victoria, après trois ans, a décidé de quitter Shincheonji, réalisant que sa vie était devenue insoutenable à cause des mensonges imposés et du stress constant.

D’autres, comme moi, ressentent un besoin croissant de questionner ces enseignements, notamment en ce qui concerne les notions de Satan et de pression sociale. Mes doutes ont été accueillis par Elena et Isabelle avec compréhension, mais j’ai choisi de me retirer, réalisant que les enseignements de Shincheonji ne résonnaient pas avec mes convictions personnelles.

Shincheonji | Secte | Suisse | Enquête | Religion | Psychologie

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