Au procès Jubillar, la représentante légale des enfants a fait entendre la parole de Louis et d’Elyah, révélant le traumatisme subi depuis la disparition de leur mère, Delphine Jubillar-Aussaguel, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020.
Au procès Jubillar, la voix des enfants face au traumatisme
L’audience, mardi 23 septembre, a été marquée par l’émotion quand Cécile A., administratrice mandatée par la justice pour le suivi et la protection des enfants, est montée à la barre de la cour d’assises du Tarn. Elle a d’abord dressé le portrait de Louis, l’aîné de 11 ans, « qui vient de faire son entrée au collège ».
Il est à l’image de sa famille, un petit garçon très taiseux, qui ne parle pas de sa vie d’avant. Il a pu dire que sa maman était gentille, son papa gentil, tout le monde est gentil. Il a un discours très lisse
L’administratrice a précisé que Louis, « depuis pas très longtemps », commence toutefois à évoquer la période précédant la disparition : « Il parle des temps de câlins avec sa maman sur le canapé quand il regardait la télé, le soir des faits ». Elle a aussi raconté que « Louis a une grande photo de sa maman au-dessus de son lit. »
Les attentes des enfants et leurs réactions quotidiennes
Sa sœur Elyah, qui avait 18 mois au moment des faits, est trop jeune pour garder un souvenir conscient de la disparition, mais, selon l’administratrice, « sait très bien qui est Delphine ». Les deux enfants sont placés chez Stéphanie, la sœur aînée de leur mère, et « sont protégés de la presse », a-t-elle souligné.
Sur leurs attentes envers l’accusé, Cécile A. a rapporté des propos directs des enfants :
Il est convaincu que son papa est responsable et demande qu’il dise où est le corps, pour que l’on puisse retrouver sa maman
Elle a ajouté que « Louis, surtout depuis cet été, nous a dit qu’il était très, très en colère vis-à-vis de son père. »
Pour Elyah, l’administratrice a retranscrit des questions et des messages simples mais lourds de sens : « si maman est vivante ou pas » et « sa fille l’aime ». « Ce sont des réponses que les enfants attendent de leur père », a insisté la représentante légale.
L’administratrice a décrit des conséquences concrètes du traumatisme : hypervigilance chez le garçon — « Il regarde tout, le moindre objet l’interpelle, le moindre bruit le fait sursauter » — et troubles du sommeil chez la fillette, désormais en CP, qui « explique qu’elle pense à sa maman » quand elle n’arrive pas à dormir. Parfois, dans son innocence, elle joue avec une baguette magique et « fait la formule ‘abracadabra’ pour faire revenir maman ».
Pendant l’audience, la tension était visible : la salle d’audience s’est tue, et depuis son box Cédric Jubillar n’a pas quitté l’administratrice des yeux, assis, courbé, les jambes agitées. L’équipe de la défense a dénoncé la prise de parole de la représentante des enfants en tant que partie civile.
Très naïvement, je pensais qu’en qualité de représentante de la parole des enfants, vous aviez un devoir de neutralité
Cette remarque a été formulée par Emmanuelle Franck, avocate de Cédric Jubillar. L’intéressée a reconnu avoir eu connaissance du dossier et s’être forgé « une intime conviction », mais a assuré que ni elle ni la famille de la disparue n’ont tenu de propos négatifs sur l’accusé.
La représentante a répété que, malgré le placement dans une famille accueillante, « ils ont ce traumatisme » et qu’« ils vont aussi bien que possible ». Son témoignage a permis de faire entendre, devant la cour d’assises, la réalité quotidienne et les attentes des enfants au cœur du dossier : la disparition de leur mère, la douleur et la recherche de réponses auprès de la justice.