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L’âge de la première sortie autonome recule en France : selon une étude de l’Ademe, l’autonomie enfants se manifeste plus tard qu’auprès de la génération précédente, pour des motifs liés à la sécurité routière et à la crainte de « mauvaises rencontres ». Les données portent sur 5 500 parents interrogés et mettent en lumière des différences selon les territoires et le sexe des enfants.
Autonomie enfants : recul d’une génération, chiffres et territoires
L’étude inédite sur les mobilités des enfants de la maternelle au lycée, réalisée par l’Ademe avec le bureau de recherche 6t et consultée par France Inter jeudi 11 septembre, montre un recul net de l’autonomie des enfants en France métropolitaine. Au total, 5 500 parents ont été interrogés, dont 5 000 en France hexagonale et 500 dans les départements et régions d’outre-mer (DROM).
Les parents interrogés déclarent qu’ils ont commencé, à leur époque, à aller à l’école seuls à partir de 10 ans et demi en moyenne, contre 11 ans et demi pour leurs enfants. Ces derniers commencent à se rendre à l’école seuls à partir de la 6e. La différence d’une génération à l’autre est faible dans les DROM mais très marquée en métropole.
Inquiétudes principales évoquées par les parents
Parmi les motifs invoqués pour expliquer ce recul, la crainte liée au comportement des automobilistes et à l’insécurité routière arrive en tête. Mathieu Chassignet, ingénieur transports et mobilités à l’Ademe, résume ces appréhensions :
« 90% des parents s’inquiètent notamment du comportement des automobilistes, de l’insécurité routière et puis la peur de la mauvaise rencontre qui ressort avec à peu près trois quarts des parents qui se disent inquiets à ce niveau-là »
Ces craintes conduisent de nombreux parents à maintenir l’accompagnement en voiture, un mode de déplacement qui perdure dans le temps selon les auteurs de l’étude.
Conséquences sur la mobilité scolaire et la santé des enfants
L’accompagnement systématique en voiture a des effets sur la mobilité scolaire et sur l’activité physique des enfants. Mathieu Chassignet met en avant le lien entre diminution des trajets autonomes et baisse de l’activité :
« L’accompagnement en voiture perdure dans le temps »
« C’est un problème puisqu’on sait que les enfants aujourd’hui ne bougent pas assez, ce n’est donc pas qu’un problème en termes de pollution de l’air, mais aussi en matière d’inactivité physique et de sédentarité »
Pour favoriser le retour de trajets seuls à pied ou à vélo, l’étude souligne la nécessité d’améliorer la sécurité aux abords des écoles. Selon Mathieu Chassignet, les actions à envisager incluent l’élargissement et la sécurisation des trottoirs ainsi que la création de pistes cyclables séparées du trafic motorisé :
« Il faut notamment travailler sur des trottoirs plus larges, plus sécurisés, travailler sur des pistes cyclables séparées du trafic motorisé »
« C’est uniquement comme ça que les parents laisseront leurs enfants se déplacer seuls à pied ou à vélo »
Inégalités entre filles et garçons
L’étude met également en évidence une inégalité de traitement selon le sexe des enfants : en moyenne, les parents estiment que les déplacements sont plus risqués pour les filles et leur accordent donc moins d’autonomie que pour les garçons. Ce constat s’ajoute aux raisons de sécurité routière et de peur de la mauvaise rencontre pour expliquer le retard du passage à l’autonomie.
Les résultats dressent un portrait factuel des motifs qui freinent la mobilité scolaire autonome aujourd’hui : craintes comportementales sur la route, inquiétudes sanitaires liées à la mobilité motorisée et différences de liberté accordée selon le sexe de l’enfant.