Home ActualitésociétéVie dans le Donbass : 4 ans dans une cave, une réalité déchirante

Vie dans le Donbass : 4 ans dans une cave, une réalité déchirante

by Sara
France

Dans le Donbass, la guerre a contraint certains habitants à une vie dans une cave depuis quatre ans, sans eau ni électricité, selon le reportage des équipes de France Télévisions qui ont pu entrer dans une ville contrôlée par la Russie de l’autre côté de la ligne de front.

Donbass : la vie dans une cave quatre ans après la prise par la Russie

Les équipes de France Télévisions se sont rendues à Krasnohorivka, une localité conquise par les forces russes l’été dernier, où les combats ont été parmi les plus intenses de la guerre. « Nous sommes les premiers journalistes occidentaux à pouvoir entrer dans Krasnohorivka depuis qu’elle a été prise par la Russie l’été dernier », précisent les journalistes. La ville de 15 000 habitants est aujourd’hui quasi désertée, marquée par des destructions massives et des immeubles incendiés.

Sur place, des témoins racontent des semaines et des mois de frappes. « C’est tombé là et pas qu’une fois, des frappes, il y en avait », dit une habitante, Valentina, en montrant sa maison détruite : « Regardez les plafonds, le mur entier a brûlé, il est noir. J’ai essayé de laver, mais rien n’y fait, il faut tout enlever et acheter des nouveaux matériaux. Et ce qui est nouveau, ça coûte de l’argent ». Le front s’est éloigné d’environ trente kilomètres, mais la vie quotidienne reste brisée pour beaucoup.

Devant la caméra, une femme de 62 ans raconte sa situation : « C’est la quatrième année que l’on vit dans une cave ». Elle montre la cave qui lui sert de logement, située à quelques centaines de mètres de chez elle. Les habitants du Donbass, région en proie au conflit depuis 2014, souffrent d’isolement et d’un accès limité aux services essentiels.

Vies familiales fracturées et inquiétude

Interrogée sur la possibilité que l’Ukraine reprenne la ville, la femme répond qu’elle « espère que non ». Elle s’interroge : « Combien de temps ça va encore durer ? Combien ? Ça fait déjà 10 ans, c’est la onzième année. Nous vivons au milieu de tout ça. Et ça devrait continuer ? 10 ans de notre vie gâchés ».

Lyudmila, une autre habitante dont le logement a lui aussi brûlé, vit chez un voisin. Elle confie en larmes : « J’en peux plus. On est sans domicile, vous comprenez ? À notre âge, on se retrouve à la rue et je ne vois ni mon petit-fils, ni mon fils ». Elle ajoute : « Ils sont de l’autre côté. Et il n’y a pas de téléphone. Je ne peux pas leur parler ». Elle n’a plus de nouvelles d’eux depuis « presque un an ».

Russification et dépendance à l’aide

À Krasnohorivka, une centaine de personnes vivent sans eau courante et parfois sans électricité, dépendant de l’aide humanitaire russe ou parfois de la Croix-Rouge. « On voudrait avoir un peu de confort, dans la mesure du possible. Ne serait-ce qu’une brosse à dents et du dentifrice, et après nous avons les produits alimentaires », demande une femme.

La présence russe se manifeste aussi par une politique d’intégration administrative : plusieurs habitants ont reçu des passeports russes. « Ici, c’est la Russie maintenant. Il faut le passeport russe », montre une femme ; ce document est désormais nécessaire, selon elle, pour toucher une pension de retraite. L’armée russe quadrille la zone, et certains panneaux ou abribus ont été repeints aux couleurs de la Russie.

Plus au sud, à Volnovakha, la ville avait été découverte dévastée en 2022 après la prise de contrôle par les troupes russes. Aujourd’hui, des habitants tentent de reconstruire. Viktor Leninski refait son toit avec sa famille et résume la situation économique : « Prendre des professionnels, on n’a pas assez d’argent pour ça ». Sa femme se dit pro-russe : « On est comme des traîtres pour eux. Moi, je suis juste restée ici, chez moi. Ce n’est pas de ma faute si le pouvoir a changé ».

Victimes civiles, y compris des enfants

La guerre fait aussi des victimes civiles. Dans un hôpital de Donetsk, les médecins disent que la majorité des blessés sont des soldats — ils sont interdits de tournage — mais parmi les civils figurent des enfants atteints par des attaques de drones. Yarick, 12 ans, attend une opération de la jambe après avoir été blessé début août alors qu’il jouait : « Je n’ai pas entendu le drone arriver. J’ai été assommé, je suis tombé par terre. Mes trois copains ont pu courir jusqu’à la porte, et moi, j’ai compris que je ne pouvais pas courir. J’étais couché, j’ai crié que quelqu’un appelle une ambulance. Et ma mère est arrivée en courant ».

Le jeune Vania, 9 ans, confie sa peur : « Et moi, je croyais qu’on allait m’amputer, me couper les jambes ». Les parents, démunis, tentent de protéger leurs enfants et espèrent « que tout ça s’arrête et que l’on reviendra à une vie paisible, sans peur » ; pour l’une d’elles, « le plus important, c’est la paix, que je puisse aller au travail calmement en sachant que les enfants sont en sécurité ».

Dans cette partie du Donbass désormais contrôlée par les Russes, plusieurs habitants expriment qu’ils ne croient pas que Vladimir Poutine rendra les territoires pris par la force.

Donbass | Guerre | Habitants | Vie Dans Une Cave | Russie | Ukraine | Humanitaire | France
source:https://www.franceinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/c-est-la-quatrieme-annee-que-l-on-vit-dans-une-cave-la-difficile-vie-des-habitants-dans-le-donbass-controle-par-les-russes_7471267.html#xtor=RSS-3-%5Bgeneral%5D

You may also like

Leave a Comment