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Une nouvelle mutinerie en prison en Équateur a fait au moins 10 morts, a indiqué la police jeudi, soulignant la gravité de la crise carcérale et l’influence des gangs de drogue ; cette mutinerie prison Équateur survient quelques jours après un autre épisode meurtrier dans un établissement pénitentiaire.
Mutinerie prison Équateur à Esmeraldas : 10 morts, au moins deux décapitations
Des affrontements entre bandes rivales de trafiquants ont fait au moins 10 morts dans une prison de la ville côtière d’Esmeraldas, près de la frontière colombienne, a déclaré la police du pays en proie à la violence jeudi. Les corps de dix détenus ont été trouvés dans deux pavillons de l’établissement.
Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l’Agence France‑Presse montraient des hommes morts étendus au sol, torse nu et maculés de sang ; au moins deux d’entre eux étaient décapités. Des membres de familles inquiets se sont rassemblés devant la prison pour obtenir des nouvelles de leurs proches.
Ce nouveau massacre s’ajoute au bilan déjà lourd depuis 2021, et porte à environ 500 le nombre de détenus massacrées dans le pays depuis cette année‑là, selon les autorités.
Conflits entre gangs et épisodes récents de violence
Les autorités ont indiqué que les détenus tués appartenaient aux gangs rivaux Los Choneros et Los Lobos, deux des principaux groupes de trafic de drogue d’Équateur. Plus tôt cette semaine, lundi, 13 détenus et un gardien avaient été signalés morts lors d’affrontements dans le sud‑ouest du pays, illustrant la flambée de violence qui frappe les établissements pénitentiaires.
Le gouvernement américain a désigné, plus tôt ce mois‑ci, ces deux groupes comme organisations terroristes étrangères. Les rivalités entre bandes, liées à des cartels mexicains et colombiens, se jouent désormais largement à l’intérieur des prisons, où les exécutions sont souvent d’une extrême cruauté : corps démembrés, brûlés ou exhibés lors de diffusions en direct sur les réseaux sociaux.
En juillet, des membres de gangs avaient notamment pris en otage des surveillants après l’évasion d’un baron de la drogue surnommé « Fito », pendant que des alliés à l’extérieur faisaient exploser des engins et prenaient en otage une présentatrice de télévision en direct. Fito, chef des Los Choneros, avait été recapturé en juin et extradé vers les États‑Unis en juillet, où il a plaidé non coupable à des accusations liées au trafic international de cocaïne et au trafic d’armes. Il purgeait depuis 2011 une peine de 34 ans et continuait, selon les autorités, à diriger des affaires depuis l’intérieur de la prison avant son évasion.
Prisons sous contrôle militaire depuis janvier 2024 et conséquences
Les pénitenciers équatoriens figurent parmi les plus dangereux au monde. Ils sont placés sous contrôle militaire depuis janvier 2024, lorsque le président Daniel Noboa a déclaré un état de « internal armed conflict » après une vague de violences orchestrées par les gangs.
Les attaques ont également visé des responsables pénitentiaires : en septembre dernier, la directrice de la plus grande prison du pays, Maria Daniela Icaza, a été tuée lors d’une attaque armée alors qu’elle circulait en voiture ; son décès est survenu quelques jours après l’assassinat d’Alex Guevara, directeur d’un autre établissement, également abattu en déplacement.
La crise carcérale a pris une dimension régionale en raison de la position géographique de l’Équateur. Le pays, niché entre les deux principaux exportateurs mondiaux de cocaïne — la Colombie et le Pérou —, est devenu un point de transit majeur : plus de 70 % de la cocaïne produite dans le monde transiterait désormais par ses ports, selon des données gouvernementales.
Modes opératoires et impact sur la société
Depuis février 2021, les guerres de gangs se jouent de plus en plus à l’intérieur des prisons, transformées en centres opérationnels pour les organisations criminelles. Les détenus ont à plusieurs reprises diffusé des vidéos en direct montrant leurs campagnes de violence, exposant têtes coupées et corps carbonisés pour intimider rivaux et autorités.
Les violences ont un poids humain considérable : familles en quête d’informations, personnels pénitentiaires ciblés, et perturbations quotidiennes dans des établissements surpeuplés. Les autorités font face à la double tâche de sécuriser les prisons et de démanteler des réseaux transnationaux organisant le trafic depuis et à l’extérieur des établissements.
Étapes récentes et situation immédiate
Les autorités locales ont confirmé les bilans mais n’ont pas diffusé de plan détaillé public pour les jours à venir. Le nouveau drame carcéral intervient alors que le pays tente de stabiliser des foyers de violence récurrents et d’empêcher la propagation d’une guerre d’influence entre bandes au sein des prisons.
La succession d’attaques et de mutineries souligne la persistance du problème : des épisodes rapprochés continuent d’alimenter l’instabilité dans les centres pénitentiaires, tandis que la société équatorienne subit les conséquences directes de l’emprise des gangs sur des infrastructures publiques clés.