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Solidarité française pour le Liban et la Palestine : un appel à l’action
De la place de la République à Paris, lors d’un rassemblement solidaire avec le Liban et la Palestine, et en soutien à la résistance dans ces deux pays contre l’occupation israélienne, « Sara » crie avec un accent libanais, parmi la foule, et critique les « discours retentissants » d’un membre d’un parti de gauche français.
Ses mots arabes en colère attirent l’attention des Arabes et des non-Arabes présents.
Dans la place de la lutte
Sara exprime sa colère encore plus fortement alors que des manifestants se rassemblent autour d’elle, expliquant en français puis en anglais : « Nous ne voulons pas de discours sur le travail de la Cour internationale de justice et la paix, ni même ces rassemblements symboliques, nous voulons des actions concrètes ». Elle ajoute : « Notre sang est devenu de l’eau, j’ai perdu deux amis et des membres de ma famille, et des centaines sont martyrisés pour défendre notre terre, et ils excellent uniquement dans les discussions sur les lois ».
J’ai recueilli ce qu’elle a partagé pendant quelques minutes, avant qu’elle ne disparaisse dans la foule, n’ayant retenu d’elle que son nom, que j’ai surpris en l’écoutant.
Sara, jeune Libanaise vivant dans un pays européen « ami » du Liban, constate que même les politiciens de gauche peinent à satisfaire les revendications humanitaires. Elle évoque leur langage « embrouillé et sucré » pour justifier leurs positions.
Le cas de Sara reflète les sentiments de nombreux Libanais et Libanaises dans la diaspora, surtout en France, un pays connu pour ses manifestations, grèves et rassemblements comme moyens primaires de pression sur l’État pour réaliser les revendications populaires.
Un historique de lutte en soutien aux peuples libanais et palestinien
Le mouvement de protestation en France contre l’occupation israélienne a pris de l’ampleur au début des années 1980, notamment avec l’invasion israélienne du Liban en 1982. La forte présence des étudiants libanais dans diverses villes françaises a été un facteur clé pour promouvoir des activités culturelles, des séminaires, des ateliers de sensibilisation, puis des manifestations et des rassemblements pour dénoncer les crimes de l’ennemi israélien au Liban et en Palestine.
Selon Hassan Khaïl, ancien professeur à Grenoble et militant depuis son arrivée en 1978, le syndicat étudiant libanais et les associations franco-libanaises ont joué un rôle majeur dans la sensibilisation du public français à la cause palestinienne. Khaïl souligne que « les partis de gauche français ont soutenu leur lutte ».
Il ajoute que « sous la présidence de Chirac, la sympathie pour le Liban et son peuple était plus forte en raison des bonnes relations entre le président français et le Liban ». Toutefois, entre 2006 et 2010, le mouvement de solidarité a commencé à s’affaiblir, et le soutien est devenu limité, en même temps que la liberté d’expression était restreinte, particulièrement après que le lien entre la cause palestinienne et certaines attaques terroristes se soit intensifié, ce qui a eu un impact négatif sur la sympathie de nombreux Français envers les causes arabes en général, et palestinienne en particulier.
Khaïl mentionne également la division politique et idéologique au sein de la communauté libanaise en France comme un « fait regrettable ». Les Libanais qui militaient auparavant sont désormais âgés et incapables de poursuivre leur lutte. Cependant, bien qu’il déplore le manque de mobilisation des jeunes Libanais actuels en France, pour la plupart étudiants universitaires, Khaïl comprend leur inquiétude pour leur avenir.
Engagement de la gauche française et efficacité du mouvement
Il ne fait aucun doute que l’implication des partis de gauche français aux côtés des associations, organisations, syndicats et militants, est d’une importance et d’un impact significatifs. Néanmoins, les organisations soutenant la cause palestinienne et la lutte des peuples palestinien et libanais estiment que le rôle de ces partis reste insuffisant.
Caroline Rivera Darsila, militante française au sein de l’organisation « Urgence pour la Palestine », affirme que la confiance du public dans l’engagement de la gauche française pour mettre fin au génocide en Palestine commence à s’effacer. Elle explique : « Malheureusement, le modèle de la gauche française aujourd’hui est celui de la gauche blanche, qui vit dans un choc dû à l’héritage colonial, et qui est incapable d’arrêter un génocide ». Elle insiste sur le fait que « si ces partis ne parviennent pas à agir face à un génocide, on ne peut pas compter sur leur action politique dans le pays ».
Caroline estime qu’il est essentiel que le mouvement, centré sur les manifestations et rassemblements solidaires, soit accompagné d’efforts pour briser l’économie soutenant le génocide, notamment en intensifiant les efforts de boycott des institutions et des travaux intellectuels et scientifiques qui soutiennent l’occupation israélienne, ainsi que de réclamer l’arrêt de l’armement de l’armée israélienne. Elle souligne donc l’importance de l’engagement collectif et individuel à long terme pour obtenir des résultats plus significatifs. Pour illustrer le succès du boycott en France, elle rappelle les victoires des campagnes de boycott « BDS », qui ont exercé une pression sur certaines entreprises pour mettre fin à leurs relations commerciales avec Israël.
Le message porté par les militants est que leur lutte ne s’arrêtera pas tant que les peuples palestinien et libanais n’auront pas obtenu leurs droits. Caroline affirme que même lorsque les militants se sentent impuissants, il est de « notre devoir » de continuer pour les deux peuples. Elle déclare : « Notre rôle en tant que militants en France est minime face au courage des résistants en Palestine et au Liban, mais nous ne devons pas abandonner et continuer à lutter contre le système sioniste et ses complices parmi les États occidentaux, depuis le cœur de la France », car l’objectif des grandes puissances politiques est de « neutraliser l’attention des gens et de les amener à cesser de s’intéresser à ce qui se passe, afin de pouvoir ensuite justifier les crimes commis contre les Palestiniens et les Libanais ».
Bien que mesurer l’impact des manifestations ou d’autres formes de mobilisation en France sur l’opinion publique française soit un défi, l’action « vise à avoir un impact à long terme », selon Caroline. Elle ajoute : « L’impact des actions actuelles est très symbolique, et nous avons pu le constater dans plusieurs cas, notamment lors des élections qui se sont tenues cette année ». Elle souligne l’importance de toujours trouver des motivations et des incitations pour continuer à lutter contre le colonialisme.
Le mouvement populaire : un prolongement de la conscience collective
Les militants du mouvement solidaire poursuivent leur travail, malgré la pression politique et les restrictions juridiques, conscients que le changement véritable n’est pas facile et nécessite patience et effort continu. Bien que les mouvements soient parfois limités, que leur impact soit faible et que les événements soient monotones, leur engagement constant contribue à créer un large écho à long terme. Cette solidarité incarne un espoir persistant pour la libération de la Palestine et un défi au système politique qui cherche à effacer la vérité et à justifier les crimes israéliens commis contre les peuples libanais et palestinien.
Dans ce contexte, le travail de terrain et les rassemblements populaires en France demeurent des outils essentiels pour sensibiliser et promouvoir la solidarité internationale. Ces mouvements ne se limitent pas seulement aux rues, mais s’étendent à chaque partie de la conscience sociale, culturelle et économique, cherchant à unifier les efforts internes contre le colonialisme, des places de manifestations aux campus universitaires, aux foyers et aux rues, et dans les esprits.
Le message principal que portent les militants est que leur lutte ne cessera pas tant que les peuples palestinien et libanais n’auront pas obtenu pleinement leurs droits, et que continuer dans cette voie est leur manière de résister, pour libérer la terre, toute la terre, et chasser le colonialisme, « pierre par pierre et mur par mur », comme ils le répètent lors de leurs rassemblements et manifestations.