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Soudan : Huit jours de trêve humanitaire à El Fasher sous conditions

by Sara
Soudan : Huit jours de trêve humanitaire à El Fasher sous conditions
Soudan

Le chef du Conseil souverain de transition au Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhan, a approuvé vendredi dernier une trêve humanitaire d’une semaine dans la ville d’El Fasher, capitale de l’État du Darfour du Nord, selon un communiqué officiel.

Lors d’un appel téléphonique avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, ce dernier a exprimé son soutien à la nomination du Dr Kamel Idris comme Premier ministre pour la période de transition. Il a aussi invité al-Burhan à annoncer une trêve temporaire d’une semaine à El Fasher. Cette mesure vise à appuyer les efforts onusiens pour faciliter l’accès à l’aide humanitaire aux milliers de civils bloqués depuis plus d’un an par les milices du soutien rapide.

La réponse d’al-Burhan fut rapide mais conditionnelle. Il a souligné la nécessité d’appliquer les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, notamment la résolution 2736, qui exige explicitement que les milices du soutien rapide lèvent le siège d’El Fasher, cessent leurs bombardements des camps de déplacés, et arrêtent de viser les civils ainsi que les infrastructures vitales.

Il a également appelé à un arrêt immédiat des combats, à une désescalade dans et autour d’El Fasher ainsi qu’au retrait complet des forces armées.

Malgré cet appel officiel, les milices du soutien rapide n’ont pas respecté la résolution et ont poursuivi leur siège serré ainsi que les attaques contre la ville et ses infrastructures.

Leur objectif reste le contrôle d’El Fasher, seule ville du Darfour encore sous la mainmise de l’armée soudanaise et de ses alliés, que les milices n’ont pas réussi à capturer jusqu’à présent.

L’approbation par le gouvernement soudanais de cette trêve humanitaire marque une avancée positive et renforce significativement sa position.

La situation humanitaire catastrophique qui sévit depuis plus d’un an a placé le gouvernement devant ses responsabilités éthiques et juridiques en tant qu’autorité légitime du pays. Il lui incombe donc d’accepter toute initiative permettant d’assurer l’acheminement de l’aide humanitaire et d’empêcher l’aggravation d’une crise qui pourrait conduire à un effondrement total.

Ce positionnement officiel est compréhensible, mais le succès de la trêve dépendra étroitement de la coopération des deux parties avec l’ONU. À ce jour, la réaction des milices du soutien rapide à cette proposition reste floue, aucun rejet ni approbation formelle n’ayant été communiqué.

Cette ambivalence suscite de nombreuses interrogations et craintes quant à un possible refus de la trêve, ce qui pourrait sérieusement compromettre les efforts en cours.

Plusieurs éléments militent en faveur d’un rejet ou, au mieux, d’une acceptation conditionnelle de la part des milices :

  1. Ces milices ont délibérément assiégé El Fasher pour créer une crise humanitaire dramatique susceptible de justifier une intervention internationale sous l’égide du Chapitre VII de la Charte des Nations unies. Cela correspond à leur agenda politique visant à internationaliser la question du Darfour, établir un gouvernement parallèle dans la région et, ultimement, provoquer la sécession. Ce scénario leur permettrait de contrôler le Darfour avec le soutien du groupe politique « Samoud » dirigé par l’ex-Premier ministre Abdallah Hamdok.
  2. Le siège vise à affaiblir l’opposition et les forces loyales à l’armée soudanaise, qui considèrent El Fasher comme un bastion historique contre les milices du soutien rapide.
  3. La prise d’El Fasher ouvrirait la voie aux milices pour étendre leur contrôle sur tout le Darfour, compensant ainsi leurs pertes dans d’autres États comme Khartoum, Gezira, Nil Blanc et Sennar.
  4. Enfin, ces milices craignent que la trêve ne permette à l’armée soudanaise de se réorganiser et de lancer une contre-offensive pour briser le siège et reprendre l’offensive dans la région.

En conséquence, il est probable que les milices du soutien rapide cherchent à empêcher que le gouvernement soudanais profite de la trêve pour renforcer ses capacités militaires. Elles veulent ainsi poursuivre leur campagne visant à expulser ces forces d’El Fasher et de ses environs avant de s’attaquer aux autres villes du Darfour qu’elles contrôlent.

La demande de trêve formulée par l’ONU et acceptée par le gouvernement met donc les milices dans une position délicate, les confrontant à un choix difficile :

  • Accepter la trêve renforcerait la position de l’armée soudanaise à l’échelle locale, perçue comme une menace majeure par les milices.
  • La refuser compromettrait leur image internationale et les désignerait comme responsables de l’obstruction à l’aide humanitaire, affaiblissant leur soutien extérieur alors qu’elles ont un besoin crucial de légitimité et d’appuis internationaux.
source:https://www.aljazeera.net/opinions/2025/7/1/%d8%ad%d9%83%d9%88%d9%85%d8%a9-%d8%a7%d9%84%d8%b3%d9%88%d8%af%d8%a7%d9%86-%d8%aa%d8%ad%d8%b4%d8%b1-%d8%a7%d9%84%d8%af%d8%b9%d9%85-%d8%a7%d9%84%d8%b3%d8%b1%d9%8a%d8%b9-%d9%81%d9%8a

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