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Crise dans la pêche normande : les pêcheurs de Granville face aux nouvelles règles de Jersey

by Sara
France, Jersey

Le 5 septembre 2025, une trentaine de pêcheurs se sont rassemblés devant la criée de Granville pour protester contre la nouvelle réglementation annoncée par le baillage de Jersey, qui prévoit d’interdire les arts trainants — chaluts et dragues — dans plusieurs zones à l’est de l’île : une décision qui menace directement la pêche artisanale des bateaux normands.

À Granville, la pêche artisanale menacée par la réglementation de Jersey dès septembre 2026

Une banderole accrochée sur la criée résumait le sentiment général : « Jersey ferme, l’État abandonne ». Jersey prévoit d’interdire les arts trainants, c’est‑à‑dire chaluts et dragues, à partir de septembre 2026, dans plusieurs zones à l’est de l’île, là où vont traditionnellement pêcher les bateaux granvillais.

C’est la moitié de la flottille de Granville qui est directement concernée, soit près de 25 bateaux auxquels s’ajoutent trois bateaux de Carteret. Les pêcheurs ont découvert la nouvelle cartographie publiée par Jersey « désabusés », selon le récit des présents.

« Que l’État arrête de nous mener en bateau, comme depuis quatre ans et qu’il nous défende », soupire Baptiste Guénon, le patron du Cap Lihou. « On va tout perdre. Si l’État ne fait rien, on est tous morts », décrivent à leur tour Romain De Smet et Pierre‑Yves Berteau.

Depuis le Brexit il y a cinq ans, les bateaux granvillais n’ont accès que de manière limitée aux eaux jersiaises, sur un certain nombre de jours. Avec la nouvelle cartographie, cet accès pourrait être réduit à un niveau encore plus contraint, voire supprimé pour certaines zones de pêche fréquentées par les navires normands.

Mobilisation, grève de la faim et demandes à l’État

La mobilisation de ce 5 septembre a rassemblé une trentaine de patrons‑pêcheurs et de matelots devant la criée de Granville. Une délégation a été reçue par le sous‑préfet d’Avranches, le député Bertrand Sorre, ainsi que des représentants des services de l’État et du Département.

Parmi les gestes forts : Emmanuelle Marie, patronne du bateau Petite Laura, a annoncé avoir entamé une grève de la faim. « On est à bout de forces, complètement découragés, on n’a aucune vision de l’avenir, on ne sait pas ce qu’on va devenir demain », témoigne‑t‑elle.

Julien Mouton, pêcheur à Gouville‑sur‑Mer et élu au comité régional des pêches, explique : « Le but recherché aujourd’hui, c’est de rencontrer prochainement Emmanuel Macron, pour savoir ce qu’il pense de la pêche artisanale, s’il compte la soutenir. Parce que malheureusement, des ministres de la mer, on en a déjà rencontré à Granville avec toujours des belles annonces mais on voit qu’on continue à perdre des droits. Nous tout ce qu’on veut c’est travailler ! »

Les pêcheurs demandent que l’État les représente et défende leurs droits dans les négociations avec Jersey et les autorités anglo‑normandes, souhaitant retrouver la possibilité de s’asseoir à la table des discussions comme avant le Brexit.

Réactions des élus et enjeux économiques pour le bassin granvillais

« On ne peut pas rester immobile face à cette perspective dramatique pour la pêche », a déclaré le député Bertrand Sorre à l’issue de la réunion. Le maire de Granville, Gilles Ménard, a ajouté : « Si cette décision était appliquée, elle serait destructrice pour l’économie de la pêche qui est une pêche artisanale ».

Selon la municipalité, la filière pêche représente 800 emplois directs et induits sur le bassin granvillais. Jean Morin, président du Département, a exprimé son soutien aux pêcheurs et a demandé une révision de la carte présentée par Jersey. Il a également réclamé à l’État l’ouverture du SIVEP, le service d’inspection vétérinaire aux frontières, sur le port de Granville, comme geste de bonne volonté et de dialogue vis‑à‑vis des États anglo‑normands.

Les élus locaux appellent désormais à des interventions au niveau national, en demandant que l’État joue un rôle actif pour préserver les droits actuels des pêcheurs normands et éviter une contraction des zones de pêche accessibles aux navires artisanaux.

État des lieux et prochaines démarches évoquées

Les pêcheurs attendent des réponses de l’État et souhaitent obtenir des garanties avant l’entrée en vigueur annoncée des mesures en septembre 2026. La délégation réunie à Granville cherche à obtenir une audience présidentielle et réclame des démarches concrètes pour maintenir les droits d’accès aux eaux concernées.

Sur le terrain, l’inquiétude demeure vive : les patrons et équipages redoutent une réduction substantielle des zones de pêche et des conséquences économiques directes pour les navires et les emplois locaux. Pour l’heure, les mesures de Jersey figurent sur une cartographie publique ; la suite dépendra des négociations entre les autorités jersiaises, l’État français et les représentants de la pêche artisanale.

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source:https://www.francebleu.fr/infos/agriculture-peche/si-l-etat-ne-fait-rien-on-est-tous-morts-a-granville-le-desarroi-des-pecheurs-face-aux-nouvelles-regles-de-jersey-1238809#xtor=RSS-10

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